Chute inédite des offres d’emploi cadre
Après avoir battu un niveau record en 2019 (281 300 embauches), les offres d’emploi cadre devraient atteindre 170 000 à 200 000, cette année, soit une baisse historique de 30 à 40% par rapport à 2020, selon l’Apec. Une diminution drastique étroitement corrélée aux contraintes liées à la crise sanitaire.
De janvier à septembre 2020, le niveau des offres d’emploi des cadres a reculé de 33% par rapport à la même période en 2019, précise l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), dans son baromètre publié le 15 octobre dernier. En plein confinement et plus précisément en avril 2020, il a atteint son niveau le plus bas avec une baisse 62% par rapport à avril 2019. Pendant le confinement, 76% des entreprises recruteuses de cadres ont souffert soit d’une baisse ou d’une interruption totale d’activité. Conséquence : 20% d’entre elles ont ajourné, voire même annulé complètement, leurs plans de recrutements de cadres. Cette situation a été plus marquée chez les ETI et les grandes entreprises (43%) qui recrutent fréquemment les cadres, loin devant les PME (26%) et TPE (14%).
Des prévisions hétérogènes de recrutement
Selon l’Apec, 37 000 à 47 000 offres d’emploi sont prévues au cours des trois derniers mois de l’année. Dans ce sens, 70 000 entreprises envisagent de recruter au moins un cadre. Ce chiffre significatif reste toutefois faible par rapport à celui de 2019. Au quatrième trimestre, 50% des grandes entreprises partagent cette intention, tandis que seules 15% des PME et 5% des TPE l’envisagent. Cette disparité s’explique notamment par la difficulté qu’éprouvent les entreprises à retrouver leur niveau d’activité « les TPE-PME ont été touchées plus intensément que les autres », souligne Gilles Gateau, Directeur général de l’Apec. Leur manque de visibilité y contribue également, alors que le climat d’incertitude devrait s’intensifier avec la reprise de la pandémie et le durcissement des mesures sanitaires.
La confiance des entreprises altérée avec la crise
Parmi les secteurs qui souhaitent recruter au moins un cadre au cours de ce dernier trimestre, les services à forte “valeur ajoutée”, informatique, conseil, recherche, activités comptables et juridiques (17%) restent les premiers pourvoyeurs d’emplois. Viennent ensuite les secteurs de l’industrie (8%), de la construction (7%) et du commerce (4%). Les profils qui seront les plus demandées demeurent les cadres commerciaux (31%), les informaticiens (25%) et ceux spécialisés en étude-recherche R&D (21%).
Pour autant les problèmes de recrutement persistent. Au quatrième trimestre, plus de la moitié (58%) des entreprises s’attendent à être confrontées à des difficultés à trouver des candidats correspondant le plus à leurs besoins, révèle l’Apec. Cette crainte pourrait être attribuée à une moindre mobilité externe avec la crise sanitaire. « Structurellement, des compétences restent difficiles à trouver, dans le numérique, les études R&D, etc.. Par ailleurs, la conjoncture peut également accentuer ces freins : les entreprises pourraient être confrontées à un ralentissement des mobilités avec des cadres en poste plus frileux à bouger », explique Gilles Gateau. Et sept cadres en poste sur dix estiment que trouver un emploi équivalent serait plus difficile en cas de licenciement. Par ailleurs, trois cadres en activité sur 10 s’inquiètent pour la sécurité de leurs postes, en particulier lorsqu’ils travaillent dans une TPE-PME, et plus encore les seniors (75%).
Des intentions inégales de mobilité professionnelle
D’après l’Apec, au cours des trois prochains mois, seuls 13% des cadres confirmés ont l’intention de changer d’entreprise. Et la proportion des jeunes à vouloir changer d’employeur afin d’enrichir leur carrière reste faible par rapport à celle enregistrée dans une conjoncture favorable : soit 14% pour les débutants et 16 % pour les jeunes de moins de 35 ans. A plus long terme, toutefois, dans les 12 prochains mois, 34% des cadres envisagent une solution de mobilité externe. Pour certains cadres, la crise sanitaire les a incités à effectuer un changement plus profond. Dans ce sens, 38% souhaitent réaliser une reconversion professionnelle, 36% comptent changer de région et 26% pensent à travailler à leur propre compte.
Jihane MANDLI et B.L