Détective privé, le mythe de la transparence
Histoire de famille ou de couple, affaire commerciale, recherche de personnes… toutes les raisons sont bonnes pour faire appel à un agent de recherche privé, plus connu sous le nom de détective privé. Zoom sur une profession mal connue et pourtant bien présente dans l’imaginaire de tous…
Caché derrière un arbre, jumelles à la main, appareil photos au cou… l’Agent de recherche privé (ARP), comme il est appelé dans la profession, est en pleine surveillance “planquée”. Sa mission ? Récolter des preuves concrètes pour son client, sans se faire repérer. Il faut dire que l’affaire est conséquente : un entrepreneur accuse un ex-salarié de lui faire de la concurrence déloyale, pouvant lui coûter un préjudice de plusieurs milliers d’euros. « Dans ce genre d’affaire, nous faisons de la filature pour essayer de prouver que les faits sont avérés, par exemple si l’accusé s’approvisionne chez le même grossiste. Nous essayons d’apporter des preuves avec un dossier alimenté et des photos », explique Serge Brun, détective privé qui intervient et se déplace sur tout le territoire français et qui est habitué à ce genre d’affaire. La mission continue. Le soleil vient à peine de se lever et le détective attend devant le domicile de l’accusé. « Il faut faire preuve de beaucoup de disponibilité et de patience car on ne sait jamais ni comment va se terminer l’enquête ni comment elle va se dérouler », note-t-il. La filature commence. Le détective suit, en voiture, le véhicule du protagoniste, le prend en photo dès qu’il sort de son véhicule ou se rend dans un endroit public, et ce toute la journée. Il ne quitte jamais son carnet, et note, minute par minute, ce qu’il voit « en rapport avec la mission, spécifiée dans le contrat de mission et dans la légalité et la légitimité », précise l’ARP. Quelques jours avant, le détective avait fait quelques recherches sur Internet et avait visité les lieux… Il connait donc bien l’environnement dans lequel il intervient. L’affaire sera réglée, comme à son accoutumée, dans trois jours.
Une profession réglementée
Serge Brun, ancien officier de la police judiciaire, dirige son cabinet de détective privé depuis 2008, et gère des affaires nationales et internationales. Longtemps habitué aux enquêtes, il s’est naturellement dirigé vers ce métier, de plus en plus reconnu et professionnel. « Depuis 2012, la profession est contrôlée par le Cnaps (Conseil national des activités privées de sécurité). Cette administration contrôle, délivre les agréments et cartes professionnelles et depuis 2005 il faut avoir suivi une formation, qui existe dans trois écoles de ARP en France, pour exercer ce métier.Depuis quelques années, il y a une moralisation de la profession », explique le détective. Le détective privé est soumis à une réglementation stricte, « et ne possède pas un secrétaire en bas résilles, avec un verre de whisky à la main, comme dans les films », sourit-il. Il gère les affaires civiles et non pénales, comme des recherches de personnes, affaires commerciales (travail clandestin…), affaires familiales (adultère, garde d’enfants, pension alimentaire…), affaire financière ou industrielle et toutes les affaires pour lesquelles ne sont pas habilités les gendarmes ou encore celles terminées, nécessitant des recherches supplémentaires, telles que les contre enquêtes pénales (disparition d’enfants, affaires judiciaires graves…). « Quand je dis que je suis détective privé, on me pose toujours beaucoup de questions mais je réponds simplement que j’enquête sur un affaire, rien d’autre », évoque-t-il. Pourtant, le détective ne se montre jamais, reste dans l’ombre et élucide de nombreuses affaires en cultivant malgré lui un mystérieux mythe…
L’avocat du diable ?
Dans la pensée commune, le détective privé est un inquisiteur, capable de tout pour avoir ce qu’il veut, et parfois même n’importe quoi. Pourtant, loin de l’agent 007, le détective privé est soumis à une législation, et utilise des moyens légaux dans un cadre réglementaire. La prise de photos, qui est souvent l’objet de débats, est légale dès lors qu’elle respecte la vie privée et qu’elle est prise dans l’espace public, sans être diffusée ailleurs que dans le cadre légal (avocat…). De même pour les enquêtes : chacune d’entre elles est lancée si elle rentre dans le cadre de la légalité et légitimité car chaque enquête fait l’objet d’un rapport détaillé, souvent remis à un magistrat. L’ARP ne défend donc personne mais essaie d’apporter des preuves pour un dossier en cours. Dans la loi, il est soumis à une obligation de moyens et non de résultats.