Enjeux et retombées économiques du canal Seine-Nord Europe
Organisée par la CCI d’Amiens, la réunion ayant pour thème initial les retombées économiques liées au canal Seine-Nord Europe a surtout permis de répondre aux interrogations et de rassurer les participants sur le ralentissement et l’envergure du projet.
Montrez que vous en avez envie ! » C’est par cette incitation qu’Alain Gest, président de Voies navigables de France (VNF), a interpellé les participants, chefs d’entreprise et agriculteurs pour la plupart. Le président de VNF était entouré par André Alexandre, directeur général de la CCI, Nicolas Bour, chef du projet Seine Nord-Europe, et Jean- Claude Ziza, chargé du développement aménagement auprès de VNF.
Aucun projet de grande envergure n’est programmé en Picardie, mis à part le canal. Pour rappel, sur 106 km prévus, plus de 80 traversent la région, et sur les quatre platesformes multimodales, trois sont situées en Picardie, dont deux dans la Somme, à Nesle et Péronne.
Démêler le vrai du faux
Alain Gest a tout d’abord démenti tout arrêt de ce projet déclaré d’utilité publique en 2008. Le calendrier actuel prévoit, selon le ministère des transports, le début des travaux en 2014 et la mise en service à l’horizon 2020, malgré le changement de gouvernement et le léger ralentissement dû à l’étude de tous les projets en cours.
Si l’annonce de Bouygues construction, le 29 août dernier, concernant la suspension de sa participation au dialogue compétitif a surpris, le président de VNF a assuré que le dialogue n’était pas rompu et a rappelé à quel point il est aujourd’hui difficile d’obtenir un prêt de 2 milliards à un taux intéressant pour une entreprise. La défiance des marchés semble avoir, en effet, considérablement compliqué le montage financier. Concernant le financement du canal, le partenariat public- privé prévoyait un financement à 50-50, soit 2,2 milliards pour le public et 2,1 milliards en provenance des partenaires privés, le coût initial étant estimé à 4 milliards. Beaucoup de voix se sont élevées pour exprimer « une estimation sous-évaluée », certains avançant même le chiffre de 6 milliards. Cependant, le coût serait aujourd’hui, selon Alain Gest, de 4,8 milliards, pas plus. Le projet sera à nouveau présenté au niveau européen pour demander ainsi une augmentation de la participation de la Commission européenne qui prévoyait à l’origine une subvention de 300 M€.
Source d’emplois
Les travaux devraient engendrer à eux seuls 4 500 postes. D’ici 2025, le gouvernement et les collectivités tablent sur la création de 25 000 emplois liés à l’industrie, la logistique, le transport, mais aussi le tourisme. Pour favoriser un recrutement sur le territoire, deux dispositifs, Canal emploi et Canal entreprise, sont en projet. Le premier, dans un premier temps, facilitera l’information et l’orientation des demandeurs d’emploi. Un site Internet entièrement dédié aux postes proposés sur les travaux du canal sera mis en place et chaque Pôle emploi bénéficiera d’un conseiller spécial “Seine-Nord Europe”. Le dispositif veillera dans un second temps à pérenniser les postes créés par le chantier. L’idée est de transformer une partie de ces emplois en emplois “logistiques”. Pour cela, les acteurs locaux seront mis à contribution afin de favoriser les formations de reconversion. Le second sera réalisé en partenariat avec les CCI et s’emploiera à rassembler un annuaire complet des entreprises et des industriels souhaitant s’impliquer soit dans la réalisation du canal, soit dans la mise en service des plates-formes multimodales. Autre axe de création d’emplois, le tourisme. Le projet compte sur le développement des croisières, l’aménagement de pistes cyclables le long du canal, la valorisation des écluses et des ponts, mais également le développement de véritables “pôles touristiques”.