SÉRIE ÉTÉ
Ecoland à Palluel : un écolieu inspirant
Cet été, nous consacrons une série sur les lieux et les activités insolites de l'Oise mais aussi des Hauts-de-France. Découvrez l'épisode 15 !
Situé sur une zone naturelle de 4 000 hectares peuplée d'une vingtaine d'espèces protégées, Ecoland allie dépaysement et respect de la nature. Sur ce site, dans le Pas-de-Calais, où chaque construction a été savamment pensée pour être la plus écologique possible, se croisent des activités pédagogiques, un espace de restauration locale et des hébergements en pleine nature.
Il a beau avoir parcouru 20 pays et
quatre continents, Thomas Brembor est revenu aux sources, dans son
Arrageois natal, pour y développer un projet ancré dans ses valeurs.
Directeur de séjours de vacances à l'étranger puis à l'origine
d'une association pour démocratiser le tourisme tout en proposant
des animations auprès du jeune public, il avait déjà cette idée
d'un lieu d'accueil déconnecté du train de vie quotidien.
Il a beau avouer qu'au départ, il n'imaginait pas créer ce concept dans le Pas-de-Calais, il a rapidement été séduit par le site anciennement occupé par un camping, à Palluel, sur la communauté de communes d'Osartis-Marquion. « Le maire de l'époque, Jean-François Lemaire, cherchait un repreneur pour ce camping laissé à l'abandon. Pendant un an, on a travaillé sur le concept avec la Communauté Urbaine d'Arras », se rappelle-t-il.
Ensuite,
tout s'est enchaîné très vite : avec sa compagne Perrine, Thomas
Brembor participe au Creathon 2019, un concours organisé par la
Communauté Urbaine d'Arras, qui récompense les initiatives
innovantes. C'est avec une place de lauréat que le couple monte donc
un dossier d'études techniques et financières pour valider le
projet. Une année durant laquelle Thomas Brembor a d'ailleurs pu
mettre à profit ses compétences acquises lors de son expérience à
la BGE en tant qu'accompagnateur de porteurs de projet. Deux ans
après, le résultat est aujourd'hui à la hauteur des ambitions de
Thomas Brembor, avec un site en amélioration continue.
« Pas besoin d'être militant pour adhérer au concept »
Cet
écolieu d'1,2 hectare, situé juste en face d'un marais et à deux
pas d'une forêt, propose six hébergements insolites. Et l'insolite
commence dès le bâtiment d'accueil, estampillé «Super Adobe»,
premier site en France à bénéficier de cette technique de
construction imaginée il y a 20 ans par un architecte iranien.
« Les murs sont constitués de 1 300 sacs remplis de terre et d'argile. La terre nordiste s'y prête d'ailleurs très bien ! C'est écologique en termes d'émissions grises et c'est une masse thermique : la terre emmagasine la fraîcheur la nuit et la redistribue. Résultat, en hiver, nous n'avons besoin que de très peu de chauffage. » Pour fabriquer ce bâtiment – qui sert aussi de lieu de restauration – Thomas Brembor a fait appel à des personnes venues de toute la France pour mettre la main à la pâte via un chantier participatif.
Doté
d'une microferme, d'une terrasse avec vue sur le marais, d'un
restaurant d'une trentaine de couverts qui se fournit avec les
récoltes du potager en permaculture... Ecoland compte donc six
hébergements insolites : un ancien container maritime, une tiny
house, une yourte, une bulle, un tipi et une kerterre (une habitation
en chanvre et en chaux). «Nous
avons ouvert en juin 2021. Malgré les restrictions l'an dernier, le
site a tout de suite plu. Les touristes veulent revenir à des choses
plus simples, proches de chez eux. Et ce sont d'ailleurs les locaux
qui sont nos premiers clients ! Les logements sont pleins au moins
deux mois à l'avance»
se félicite Thomas Brembor.
Un pôle recherche pour ancrer la démarche
Thomas
Brembor a de belles ambitions pour son Ecoland, qu'il souhaite à la
fois touristique, pédagogique mais surtout ancré dans des
convictions écologiques : « Notre
pôle recherche travaille à créer un écolieu de manière
scientifique : comment imaginer des bâtiments et des modes de vie
sans polluer et tout en préservant la planète ? La solution n'est
pas uniquement technique, il y a toute une organisation sociale à
mettre en place. »
À terme, il espère installer sur le site une maison autonome et partagée, low tech, où les habitants vivraient en auto-gestion. « Mais attention, on veut le faire de manière très sérieuse et pas du tout marginale. Il n'y a pas besoin d'être militant pour adhérer au concept », prévient-il. Dans ce laboratoire grandeur nature – porté par l'association Graine d'Evolution, créée par Thomas Brembor – il sera question d'organiser des ateliers et de tisser les prémisses d'une autre façon de vivre ensemble.