Découvrez Gustave, la nouvelle bière de terroir picard
À 68 ans, Jacques Sicsic, entrepreneur à la retraite a voulu tout recommencer en devenant brasseur. Appuyé de Xavier Barbieux,son maître brasseur lillois, il s’est donné les moyens nécessaires pour réussir son pari. Leur bière Gustave, au packaging chic et reconnaissable entre tous, devrait bientôt compter parmi les bons comptoirs de Picardie.
Il n’y a pas d’âge pour entreprendre, à condition d’avoir l’envie chevillée au corps. Et cette envie Jacques Sicsic, 68 ans, la possède assurément. Il est même un modèle du genre car 46 ans après avoir créé son entreprise de transports et seulement trois après avoir (pensait-il) définitivement raccroché les gants, il s’est lancé un nouveau défi et pas des moindres : créer sa brasserie pour produire des bières de terroir. Si ses proches dont son épouse, n’ont pas caché leur scepticisme devant ce nouveau départ qui plus est, très éloigné de l’univers des transports routiers, ils ont vite changé d’avis en voyant le projet prendre corps. Car il y a quelque chose d’émouvant dans cette aventure qui va bien au-delà d’une simple création d’entreprise : celle d’une histoire qui s’écrit à quatre mains. Celles de Jacques Sicsicet de son maître brasseur, Xavier Barbieux. Sans oublier Emmanuel Duca tout à la fois chargé de communication et de marketing de la société Au coeur du malt, portée sur les fonts baptismaux en avril 2016. « Nous formons une petite équipe, solide », se plaît à répéter Jacques Sicsic. Pragmatique, il ne cache pas qu’il avait songé à d’autres secteurs d’activité comme le recyclage ou encore la culture du safran… Finalement, c’est le malt et le houblon qui ont emporté la mise : « Je voulais quelque chose qui puisse se fabriquer et la bière, c’est très artisanal », explique-t-il.
1,4 million d’euros d’investissement
Deux études de marché rondement menées ont achevé de le convaincre. Dès lors, tout est allé très vite. L’achat d’un terrain de 3000 m² sur le parc Alata, non loin de sa résidence de Verneuil-en-Halatte, au coeur de la forêt d’Halatte. Puis, la composition de son staff, trié sur le volet, à commencer par son maître brasseur, la cheville ouvrière de Au coeur du malt qu’il est allé débaucher jusque dans la brasserie lilloise où il oeuvrait dans l’ombre depuis 13 ans. Avec Xavier Barbieux qui a embarqué femme et enfants dans le sud de l’Oise, c’était comme une évidence. Toutes proportions gardées, la bière, c’est un peu comme le vin, on travaille sur du vivant, du terroir et des saveurs et pour que cela fonctionne, il faut être sur la même longueur d’ondes. Or, les deux hommes se complètent admirablement, le Lillois apporte son savoir faire, le patron, ses idées. « Je suis un puriste, je respecte ce que l’on m’a enseigné. Gustave, c’est l’alliance de la haute technologie et de l’artisanat », commente notre maître brasseur devant les cuves immenses et rutilantes. Car Jacques Sicsic n’a pas fait les choses à moitié : « 1,4 million d’euros d’investissement, 400 000 euros de matériel, on a un peu débordé du budget initial », confie-t-il sans ciller.
Comment Gustave est né dans une cave
Son matériel high-tech, il l’a acheté en Italie après moult conseils et recherches. Les cuves ont une capacité de 300 000 litres, la chaine d’embouteillage automatique dernier cri, peut faire défiler 2 000 bouteilles à l’heure. « Pour l’instant, c’est un peu surdimensionné », concède le créateur d’Au coeur du malt. Pour l’instant… Car les projets en cours pourraient rapidement modifier la donne, d’autant que Jacques Sicsic, on l’aura compris, n’a pas de temps à perdre. Pour preuve, il ne s’est écoulé que quelques mois entre l’achat du terrain et les premiers coups de pioche en juin 2016. Le bâtiment de 600 m² lui, a été livré dans les temps, au mois de novembre. Mais cette belle coque bordeaux et noir comme ces équipements de haute volée ne sauraient faire oublier l’essentiel : les élixirs s’élaborent souvent à l’ombre des écrins. Et c’est dans sa cave, qu’au printemps dernier la fine équipe a tâtonné, testé, goûté avant de valider les premières bières Gustave. « On a brassé chez moi, un vrai laboratoire de R&D !, s’amuse Jacques Sicsic. Nous avons fait 17 essais, l’une me plaisait mais ne plaisait pas à mon épouse, finalement, nous avons gardé celle qui plaisait au plus grand nombre. » Au final, une gamme de base composée d’une bière blonde (5,2°), d’une ambrée (5,2°) et d’une IPA (Indian, Pale, Ale), « blonde très houblonnée, plus amère » qui culmine à 6,2°, sans oublier la traditionnelle bière de Noël, irrésistible dans son habillage noir et bordeaux. Dès l’an prochain, la gamme s’enrichira d’une bière Gustave brune (entre 6 et 7°), d’une triple (7°) et d’une blanche.
Du houblon et du miel made in Halatte
Le packaging, savamment étudié, est assurément l’une des grandes forces de Gustave, son béret et sa moustache se déclinant à l’envi sur les étiquettes comme sur les tabliers de comptoir qu’on a envie d’emporter chez soi. Pour être subliminal, le message n’en parait pas moins clair ; nanti de son passeport chic, la bière Gustave pourrait bien franchir un jour la frontière de territoires bobos, comme les brasseries ou les bars du 11e arrondissement, par exemple… Mais dans un premier temps, la stratégie d’Au coeur du malt s’emploiera à séduire traiteurs, restaurateurs, cavistes et particuliers de l’Oise avant de s’attaquer à la Picardie tout entière. « On veut y arriver avec des distributeurs, ils travaillent avec des milliers de bars », explique Jacques Sicsic. Au siège de la société à Verneuil-en-Halatte, on entend pratiquer les deux sens du mot culture. L’une comme un patrimoine immatériel qui se transmet, l’autre en son sens premier. « Nous allons planter notre houblon autour du bâtiment, environ 500 mètres linéaires sur une hauteur de trois mètres », annonce fièrement Jacques Sicsic. Mais ce n’est pas tout. Des ruches au miel parfumé au houblon maison, serviront à la confection de certaines bières. Son label “made in 60” en poche, Au coeur du malt proposera bientôt des visites pédagogiques avec l’aide des offices de tourisme. Des ateliers de six heures “brasseur d’un jour” permettront de brasser sa propre bière qui sera prête un mois et demi plus tard, le temps de la fermentation. Enfin, le magasin avec son comptoir en bois massif réalisé sur mesure par un menuisier et pourvu d’une tireuse à l’ancienne, accueillera celles et ceux qui souhaitentsimplement déguster ou acheter. Comptez 3,30 euros la bouteille de 33 cl, « contre 5 euros dans le Nord », s’empresse de préciser Jacques Sicsic. Dehors, le beertruck retapé dans la région lilloise et relooké aux couleurs de la brasserie, attend sagement ses premiers clients. L’histoire de Gustave peut commencer…