Le projet du futur port intérieur de Noyon dévoilé

Grand projet économique majeur, le canal Seine-Nord représente 107 kilomètres de voies d'eau nouvelles ou transformées, d'Aubencheul-au-Bac (59) à Compiègne, prévue pour 2028. L'objectif est de créer une véritable voie fluviale permettant à des gabarits de 4 500 tonnes de naviguer (ce qui représente 220 poids lourds). « Il répond à des enjeux économiques, environnementaux et touristiques », rappelle Franck Dhersin, vice-Président de la Région Hauts-de-France, en charge des Mobilités, infrastructures de transports et des ports. Des propos qui font écho à ceux de Sandrine Dauchelle, maire de Noyon, pour qui l'installation de ces nouvelles infrastructures à Noyon est « un moment majeur pour l'avenir de notre territoire. »

Car le canal Seine-Nord, c'est aussi quatre ports intérieurs situés tous les 25 kilomètres du tracé du canal : à Péronne (80), Marquion-Cambrai (59), Nesle (80) et Noyon. Concrètement, un port intérieur est un quai à vocation économique où des entreprises s'y installeront – misant ainsi sur la création d'emplois pour chaque territoire – et où des équipements de plaisance seront mis en place – pour développer le tourisme.

Le financement de ces ports (cinq milliards d'euros) est soutenu par un financement public, via la Société Canal Seine-Nord Europe et les ports seront exploités par Voies Navigables de France (VNF) pour le compte de l’État. Côté calendrier, le programme d'études de conception et les procédures d'autorisation ont débuté en avril 2021 et vont s’étaler jusqu'en mars 2024. À cette date, les travaux commenceront à Noyon pour un début de commercialisation des parcelles en 2026.

Le port intérieur de Noyon

Le port intérieur sera long de 400 mètres pour une superficie totale de 45 hectares, un raccordement ferroviaire n'était pas prévu dans le projet. Il sera situé le long RD 934, proche de la commune de Catigny, et de Lagny à la limite nord. La place pour la construction d'un silo est aussi prévue dans le projet pour éventuellement intégrer le port céréalier de Noyon. Il concentrera un quai et un terminal puis une zone d'activités qui accueillera les acteurs économiques utilisant les services du terminal multi-modal.

Si ce port intérieur « augmentera la compétitivité des entreprises du territoire », prévoit Franck Dhersin, il pose de nombreuses interrogations tant pour les acteurs locaux que les habitants. Comment intégrer les entreprises déjà présentes à ce port ? Combien d'entreprises s'y installeront pour combien d'emplois ? Est-ce qu'un travail commun pourrait exister avec les intercommunalités ? Des autres quais pourraient-être installés pour raccorder d'autres entreprises ? Autant de questions en suspens même si Franck Dhersin assure que tous les paramètres sont intégrés et en étude, en précisant que « la nécessité fera l'usage. »

Durant cette réunion publique, les enjeux environnementaux ont été abordés. Ce nouveau transport fluvial XXL permettra, à terme, d'éviter « 500 000 poids lourds sur les routes par an », assure le vice-président. L'environnement se verra également à l'intérieur du port avec l'aménagement de voies douces. Un environnement d'ailleurs largement débattu avec quelques agriculteurs locaux qui voient la perte de terres agricoles dans ce projet.

Des questions et des inquiétudes pour l'heure sans réponse tant le projet est encore loin. D'autres réunions d'information sont prévues au printemps 2022.