Conjoncture
Bilan 2020 : la crise sanitaire brise l’élan des services marchands
Selon une récente étude de l’Insee, la valeur ajoutée des services marchands a globalement chuté de 6,7% (en volume) en 2020, contre une augmentation de 3% en 2019. Les activités numériques et techniques ont toutefois résisté.
La dynamique des services, plus marquée par rapport aux autres branches, s’est enrayée avec la crise. Les services marchands non financiers* se sont retrouvés dans une situation très disparate suite à l’épidémie de la Covid-19. La plupart des activités ont été quasiment arrêtées durant plusieurs mois, tandis que d’autres ont été peu affectées. Lourdement impactée par les mesures de restrictions sanitaires, la valeur ajoutée des services aux ménages a régressé de 8,7%. Celle des services aux entreprises a également chuté de 6,7%. Quant aux services d’information-communication, très dynamiques avant la crise, leur valeur ajoutée s’est stabilisée (-0,2%).
Les services destinés aux ménages ont été fortement affectés par les mesures de restrictions sanitaires et confinements : après une progression annuelle de 3% en volume depuis 2017, leur production a reculé de 6,9% en 2020. Dans la restauration, les fermetures imposées ont entraîné une baisse de près d’un tiers de la production (-32,4%), même si le secteur a développé la vente à emporter et connu une bonne fréquentation lors de la réouverture l’été. Dans l’hébergement, l’activité a lourdement chuté au printemps (-43,3%), s’est redressée en été, mais est restée pénalisée par la désaffection de la clientèle étrangère, en particulier en Ile-de-France. Les activités culturelles et de loisirs ont également subi les conséquences de la fermeture des parcs et salles de spectacles et de sport (-27,4%). Les services personnels, notamment la coiffure et les soins corporels (-17,1%), n’ont pu retrouver leur niveau d’avant crise, à cause de la limitation des jauges de fréquentation.
Les activités comptables et l’information-communication moins touchées
Côté services aux entreprises, la production des services administratifs et de soutien s’est repliée de 9,2% en 2020. L’intérim a reculé de 16,3% en raison de l’arrêt de nombreuses activités. Sans surprise, l’activité des voyagistes et des organisateurs de foires et salons a été divisée par deux. Dans le secteur de l’immobilier, la location de bureaux, commerces et autres locaux professionnels s’est repliée de 8,8%. En comparaison, la sécurité (-2,4%), le bâtiment et l’entretien paysager (-0,9%) ont été nettement moins affectés. Les activités comptables, de conseil de gestion, l’ingénierie, l’architecture tirent aussi leur épingle du jeu. L’information-communication se distingue également avec une augmentation de la production à hauteur de 0,8%, tirée par les services informatiques et télécommunications, en lien avec le recours au télétravail et la forte demande en période de confinement, explique l’Insee.
L’investissement résiste
Malgré un climat douteux et peu favorable, l’investissement s’est maintenu (-0,6%). Les investissements en logiciels et bases de données continuent de progresser grâce à la généralisation du télétravail, tandis que ceux en R&D et ingénierie baissent légèrement
L’emploi et la consommation des ménages fléchissent
La dépense de consommation des ménages en services a fléchi de 9,1% en volume, en 2020. Toutefois, la location des logements, qui constitue sa principale composante, augmente au même rythme que les années précédentes, note l’Insee. La chute est principalement provoquée par la restauration : sa part dans la consommation en services n’est plus que 12%, contre 16% en 2019.
Par ailleurs, l’emploi dans les services marchands (29 % de l’emploi total, soit 7 ,7 millions de personnes) a diminué de 2,5% en 2020. Un recul limité grâce notamment au chômage partiel. Dans l’hébergement-restauration, 52 000 emplois en équivalent temps plein ont été perdus (-4,6%).
Comme prévu, les services marchands sont lourdement affectés par les conséquences de la crise sanitaire. Les nouvelles mesures de déconfinement et la campagne de vaccination laissent espérer une reprise significative en 2021.
*Hors commerce, transports et services financiers.