Coup de Pousses ramène de la biodiversité dans les espaces urbains
Il a créé Coup de Pousses en juin 2021 à Margny-lès-Compiègne alors qu'il était encore étudiant. Presque trois ans après, Victor Guilbert, désormais ingénieur, est plus que jamais convaincu de l'importance de la biodiversité et de l'environnement dans lequel nous vivons. Avec la plantation collaborative de mini-forêts urbaines, notre prisme devient vert : Victor Guilbert façonne un paysage qui n'est pas ornemental, mais environnemental.
Les
hyménoptères, comme les abeilles ou les fourmis, voient leurs
populations menacées de disparition de plus de 50%, plus de 30% des
espèces d’insectes sont menacées d’extinction, et dans 100 ans,
tous les insectes pourraient avoir disparu de la surface de notre
planète, notamment à cause de la destruction de leur habitat naturel.*
S'ajoute les menaces d’extinction qui pèsent sur les animaux. À
l'heure du réchauffement climatique et de la prise de conscience
collective sur ce sujet, l'environnement et la biodiversité
demeurent des sujets cruciaux.
Si les espaces naturelles restent un
refuge de biodiversité et un capteur de CO2, les arbres se font
rares dans les villes. Pourtant, ils «
apportent déjà un environnement agréable à vivre et ce sont
aussi des sources de vie, de biodiversité,
explique Victor Guilbert, à la tête de Coup de Pousses. Il
faut par ailleurs bien les planter et planter les bonnes espèces. »
Méthode Miyawaki
Cet ingénieur s'adresse aux particuliers mais davantage aux entreprises et aux collectivités. Son objectif ? Replanter des arbres dans les espaces urbains en mal de verdure. Mais la technique utilisée n'est pas n'importe laquelle, c'est la célèbre méthode Miyawaki, du nom du botaniste japonais Akira Miyawaki qui l’a mise au point dans les années 1970. Cette dernière consiste à planter des arbres de façon très dense (trois arbres par m² sur une superficie allant de 150 à 2 000 m²), d'où la comparaison à une mini-forêt, afin qu'un écosystème se crée et vive seul, sans l'intervention de l'homme. Et les effets de cette méthode sont sans appel : « Cet espace est un capteur naturel de CO2, un refuge pour les espèces et une amélioration du cadre de vie, précise Victor Guilbert. La mini-forêt vit seule, c'est un lie de vie incroyable. »
Une
démarche qui séduit de plus en plus : après sa première
plantation de 1 260 arbres (sur 420 m²) au cimetière de
Margny-lès-Compiègne, Victor Guilbert plante sa conviction dans
toute la région, du Pas-de-Calais à la Bretagne.
Récemment, il a végétalisé la cour du collège de Corbie (80) en
recréant une mini-forêt de 1 200 m² (dont 28 arbres fruitiers et
250 m² de prairie fleurie), grâce au budget participatif du
Département de la Somme, obtenu par l'établissement. Si Coup de
Pousses a planté 1 400 arbres la première saison, puis 4 500 la
seconde, ce sont plus de 7 000 arbres qui seront plantés durant la
saison 2023/2024, de novembre à mars... et a embauché son premier
CDD.
Technique collaborative et sensibilisation
Victor Guilbert n'est pour autant pas un paysagiste, sa démarche est bien environnementale. « Il y a la dualité action et sensibilisation, précise-t-il. La sensibilisation est au cœur de la démarche. » Collaborative, la plantation d'une mini-forêt est effectuée par les collaborateurs de l'entreprise ou de la collectivité ou encore les enfants d'une école... après une heure d'atelier sur les enjeux de la reforestation ou encore de la transition écologique. « En plantant, on se rend compte et c'est assez simple et agréable, note Victor Guilbert. Combiné à l'atelier de sensibilisation, le message est qu'on rend service à l'environnement et je rencontre de nombreuses personnes convaincues, ce qui est très encourageant. »
Convaincu, et tout aussi résilient que les arbres qu'il plante, ce jeune ingénieur a choisi une technique de plantation raisonnée, en décompactant la terre une première fois tout en y ajoutant du compost et du bois broyé. Après deux ans de léger entretien, la mini-forêt devient autonome. « La plantation dense possède un réel impact sur l'environnement, précise-t-il. Sur certains espaces, planter de grands arbres espacés n'a souvent pas d'intérêt. Cette mini-forêt est aussi un bon moyen pour donner de la vie dans le sol. » Il mise surtout sur la résilience de la biodiversité. Les évolutions climatiques ne peuvent être prédites à très long terme, mais Victor Guilbert plante une large variété d'essences locales : des espèces disparaîtront, « d'autres résisteront ». S'il recrée naturellement de la vie, Victor Guibert s'ancre dans la transformation des espaces urbains, des villes mais aussi dans la façon de penser l'environnement, dans lequel nous ne vivons pas sur, mais avec... et grâce à lui.
*étude
de Bayo et Wyckhuys. C'est une
méta-analyse de 73 études différentes portant sur l’état de la
faune entomologique, et parue dans la revue Biological
Conservation.