Au pays des artisans d'art

Doreuse botaniste, artiste feutrière... Chaque année, des artisans d'art sont distingués par un concours organisé par Ateliers d'Art de France qui représente ces professionnels. Plongée dans un monde qui n'a rien de passéiste.

Ateliers d'Art, organisé chaque année par Ateliers d’Art de France qui réunit quelque 6 000 « artisans d'art, artistes de la matière et manufactures d'art. (c)adobestock(c) adobestock
Ateliers d'Art, organisé chaque année par Ateliers d’Art de France qui réunit quelque 6 000 « artisans d'art, artistes de la matière et manufactures d'art. (c)adobestock(c) adobestock

Des pavots dorés... Sophie Blanc est doreuse botaniste. Elle associe son expertise en dorure à sa passion pour le végétal. Laurine Malengreau, elle, se définit comme « artiste feutrière » : elle réalise d'immenses panneaux décoratifs en nuno silk (mélange entre mousseline de soie et laine mérinos). Cet été, toutes deux figurent parmi les lauréats nationaux du concours Ateliers d'Art, organisé chaque année par Ateliers d’Art de France qui réunit quelque 6 000 « artisans d'art, artistes de la matière et manufactures d'art ». Pour Stéphane Galerneau, président de l'organisation, les démarches des artisans d'art qui sont distingués dans ce concours illustrent l'évolution actuelle de ces métiers. « Il y a une très grande créativité. Des métiers qui semblaient avoir disparu réapparaissent, les techniques sont revisitées, des domaines ou des matériaux nouveaux investis. Aujourd'hui, en particulier, la céramique a le vent en poupe, avec des orientations très diversifiées : objet utilitaire, décoratif, sculpture... », observe Stéphane Galerneau.

Année après année, le concours montre des exemples de créativité de ces artisans. Par exemple, des plumassiers – qui semblaient ne plus devoir leur survie qu'au Moulin Rouge- investissent le domaine du bijou, de la décoration... Autre pratique encore qui ressurgit, la marqueterie de paille (de seigle) développée au 17e siècle comme parent pauvre de la marqueterie en bois. Elle fait son grand retour dans la décoration.

Rencontrer son marché

« Nous souhaitons jouer le rôle de dénicheur de talent », explique Stéphane Galerneau, à propos du concours annuel. Ce dernier comprend deux catégories : celle « création » récompense un professionnel ayant réalisé une œuvre originale qui résulte d'un travail de la matière, nécessitant maîtrise de techniques et s'appuyant sur une démarche artistique. Celle « patrimoine » s'adresse aux professionnels ayant réalisé une œuvre ou restauré un objet dans le domaine du patrimoine (vitrailliste, ferronnier... ).

La première sélection du concours se déroule au niveau régional et donne lieu à une exposition. La seconde se passe au niveau national. Récompense : un stand sur le salon professionnel international de référence pour chaque catégorie : Salon International du Patrimoine Culturel (20 000 visiteurs) pour le vainqueur de la catégorie « patrimoine ». Salon Maison&Objet (60 000 visiteurs, chaque année) pour celui de la catégorie « création ». « Notre objectif est de donner aux artisans d'art la possibilité de trouver des marchés. Au niveau régional, l'exposition leur donne une visibilité, leur ouvre une opportunité d'être repérés par des boutiques. Au niveau national, les salons leur permettent d'être visibles en France et aussi à l'étranger pour viser l'export. Pour ces artisans d'art, rentrer en contact avec des professionnels est essentiel », précise Stéphane Galerneau. Comme des décorateurs d'intérieur pour Laurine Malengreau, dont les œuvres sont vendues 12 000 euros dans une galerie parisienne. D'après Bercy, les métiers d'art - 281 activités officiellement recensées- rassemblent 60 000 entreprises et ont généré 19 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019, dont 8 milliards d'euros à l'export.