Chauffage au bois : technicité et économie
La société CTS de Terny-Sorny, près de Soissons, apprécie d’innover pour le confort de ses clients. Encore un bel exemple en un lieu éventé du plateau soissonnais, où les occupants ont vu leur facture diminuer de moitié.
CTS a déjà innové de nombreuses fois. Ainsi, la famille Clavaud, à la tête de cette PME fondée en 1999, avait réalisé, près de Pinon, une installation de chauffage sous la litière d’une étable : la chaleur du lisier réchauffe l’eau et deux maisons étaient ainsi bien chauffées. Thierry Clavaud, le fondateur, fait monter des pompes à chaleur sous sa propre marque Sorny’s. Ici, le pari était conséquent : deux maisons de ferme de bonne taille, un espace piscine et dix maisons ouvrières, sur une longueur de plus de 200 mètres, sur une crête du plateau. L’entreprise a étudié plusieurs solutions (bois, pompe à chaleur) avant de retenir cette solution.
CTS a installé une chaudière Hagessner de 200 kWh, alimentée au bois grâce à une trémie : le stock est de 90 m3 de bois, ce qui nécessite un rempotage chaque mois seulement.
Bien sûr, cela représente un certain volume de stockage, mais l’exploitation agricole disposait d’un volume couvert inutilisé suffisant.
De la chaufferie part une conduite de 200 mm de diamètre qui dessert les différents lieux. Chaque logement est équipé d’une sous-station, l’eau est mitigée à l’intérieur de chacun. Certains locataires préfèrent une température plus élevée, comme les personnes âgées qui se déplacent peu ; d’autres préfèrent baisser ou couper le chauffage pendant leur absence en journée. L’eau chaude est produite par ballon électrique, un système plus économique : la chaudière ne tourne pas en été.
La chaufferie fonctionne de manière électronique, le passage en mode manuel étant possible : il peut arriver un incident d’approvisionnement par exemple, telle une pièce métallique dans le bois. Le bois déchiqueté provient d’une production locale, pour partie d’Environnement forêt à Fontenoy, pour partie en autoproduction de l’exploitation agricole. Le volume de cendre est dérisoire, de l’ordre de 2 % du volume de bois.
La spécificité du programme tient non seulement à l’importance du réseau, mais encore à son mode de facturation. En effet, le propriétaire vend des calories à ses locataires et non des stères. Habituellement, un propriétaire met à disposition un moyen de chauffage, le locataire achète le combustible. Ici, il fournit de l’énergie. Le prix a été déterminé par comparaison avec celui du gaz naturel, le but étant de financer l’achat du bois, l’amortissement de l’installation et son entretien. La vente d’énergie, combinée à l’économie de fuel sur la résidence principale, permet d’équilibrer l’opération.
Le bois, outil d’aménagement
Autre gain, fondamental en aménagement du territoire : la location des maisons ouvrières. Menacées d’abandon, de démolition à terme, elles font désormais le bonheur d’une dizaine de couples qui ont vu leur facture de chauffage diminuer de moitié, et cela en étant chauffés normalement, même par – 15° (la chaudière fuel a été conservée au cas où, mais n’a pas servi cet hiver !). Leur facture est inférieure à 100 €/ mois (sur douze mois). Ce sont autant de logements non vacants, de populations maintenues en milieu rural. Effet vertueux encore, expliqué par le propriétaire, « l’énergie que l’on tire du bois finance l’entretien de nos parcelles boisées, c’est gagnant- gagnant ». Seul bémol : il s’interroge sur la quantité de la ressource bois à terme, avec la multiplication des grosses chaufferies.