Emmanuel Macron au chevet de sa ville natale
En visite à Amiens le 6 avril, le ministre de l’Économie a affirmé vouloir mettre tout en œuvre pour « revitaliser un territoire qui a beaucoup souffert par le passé ». Des mesures plutôt bien accueillies par les acteurs économiques et élus locaux mais jugées insuffisantes par certains.
À la lecture des titres nationaux au lendemain de la visite d’Emmanuel Macron dans sa ville natale le 6 avril, tout porte à croire que la journée s’est résumée à l’annonce de la création de son nouveau mouvement politique “En marche” (voir encadré). Le ministre de l’Économie, après avoir tenu en haleine toute la journée les nombreux journalistes présents, n’a lâché le morceau que vers 20 heures. Ce n’est d’ailleurs pas à eux qu’il a réservé la primeur de cette annonce – la rencontre n’étant pas ouverte à la presse – mais aux 250 Amiénois reçus « à titre privé » ce soir-là à Mégacité dans le cadre d’une rencontre citoyenne. « Je voulais le faire à Amiens car je suis né ici, j’y ai une partie de ma famille et des attaches fortes », s’est justifié l’ancien élève du lycée la Providence. Des attaches qui l’ont sans doute orienté dans le choix du thème initial – mais passé inaperçu – de sa visite : l’innovation et le renouveau industriel. Un représentant spécial Après une visite du site amiénois Procter & Gamble (voir deuxième encadré), Emmanuel Macron était attendu en Préfecture de la Somme par une quarantaine d’acteurs économiques et élus locaux autour d’une table-ronde portant sur la revitalisation « d’un territoire qui a beaucoup souffert par le passé ». Au terme de cette rencontre à huis clos qui s’est déroulée « dans un climat serein et courtois », comme le précise Jacky Lebrun, président de la CCI Picardie, le ministre a dévoilé un plan destiné à redynamiser Amiens et sa région. Première mesure, la nomination d’un représentant spécial aux côtés du Préfet. « Un point d’étape sera effectué tous les deux mois pour s’assurer du bon suivi de la situation », a précisé le ministre. « C’est un délai suffisant mais pas rassurant car cela montre toutes les difficultés rencontrées notamment pour reclasser les salariés licenciés après une fermeture de site et pour mobiliser les fonds disponibles », estime Laurent Somon, président du conseil départemental de la Somme. « L’intention est bonne mais il faut que cette personne soit un accélérateur et non un ralentisseur. Elle ne doit donc pas court-circuiter la Métropole, les chambres consulaires etc. », ajoute Stéphan de Butler, vice-président du Medef Somme.
Un guichet unique Autre mesure, la création d’un guichet unique regroupant les aides publiques pour les entreprises et les porteurs de projets. « Le dispositif est trop complexe actuellement, il faut donc le simplifier », a indiqué le ministre. « Tout ce qui peut simplifier les démarches des entreprises va dans le bon sens », admet Laurent Somon. Stéphan de Butler se montre plus frileux : « Bien sûr, les chefs d’entreprises ne crachent pas sur les subventions. Mais ce qu’ils cherchent avant tout, c’est de la visibilité, de la simplicité et des marges de manœuvre. » Le viceprésident du Medef Somme estime par ailleurs que « cela doit se faire avec les chambres consulaires, ce sont les mieux placées pour assurer ces fonctions car elles prennent en charge la création d’entreprise de A à Z ». Un avis partagé par le principal intéressé, Jacky Lebrun : « Je regrette que la CCIR n’ait pas été impliquée dans ce dispositif, elle qui avait pourtant participé au plan de revitalisation de Goodyear. » À la mairie d’Amiens, Pascal Fradcourt, adjoint en charge du développement économique, se dit un peu « déçu » de la rencontre avec le ministre : « Il n’y a pas eu d’annonces fortes. Il y a pourtant des choses simples qui pourraient être mises en place pour améliorer l’attractivité du territoire ». L’élu propose, entre autres, d’organiser des conférences internationales à Amiens et que la ville soit aussi mieux représentée sur des salons extérieurs. « Il faut améliorer l’image de la ville, encore ternie par les émeutes de 2012 et le conflit Goodyear ». Un travail de titan qu’Emmanuel Macron suivra de près. Le ministre a promis de revenir « avant l’été ».