AGCO se lance dans une nouvelle ère industrielle

C'est une nouvelle ère qui commence pour AGCO à Beauvais dessinant un nouvel avenir industriel. Avec son site Beauvais 4 - opérationnel depuis juillet 2020 mais pas encore totalement exploité – AGCO n'est plus seulement un assembleur mais il devient fabricant de ses propres pièces. Il faut dire que l'entreprise évolue dans un monde changeant, bloqué par une pandémie mondiale qui a montré les limites de la mondialisation.

AGCO Beauvais en a également subi les conséquences : en 2021, l'usine a fermé 21 jours à cause de la pénurie de composants, et il y a quelques jours, le même scénario a recommencé. « Nous assemblons actuellement 74 tracteurs par jour alors que nous devrions être à 100 et nous avons pourtant une capacité plus grande encore, constate Thierry Lhotte, président d'AGCO Beauvais. Avec la pénurie de composants actuellement, je ne peux pas me prononcer pour 2022 mais pour récupérer la perte, il faudrait assembler 100 tracteurs par mois jusqu'à la fin de l'année. » Mais les ambitions, quant à elles, ne chutent pas : si en 2021 13 300 tracteurs ont été produits, l'objectif pour 2022 est de 14 354.

Alors, pour atteindre cet objectif, c'est dans la valeur ajoutée que l'entreprise a décidé de se démarquer : sur 22 000 m² (le site entier représente 54 hectares) Beauvais 4 rassemble l'impression 3D, l'impression 2D, la fabrication de tubes hydrauliques et celle des réservoirs. Cette nouvelle dimension fait de Beauvais le plus grand site de fabrication du groupe... un groupe mondial, né en 1990 aux États-Unis, pesant 2,4 milliards de chiffre d'affaires l'année dernière.

Réinternalisation des composants

Cette nouvelle stratégie est remarquable dans sa technicité. Le site Beauvais 4 – Beauvais 1 a été lancé en 2010 - est robotisé, co-inventé par AGCO et Numalliance, le concepteur du projet. « Du groupe, le site est le plus robotisé d'Europe », précise Thierry Lhotte. Car l'ambition d'AGCO repose sur un concept : l'intégration verticale.

Et les chiffres sont aussi impressionnants que le projet. Au total, AGCO Beauvais est capable de fabriquer 1 000 références de tubes hydrauliques à raison d'une production de 507 000 par an, soit entre 700 et 1 000 km de tubes. Si 600 000 tubes hydrauliques ont été fabriqués en 2021, la capacité est de un million. Du côté de la fabrication des réservoirs, 100 000 unités seront fabriquées par an. « L'objectif est de devenir le centre européen de rotomoulage », explique Hassan Bouchihan, directeur de l'intégration verticale.

Autre grande avancée, l'impression 2D et 3D. La première sert à imprimer les autocollants et les stickers des tracteurs, sachant que sur un tracteur, 50 à 70 stickers sont collés. Là encore la production est proliférante : 750 000 stickers seront imprimés par an, pour une capacité totale de production de 2,5 millions. L'impression 3D, quant à elle, demeure une avancée majeure. « C'est un pari, ajoute Hassan Bouchihan. C'est un marché qui s'y prête car ce ne sont pas de gros volumes, donc c'est rentable. » Jusque là, les composants non visibles étaient fabriqués sur place mais AGCO fabrique désormais des pièces visibles des tracteurs.

Toutes ces avancées marquent ce nouvel avenir industriel annoncé par AGCO Beauvais. L'entreprise est par ailleurs soutenue par l’État. Le préfet de la Région des Hauts-de-France, Georges-François Leclerc, a accordé une enveloppe de trois millions d'euros (sur un total de dix millions d'euros) pour la réalisation d'une future passerelle (les travaux débuteront en septembre 2022) qui permettra de relier les deux implantations. L'Agglomération du Beauvais participe également au financement de cette dernière... témoignant de cet avenir industriel pour AGCO.