Baisse des APL : inquiétudes pour le logement HLM
De nombreux acteurs du logement social dénoncent la baisse des APL imposée par le Gouvernement. Selon eux, cette mesure menacerait les locataires concernés mais aussi les bailleurs et organismes sociaux, les collectivités et l’emploi régional.
D’habitude plutôt discrète, l’Union régionale pour l’habitat, association qui regroupe 66 entreprises de logement social de la région, a rassemblé ses troupes dans les locaux de la SIP le 10 octobre pour dénoncer la baisse des APL prévue par le Gouvernement dans l’article 54 de sa nouvelle loi de finances 2018. « Cela représente cinq euros de moins pour les locataires du privé, et de 50 à 60 euros pour ceux du parc HLM à partir du 1er janvier 2018. Pour calmer le jeu face au mécontentement des locataires, le Gouvernement a annoncé que ce serait aux propriétaires et bailleurs sociaux de compenser cette baisse en diminuant leurs loyers de la même somme », pointe JeanPierre René, président de l’Union régionale pour l’habitat des Hauts-de-France qui regrette également de ne pas avoir pu « dialoguer et échanger » avec le Gouvernement au moment de l’élaboration de cette loi.
Moins de logements neufs
Selon lui, cette politique et cette attitude qu’il qualifie de « démagogiques » pourraient avoir de lourdes conséquences dans la région, celleci étant fortement concernée par l’aide au logement, avec 61% des ménages qui en sont bénéficiaires. « L’obligation de faire supporter intégralement cette baisse des APL aux bailleurs sociaux est un véritable coup de massue. Cela représente, dans notre région, une perte estimée à plus de 200 millions d’euros, soit l’équivalent de ce que vous investissons en fonds propres chaque année pour construire 10 000 logements neufs. Une situation préoccupante quand on sait que 157 000 ménages sont déjà dans l’attente d’un logement social en Hauts-de-France », développe le président de l’Union régionale pour l’habitat. Ces mesures pourraient également avoir des répercussions sur la rénovation des logements et donc sur la qualité du service rendu aux locataires. « Le nouveau programme de renouvellement urbain, le NPRU, indispensable pour nos quartiers, sera fortement remis en question lui aussi. Cela équivaut à 40 000 logements rénovés en moins », poursuit Jean-Pierre René.
Moins d’emplois dans le bâtiment
Mais les premières touchées par ces mesures pourraient être les entreprises locales, comme le souligne Nicolas Blangy, président de la FFB Somme : « Ces huit dernières années, le bâtiment a perdu 15 000 emplois au niveau national. Depuis peu, l’activité commence à reprendre mais les trésoreries sont encore tendues. Le logement social représente 12% de notre activité en France, c’est donc certainement plus à l’échelle sociale, voilà pourquoi nous sommes inquiets de ces mesures ». Jean-Pierre René avance même le chiffre de 1,4 milliard de chiffre d’affaires en moins pour le secteur du bâtiment. « Quand on sait qu’un logement social construit permet de maintenir trois emplois directs ou indirects… à terme cette mesure pourrait supprimer 30 000 emplois sur le territoire régional ! », dénonce-t-il avance de se montrer encore plus alarmiste : « À terme, un tiers des organismes HLM risquent le redressement car leur trésorerie provient essentiellement des loyers des locataires et des dépôts de garantie. » Pour faire entendre leur voie, les acteurs du logement social, à travers le Mouvement HLM, ont fait parvenir au Préfet de région une motion intitulée Pour un logement social au service des territoires et de leurs habitants. Ils y réclament, entre autres, la réunion d’un Comité régional de l’habitat et de l’hébergement dans les meilleurs délais pour faire état de la nécessité d’un réajustement de la programmation 2017 afin d’absorber la baisse des crédits et de l’impossibilité de tenir la programmation 2018, tant en construction qu’en rénovation. Un plan régional de mobilisation pour le logement social a par ailleurs été mis en place avec l’ensemble des organismes. Celui-ci mobilisera les parlementaires et représentants du monde économique en région. Les collectivités qui le souhaitent pourront elles aussi s’y associer.