Atelier et Collections : l'art s'installe à Compiègne

Quand on pousse la porte de l'Atelier et Collections, rue Hippolyte Bottier, l'ambiance est feutrée, accueillante et bienveillante. À l'intérieur, Hélène Bourch et Nataliya Vorozhko accueillent les amateurs d'art avec leurs sourires contagieux. Ces deux artistes se connaissaient déjà mais n'avaient jamais travaillé ensemble, un de leurs projets depuis longtemps. Quand la guerre en Ukraine a éclaté, l'artiste ukrainienne a très vite su qu'elle aurait besoin d'un nouveau lieu de travail. Et par chance, le couple d'artistes compiégnois avaient l'idée d'un lieu d'expositions. « La guerre en Ukraine a précipité ce projet. Nataliya est partie d'Ukraine car elle vient d'Irpin et la ville est ravagée, elle ne peut pour le moment plus travailler là-bas, raconte Hélène Bourch. Et elle a choisi Compiègne et notre atelier pour cette collaboration et nous exposons ses poupées. »

Dans cet atelier, les figurines historiques en étain fabriquées à la main de Benjaman Zerbib, les tableaux miniatures (qui sont la reproduction de tableaux connus, à la technique impressionnante) d'Hélène Bourch et les poupées de collection de Nataliya Vorozhko sont connus de plus en plus en France et en Europe, eux qui parcourent le territoire pour exposer leurs œuvres. « Nous étions à Paris et nous sommes arrivés à Compiègne, il y a un an, continue Hélène Bourch. Nous sommes tombés amoureux de la ville et nous avons décidé d'ancrer l'art ici, en installant notre atelier mais plus largement l'art en général. »

Les poupées de collection de Nataliya Vorozhko

Cette collaboration entre ces trois artistes est unique, tant leurs œuvres en elles-mêmes le sont. Les poupées de collection de Nataliya Vorozhko représentent la somme de plusieurs arts, elle qui le qualifie « d'art expressif ». Car l'artiste fabrique les poupées, en pâte polymère, et sculpte ensuite les visages à la main et les peints. « À l'origine, les poupées étaient fabriquées en porcelaine mais la porcelaine se casse, explique-t-elle. Avec la pâte polymère, les poupées sont incassables et l'expression du visage est plus réaliste, plus expressif et moins froid, cela procure un meilleur résultat. J'utilise également le bois. » Puis elle récupère du tissu et de vielles dentelles pour coudre les habits. Les yeux, quant à eux, sont fabriqués en verre par des artisans spécialisés. « Chaque poupée est unique et en moyenne, il me faut dix jours pour en créer une et encore plus longtemps selon la taille de la poupée », précise Nataliya Vorozhko, qui a déjà été accueillie par Les Beaux Arts à Compiègne, pour un stage en sculpture.

C'est donc un art mélangeant tradition et modernité encore peu développé en France : originaire de Russie et d'Ukraine, les poupées connaissent un vif succès en Europe de l'est et aux Pays-Bas et sont connues en France de tous ceux qui ont des origines de ces pays et les collectionneurs passionnés. Si en France il existe de nombreux collectionneurs, l'objectif de Nataliya Vorozhko est de démocratiser cet art. « J'aimerais faire connaître cet art, le populariser, rêve-t-elle, toujours souriante. Les poupées conviennent aux adultes et aux enfants, aux collectionneurs ou non. »

Alors, pour impulser cet objectif, L'Atelier et Collections va créer une exposition de ces poupées, en collection limitée et ainsi promouvoir cet univers baigné d'histoire et de savoir-faire incroyable. Cette exposition dessine également un projet à long terme d'Hélène Bourch et Benjamain Zerbib, dont l'ambition tient à mettre en place une galerie d'artistes et d'artisans de tout horizon... parce que l'art n'a pas de frontière.