Défendre les intérêts des professionnels
Rencontre avec Jean-Baptiste Campoverde, concessionnaire à Saint-Quentin, vice-président du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA) Hauts-de-France et responsable pour l’Aisne.
Picardie la Gazette : Quelles sont les missions du CNPA ?
Jean-Baptiste Campoverde : Le CNPA représente plus de 20 métiers allant de la réparation au commerce en passant par les auto-écoles. C’est le porte-parole entre les pouvoirs publics et nos métiers. Il est l’initiateur de lois, de décrets comme celui du CIV (la gestion des cartes-grise) ou bien encore des formations portées par notre CFA. L’État ne prend pas d’initiative sans nous consulter.
P.L.G. : Comment se positionne l’Aisne au sein des Hauts-de-France ?
J-B.C. : Le département se place à la 4e position. Le Nord, le Pas-de-Calais et l’Oise affichent un dynamisme fort de leurs activités. Saint-Quentin est la ville moteur de l’Aisne.
P.L.G. : Beaucoup de secteurs rencontrent des difficultés pour recruter. Le secteur automobile est-il lui aussi concerné ?
J-B.C. : Oui. Les professionnels ont des difficultés à recruter. Prenez le poste de chef d’atelier. C’est un métier dur, avec des responsabilités et le chef d’atelier doit faire face à une clientèle de plus en plus exigeante. Nous avons des difficultés à trouver des personnes pour ces postes.
P.L.G. : Voiture électrique, hybride, hydrogène… comment les professionnels s’adaptent à ces évolutions ?
J-B.C. : La prise de conscience sur le respect de l’environnement, la question de la pollution, est essentielle. Mais attention aux politiques et aux stratégies menées. Par exemple, le développement donné sur le moteur électrique va avoir un impact sur de nombreux emplois. Personnellement, je crois plutôt à l’hybride rechargeable. Il faut également ne pas trop tirer à boulet rouge sur le diesel qui représente plus de 35 000 emplois en France. Il y a beaucoup d’effets d’annonce. Le CNPA est là pour défendre les intérêts des professionnels. Il faut à la fois prendre en compte l’économie, l’impact social et l’impact environnemental. Ce qui n’est pas le cas. Prenez la prime à la conversion. Ceux sont les concessionnaires qui avancent, sur leur trésorerie, cette prime versée au consommateur. L’État, de son côté, met du temps à régler cette prime. D’où des trésoreries tendues chez certains confrères.
P.L.G. : Le CNPA mène une prospective sur les métiers. Quelles sont les tendances à long terme, les opportunités et les nouveaux défis ?
J-B.C. : Nous sommes dans un tournant de nos métiers. Avec le véhicule autonome et connecté, la technologie embarquée va croître. Les métiers vont donc évoluer vers plus de technicité. Nous avons besoin de collaborateurs formés. Plus de 55 000 jeunes le seront d’ici 2030. De plus, nous allons former nos équipes aux techniques du futur. Mais pour attirer et surtout garder ce personnel compétent, il va falloir le rémunérer au juste prix.
P.L.G. : Quel visage selon vous aura la concession de demain ?
J-B.C. : La concession est en perpétuelle mouvement. La digitalisation arrive dans les concessions et va s’amplifier avec, par exemple, les lunettes 3D pour tester et découvrir un véhicule. Mais n’oublions pas le contact humain. Il en faudra encore.