Don
« Cette année nous a fait sentir à quel point les enjeux de solidarité étaient importants »
Durant la crise, les Français se sont montrés généreux, arrondissant leur paiement à l'euro supérieur dans les supermarchés, ou offrant une partie de leur salaire : deux possibilités offertes par MicroDon, qui s'efforce de favoriser le don chez les particuliers et en entreprise. Interview de Mathieu Jubré, directeur marketing et développement de l'entreprise.
Durant la crise, quel succès a recueilli votre dispositif qui propose au consommateur qui passe en caisse d'arrondir son paiement à l'euro supérieur, au bénéfice d'une cause ?
Les confinements, le premier, en particulier, a stoppé le dispositif dans la trentaine d'enseignes non alimentaires avec lesquelles nous travaillons et qui ont dû fermer. En revanche, chez les enseignes alimentaires restées ouvertes et qui proposent MicroDon, Monoprix, Franprix, Naturalia, Cora, Biocoop et Picard, le taux de participation des consommateurs a augmenté. Le nombre de transactions comportant un don est passé de 12 à 15% environ à 18-20%. Davantage de personnes ont participé. Et celles qui participaient déjà l'ont fait avec une fréquence accrue. Beaucoup de ces enseignes avaient choisi de mettre en place des campagnes en faveur des causes liées au Covid, comme la recherche médicale, ou l'accompagnement des sans-abris. Par ailleurs, même si c'était un peu marginal, nous avons aussi observé une hausse des dons via le e-commerce, sur les sites des enseignes non alimentaires. Une partie de leurs ventes se sont reportées en ligne. Mécaniquement, cela a joué sur les dons.
L'arrondi sur salaire, que vous proposez dans les entreprises, a-t-il connu la même évolution, et pensez-vous que cette solution puisse intéresser les PME ?
Mathieu Jubré : Parmi les services que nous proposons aux entreprises figurent des missions de bénévolat que peuvent réaliser les salariés, et aussi, l'arrondi sur salaire. Ce système prévoit que le salarié choisisse de faire don à une association, chaque mois, sur son salaire. C'est un dispositif programmé. Avec la pandémie, nous avons été sollicités pour mettre en place des collectes d'urgence en faveur des causes liées à la crise. Le chômage partiel a bridé la mobilisation, mais les salariés que nous avons touchés ont été particulièrement généreux. Pour l'instant, nous travaillons avec 200 entreprises, qui comptent en général plus de 200 salariés. Il existe une demande des PME, mais techniquement, cela reste compliqué : sous un certain seuil, la gestion de la paie des entreprises est assurée par un expert-comptable, ce qui rajoute un interlocuteur, et surtout une diversité d'outils qui ne sont pas très standards. Pour l'instant, cela rend le dispositif non viable. Mais nous avons l'ambition de pouvoir nous intégrer dans les outils des petites entreprises.
Quel est la raison d'être de MicroDon, et comment voyez vous son avenir ?
Nous sommes une entreprise de l'ESS, Économie sociale et solidaire, avec une mission d'intérêt général. En 2020, nous avons collecté 8 millions d'euros de dons, et l'entreprise, qui compte 27 salariés, a réalisé un chiffre d'affaires de 1,7 million d'euros. MicroDon est né en 2009, quand Pierre-Emmanuel Grange, son fondateur, a découvert cette pratique au Mexique. Aujourd'hui, nous comptons nous développer en regardant vers le e-commerce. Nous avons noué un partenariat avec Salesforce, une solution de plateforme de commerce en ligne, utilisée par de nombreuses enseignes. Mais nous veillons aussi aux nouveaux types de paiement, le sans-contact, le mobile... pour nous assurer qu'il y aura bien une proposition de don sur ces nouveaux usages. Et, concernant les ressources humaines, nous croyons beaucoup au mécénat de compétences qui se développe sous l'impulsion des jeunes génération. 2020 a été une année terrible. Mais nous le voyons chez les enseignes, les entreprises, les acteurs techniques, et les consommateurs ... Cette année nous a aussi fait sentir à quel point les enjeux de solidarité étaient importants.