ABCD Nutrition mise sur le contrat pro pour ses recrutements
Le leader de la fabrication de produits sans gluten, installé à Noyon depuis trois ans – auparavant basé à Roye (80) – change sa façon de recruter. Avec Pôle emploi, l'entreprise a signé le contrat « Action de formation préalable au recrutement » avec dix demandeurs d'emploi qui débouchera sur un contrat de professionnalisation et, à terme, à un recrutement. Former ses propres collaborateurs et montrer les facettes d'un métier, tels sont les objectifs pour mieux recruter.
Entre des entreprises en mal de recrutement et des demandeurs d'emploi en mal de projet professionnel, l'heure est au renouveau dans la façon de recruter et la politique RH. Le contrat « Action de formation préalable au recrutement » fait partie du Plan de tension de recrutement de Pôle emploi. Avec ce contrat, les demandeurs d'emploi sont formés par l'entreprise et recrutés sur les seules bases de la motivation et le savoir-faire. Les compétences, quant à elles, seront acquises durant la formation. « L'objectif de ce plan est de monter en compétences les demandeurs d'emploi pour combler le manque de recrutement de certaines entreprises », explique Marie-Christine Hazard, directrice du Pôle emploi de Noyon qui a suivi cette opération. Et c'est cette formule qu'a choisi, pour la première fois, l'entreprise ABCD Nutrition qui fait partie d'un secteur, l'agro-alimentaire, en mal de recrutement. « Nous avons du mal à recruter par méconnaissance du secteur et une mauvaise image de certains métiers, confie Bruno Pierre, dirigeant de l'entreprise industrielle noyonnaise. Pourtant, dans le secteur de l'agro-alimentaire, les métiers sont très passionnants et on contribue à la fabrication de produits, donc il y a une certaine fierté aussi dans ces métiers. Même si la pénibilité existe mais aujourd'hui nous sommes robotisés, ce ne sont plus les mêmes pratiques des métiers. »
Et c'est bien ces préjugés que Pôle emploi veut vaincre en proposant une immersion aux demandeurs d'emploi. La dizaine d'entre eux présents le 10 novembre ont donc signé le contrat « Action de formation préalable au recrutement » et ont débuté au sein d'ABCD Nutrition le 15 novembre pour une durée de formation de 70 heures pendant 15 jours. Pour ceux qui seront retenus et souhaiteraient rester au sein de l'entreprise, ils signeront ensuite un contrat de professionnalisation, d'une durée de presque douze mois. À la clé ? Être recruter au sein de l'entreprise.
Former ses collaborateurs
Si certains possèdent déjà une expérience dans le domaine, d'autres demandeurs d'emploi présents sont novices. Mais pour ABCD Nutrition, la compétence n'est finalement pas retenue puisque acquise durant le contrat de professionnalisation. L'entreprise recherche surtout des conducteurs de ligne et des opérateurs de production (boulangers, pâtissiers). « Cette nouvelle façon de recruter n'est pas nécessaire mais nous nous donnons une chance de trouver des collaborateurs qui, après l'immersion et la formation, seront tout à fait opérationnels et surtout en accord avec l'identité de l'entreprise. Nous devons nous adapter aux nouveaux contextes sociétaux, à la nouvelle génération si nous voulons recruter », précise Audrey Duquesne, RH chez ABCD Nutrition. Le programme du contrat « Action de formation préalable au recrutement » ainsi que celui du contrat de professionnalisation sont créés de façon sur-mesure par l'entreprise. ABCD Nutrition a également choisi de nommer un tuteur par stagiaire pour que chacun s'imprègne des métiers.
Ces contrats sont ouverts à tous les demandeurs d'emploi, sans limite d'âge. Et cette façon de recruter est une des solutions à ces tensions de recrutement. « Dans les Hauts-de-France, il y a 680 établissements agro-alimentaires, et nous savons qu'en 2021, il y aura 6 463 projets d'embauche, résume Marie-Christine Hazard. Nous savons aussi qu'il y aura 43% d'entre elles qui auront des difficultés à recruter. C'est pourquoi il faut agir. »
Le dispositif « Action
de formation préalable au recrutement » est
également ouvert à toutes les entreprises proposant un contrat
d'embauche d'au moins six mois et il est ouvert à partir d'un
demandeur d'emploi. La formation est réalisée par l'entreprise en
interne et Pôle emploi verse à l'entreprise cinq euros par heure de
formation et par stagiaire, chaque demandeur d'emploi restant inscrit
à Pôle emploi le temps de la formation. « C'est un
investissement de temps mais au final pour garder des profils au sein
de l'entreprise, confie Bruno Pierre. Nous devons nous adapter
aux nouvelles problématiques et montrer aux gens que travailler dans
une PME est une belle aventure et c'est une chance d'évoluer. »