Caisse des dépôts Hauts-de-France, 1er investisseur sur le territoire
Investisseur, financeur de projets conséquents, et aides aux TPE (Très petites entreprises), la Caisse des dépôts est un acteur fiable qui rassure les banques et contribue au développement économique de la région. Picardie la Gazette a rencontré Myriam Mahé-Lorent, directrice adjointe régionale, déléguée d’Amiens et Gaëlle Velay, directrice régionale des Hauts-de-France.
Picardie la Gazette : La fusion des Caisses des dépôts Picardie et Nord, a-t-elle modifié les fonctions de chacune ?
Myriam Mahé-Lorent et Gaëlle Velay : Début 2016, la Caisse des dépôts s’est organisée en suivant la région et elle est devenue la Caisse des dépôts des Hauts-de-France. Nous voulions une réorganisation axée sur la proximité des acteurs locaux. Les deux implantations à Amiens et Lille ont été préservées, le but étant de garder la capacité de décider localement. Aujourd’hui, les directeurs ont leurs propres comités d’engagements, ils peuvent décider des prêts et des investissements, il y a une vraie capacité à réagir. Cette réorganisation c’est réalisée en douceur, avec les mêmes possibilités d’actions.
P. L. G. : Comment fonctionne la Caisse des dépôts et quelle est sa mission ?
M. M-L. et G. V. :La Caisse des dépôts est le premier financeur du logement social en France. C’est un établissement public financier qui n’a pas d’actionnaire car elle se réalimente par elle-même, sur ses fonds propres. Un tiers de ses résultats proviennent de la section générale notamment, grâce aux dépôts des professions juridiques et à une gestion dynamique de son porte-feuille financier. Les deux tiers restants proviennent des ses filiales et de ses placements stratégiques. La direction de la Caisse des dépôts est assurée par le directeur général nommé par le Président de la République. Il doit être validé par le président des deux chambres du parlement. Nommé pour cinq ans, le directeur général prend les décisions sous les conseils de la protection de la commission de surveillance. La Caisse des dépôts a pour mission de mettre en œuvre les politiques territoriales et nationales, c’est-à-dire accompagner les stratégies des collectivités locales et gouvernementales afin de les réaliser. Mais elle décide seule de soutenir ou pas un projet selon ses stratégies.
P. L. G. : Quelles sont vos stratégies pour développer la région ?
M. M-L. et G. V. : Nous en avons quatre grandes, afin de porter le développement sur le territoire : la transition énergétique, numérique, démographique et sociale, et la transition territoriale. Par exemple, en Picardie nous avons investi pour le développement de l’énergie renouvelable avec la Semop Amiens énergies.
P. L. G. : Que représentent les prêts sur fonds d’épargne dans la région ?
M. M-L. et G. V. : C’est notre premier métier, la Caisse des dépôts a octroyé de 1,3 milliard d’euros de prêts sur fonds d’épargne en 2016, dont plus de 1,1 milliard d’euros en faveur du logement social, politique de la ville permettant la construction ou la réhabilitation de plus de 39 000 logements sur le territoire régional. Les logements sociaux et les collectivités locales restent nos deux clients principaux. L’une des caractéristiques de la Caisse des dépôts est le prêt de 20 à 40 ans, qui concerne des investissements importants et qui peuvent s’amortir sur de longues durées. Que ce soit pour la construction de grands bâtiments, l’installation du Très haut débit (THD, qui représente 32 millions d’euros d’investis), ou l’achat d’équipements sportifs, nous répondons à un besoin financier important mais aussi à une logique budgétaire. C’est-à-dire que les collectivités auront un intérêt certain à allonger leurs annuités pour qu’elles soient moindres. Nos taux sont identiques pour tous nos emprunteurs, peu importent le temps et le montant du remboursement. Mais la Caisse des dépôts ne peut financer que la moitié du besoin d’emprunt sur les prêts à destination des collectivités locales. Nous venons compléter l’offre bancaire, nous nous inscrivons dans le marché, nous ne faisons pas de concurrence aux banques.
P. L. G. : La Caisse des dépôts est-elle un investisseur sur fonds propres ?
M. M-L. et G. V. : C’est notre second métier, la Caisse des dépôt est un investisseur sur fonds propres. Et les Hauts-de-France observent une croissance conséquente. Nous avons investi 56 millions d’euros en 2016. Ce qui nous préoccupe, ce sont les impacts sociaux économiques, c’est-à-dire l’effet levier. S’il suffit de mettre un euro pour qu’une opération se développe, nous le faisons, il est important que nous puissions rémunérer nos investissements pour les réinvestir ailleurs. Le 16 décembre 2016, pour la première fois, nous avons pris part au capital d’une société d’économie mixte à opération unique, à hauteur de 1,2 million d’euros. La Semop Amiens énergies a pour objectif de concevoir, réaliser, financer et exploiter l’ensemble des réseaux de chaleur de la ville d’Amiens et porte l’ambition d’étendre et de convertir ce réseau aux énergies renouvelables et récupérables. Nous investissons de même sur le développement du territoire. À Amiens (proche de la gare), nous avons consacré 800 000 euros en fonds propres pour le nouveau bâtiment Equinoxe, qui regroupera les services administratifs de l’État.
P. L. G. : Quel est le rôle de la Caisse des dépôts envers les professions réglementées juridiques ?
M. M-L. et G. V. : C’est notre troisième métier, être le banquier des professions réglementées juridiques. Cela regroupe différents domaines : les dépôts des notaires, les consignations, un certain nombre d’activités bancaires liées aux professions juridiques réglementées, et nous sommes aussi mandataires. Nous avons la responsabilité d’enveloppe avec un mandat comme par exemple pour les investissements d’avenir, les fonds de collisions sociales, le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique).
Sur l’ensemble des Hauts-de-France, cela représente 2,75 milliards d’euros d’encours. C’est un nouveau record, les professions juridiques représentent 94% des dépôts. La hausse des Hauts-de-France est liée à la bonne santé de l’activité immobilière, plus particulièrement dans le Nord – Pas-de-Calais, et l’Oise. Un autre point fort en 2016, a porté sur les consignations. Nous avons 96,5 millions qui ont été consignés, ce qui représente un encours de 360 millions d’euros. Nous connaissons une forte progression (67 millions en 2015), qui s’explique par la découverte de l’utilité de la consignation, qui devient un outil d’accompagnement de l’activité économique.
P. L. G. : Quelles sont vos projets pour 2017 ?
M. M-L. et G. V. : Les projets de la Caisse des dépôts de 2017 portent sur les impactes sociaux économiques. Avec la volonté d’agir pour l’emploi, accroître la production d’énergies renouvelables et améliorer le bilan carbone. Être le partenaire privilégié des bailleurs sociaux, favoriser l’aménagement équitable des territoires, encourager la jeunesse, et contribuer aux rayonnements des Hauts-de-France. Dans la région, nous travaillons beaucoup sur la partie logements sociaux et sur des conventions pluriannuelles, (ce qui signifie passer un accord avec un bailleur social sur les financements des plans du développement sur 18 à 24 mois). Nous souhaitons développer cette politique en Picardie. Puis, que la Caisse des dépôts reste le soutien des TPE. Cette année, nous avons injecté 7,3 millions d’euros pour financer la création de plus de 2 500 TPE.