Alliance Seine-Escaut : l'association œuvre pour le Canal Seine-Nord Europe
Collectivités territoriales, personnalités, chambres consulaires, entreprises... les membres de l'Alliance Seine-Escaut ont fait le point sur l'avancée du chantier du Canal Seine-Nord Europe, lors de l'Assemblée générale annuelle, le 25 mai, à la nouvelle maison des projets à Compiègne. Si le chantier a commencé dans l'Oise à Montmacq, cette association œuvre pour le bon déroulement de l'exécution du projet... et les futures retombées économiques vont dynamiser le territoire.
Projet
emblématique de la modernité du transport fluvial, de son renouveau
en Europe (particulièrement en France) et des orientations durables
de la politique européenne des transports, la liaison Seine-Escaut
est aujourd’hui un projet à maturité porté par les territoires
desservis, dont le cœur du projet est le futur Canal Seine-Nord
Europe. Ce canal de 107 km reliera Compiègne et Aubencheul-au-Bac
(Nord), avec une livraison prévue en 2030. Si les premiers travaux
ont débuté à Montmacq le 17 octobre 2021, c'est bien grâce à un
travail de fond mené notamment par l'Alliance Seine-Escaut, créée
à l’occasion de l’Assemblée générale, en octobre 2020, de
l’association Seine-Nord Europe, qui a acté à cette occasion son
changement de dénomination. Cette dernière - présidée par le maire de Compiègne Philippe Marini et qui regroupe des collectivités territoriales, personnalités, chambres consulaires, entreprises - facilite une liaison entre
les initiatives territoriales en lien avec le futur canal tout en
partageant les actions et les idées des différentes parties
prenantes.
Et l'enjeu est de taille : créer un nouveau
corridor européen de fret entre Le Havre, Paris et Amsterdam,
permettant la massification des marchandises sur des convois fluviaux
emportant jusqu’à 4 400 tonnes, et offrant à un bassin de 40
millions d’habitants un accès performant à six ports maritimes de
la rangée nord. « Rendre
attractif le transport fluvial, c'est aussi ça l'enjeu,
met en avant Didier Léandri, PDG d'Entreprises Fluviales de France.
Donc
il faut le rendre compétitif car il est perçu trop coûteux et
moins performant que le réseau routier. »
Et
durant son Assemblée générale, l'Alliance Seine-Escaut a porté de
nombreuses réflexions sur les retombées économiques possibles du
futur Canal Seine-Nord Europe en s'appuyant sur les retombées d'un
réseau déjà présent et de plus en plus performant dans la région,
tout en s'adaptant à l'inflation, à des
lois contraignantes (comme la loi sur la Zéro artificialisation des
sols) et à une population inquiète, mais au soutien financier constant
de l'Europe.
Le fluvial, un réseau...
Si
la mise en compétition avec le réseau ferroviaire n'est pas encore
déterminée, car aux prémices des perspectives, le réseau fluvial
français est en pleine mutation, à l'heure de la transition
écologique. Le potentiel de croissance doit, selon les différents
acteurs économiques, être porté collectivement. La
région des Hauts-de-France, pour sa part, entend construire un
réseau fluvial attractif et compétitif s'appuyant sur une
expérience d'un réseau fluvial déjà fortement ancré, avec des
transitions de marchandises non négligeables.
Par exemple, dans
le Nord-Pas-de-Calais, 20% du tonnage du transport fluvial national
se fait sur les eaux de ce territoire, soit entre 10 et 12 tonnes de
marchandises transportées par an, équivalent à huit milliards de
marchandises.
« Avec un déploiement considérable,
constate Marie-Céline Masson, directrice territoriale
Nord-Pas-de-Calais de Voies navigables de France (VNF). Depuis
dix ans, nous enregistrons de bons résultats car c'est un réseau
résilient car largement artificialisé, avec un réseau hydraulique
performant. » À
l'échelle de la région, le transport fluvial enregistre une
dynamique de croissance depuis 2022... et le Canal Seine-Nord Europe
ouvrira les territoires vers des liaisons européennes et mondiales, offrant des perspectives de développement aux industries de la région.
… à haute valeur ajoutée
Le projet de liaison Seine-Escaut, c'est aussi l'installation de ports intérieurs, autres vecteurs économiques importants modélisant le réseau fluvial comme une logique de services et non pas seulement comme infrastructure. En somme, c'est un travail en synergie avec les collectivités, les entreprises et l'ensemble des acteurs économiques du territoire mais aussi une intégration des logisticiens. « Le fluvial, c'est d'abord un réseau, rappelle Jérôme Dézobry, président du directoire de la Société du canal Seine-Nord Europe. Les projets ne s'arrêtent pas au un tiers du nord de la France. »
Et
la région possède un exemple phare : le port de Dunkerque,
troisième port français qui enregistre +14% de containers en 2022.
Ses forces ? Un business diversifié (le transport de céréales
et de gaz en tête) et une économie circulaire performante. « Nous
avons un potentiel de croissance de volumes de +50% d'ici 2035,
note Maurice Georges, président du Directoire du Port de Dunkerque.
Notre
modèle portuaire repose sur l'équilibre entre le transport, la
logistique et le secteur industriel. Le port doit être une création
de la valeur. »
Le port doit aussi penser et créer un report modal, « encore
source de fragilité pour nous »,
précise-t-il. Mais comment ? «
Les infrastructures sont en plein développement pour fiabiliser
notre report modal,
continue Maurice Georges. Nous
réfléchissons à cette fiabilité mais je pense qu'il faut, pour un
report modal efficient, des interconnexions et s'orienter vers des
alliances. »
L'ouverture au monde se fera aussi du côté des énergies, l'écologie
prenant une place forte au sein du projet du futur canal. Une des
orientations réfléchies : comment faire du futur Canal, un
laboratoire de certificats d'énergies, en faisant appel aux pouvoirs
publics et au gouvernement.
Logique de services, création de cercles vertueux économiques, impacts sur l'activité industrielle, compétitivité du transport fluvial, enjeux environnementaux, pluri-modalités avec l'intégration de logisticiens, ouverture vers l'Europe et le monde... le canal Seine-Nord Europe désormais à l'état de chantier, ouvre de nouvelles perspectives à grande échelle.
Un nouveau Secrétaire général
Après une démission, qui sera actée en octobre 2023, Jean-François Dalaise, vice-président, Secrétaire général et trésorier sera remplacé par Didier Léandri, PDG d'Entreprises fluviales de France.