ENTRETIEN AVEC FRÉDÉRIC MOTTE, CANDIDAT À LA PRÉSIDENCE NATIONALE
Après avoir annoncé en novembre dernier sa candidature à l’élection à la présidence nationale du Medef pour le mandat 2018-2023 et travaillé depuis à l’élaboration de son projet, Frédéric Motte, président depuis 2013 des Medef de Lille et des Hauts-de-France, vient de dévoiler son programme, “Ensemble, transformons le Medef”. Entretien avec ce « chef d’entreprise actif, engagé au service des entreprises, de sa région et de ses habitants ».
Picardie la Gazette : Où en êtes-vous dans votre démarche de candidat ?
Frédéric Motte : La route est encore longue avec, en premier tour en quelque sorte, le vote consultatif du conseil exécutif du Medef le 11 juin. Je viens de diffuser la version définitive de mon programme à tous les électeurs du Medef ainsi qu’à tous mes soutiens. Ce programme est le fruit d’un certain nombre de convictions, de valeurs, d’idées issues de mes années d’expérience comme élu territorial, président du Ceser, du Medef. Les nombreuses rencontres faites depuis décembre (plus de 200 rendez-vous à Paris et en province auxquels s’ajoutent tous ceux effectuées au titre de vice-président des territoires, fonction dont je dé- missionnerai peut-être le 4 mai, début de la campagne officielle) sont venus conforter – et parfois challenger – ma dé- marche.
P.L.G. : Comment s’est élaboré votre programme ?
F.M. : Mon programme est bâti autour du thème de campagne “Ensemble, transformons le Medef” avec à sa base un postulat : je crois à l’importance des corps intermédiaires et au paritarisme, mais il faut les revisiter. S’ajoutent ensuite trois thématiques de travail : RTE que j’utilise comme moyen mnémotechnique : “R” pour Rassemblement, “T” pour Transformation et “E” pour Engagement. Tout d’abord le rassemblement parce qu’il faut que notre mouvement se rassemble en interne, ce ne peut pas être les branches contre les territoires, Paris contre la province, les grands contre les petits, l’industrie contre les services… et en externe, à l’instar de ce campus de Marcq-en-Barœul qui est devenu le hub de l’entreprise où entrepreneurs se rencontrent avec des acteurs de l’enseignement, de la justice, ou encore des élus… Ensuite la transformation parce que les entreprises se transforment du fait de la révolution technologique, entraînant une évolution des modes de consommation, de distribution et de consommation, mais aussi du fait d’un rapport au travail qui change. Nous faisons face à de véritables enjeux : de modernité – ne serait-ce que pour améliorer notre image, de gouvernance – du fait de modes de consultations des adhérents et d’élections pas assez participatifs, et de services pour justifier de notre utilité. Au final, c’est un enjeu d’image car tous concourent à donner une image autre et moderne de notre mouvement. Enfin l’engagement. Je crois beaucoup au militantisme patronal, à l’engagement au service de ses pairs pour les représenter, les défendre, les animer. Je travaille à cette notion d’un Medef militant, éducateur et qui soit à la pointe de l’expertise et acteur du débat d’idées. Nous avons dorénavant un gouvernement qui a compris que c’est l’entreprise qui crée les emplois et la richesse, il faut donc que nous soyons le laboratoire des idées neuves au service des entreprises, des pouvoirs publics et de la société.
P.L.G. : Quelles sont vos propositions ?
F.M. : De toutes ces réflexions découlent trois blocs de propositions dont les têtes de chapitres sont “Pour un Medef plus représentatif de toutes les entreprises, de tous les territoires”, “Pour un Medef de services”, et enfin “Pour un Medef de dialogue et d’anticipation”. Parmi les idées fortes que je promeus, je veux insister sur la notion de laboratoire d’idées, celle de synergies avec les autres mouvements, qu’ils soient d’entrepreneurs ou syndicaux… Les entrepreneurs sont principalement préoccupés par les problèmes de recrutement, de formation et de fidélisation des talents. Toutefois, la fiscalité reste un élément de compétitivité. Je suis conscient que la situation des collectivités territoriales est compliquée. Le message que je leur fais passer est le suivant : donnez-nous en au moins pour notre argent. Pour avoir vécu le Medef de l’intérieur, je préconise d’y avoir des démarches “bottom-up”, c’est-à-dire ascendantes ou de la base vers le sommet, plutôt que “topdown”. Il ne faut plus se contenter de Paris, mais que les adhérents, les territoires, les branches, fassent remonter leurs propositions. Mettre ses collaborateurs en démarche “bottom-up”, c’est ce qu’on fait en entreprise. Ce que je défends et promeus pour le Medef, c’est un vrai projet d’entreprise, avec la conviction que tout cela assure la promotion d’une croissance vertueuse, équitable et durable. Si le sujet n’est pas partagé par tous, il est ancré en moi et motive mon engagement. Quand j’en parle, les chefs d’entreprise reviennent systématiquement vers moi pour l’appuyer. C’est une vague qui part du terrain et qu’on ne peut pas, que je ne veux pas, ignorer. D’autres sujets méritent questionnements et sont traités dans mon programme comme la présence du mouvement dans certains organismes paritaires où il n’est plus en mesure de faire des propositions, ou encore des engagements, par exemple l’aide à apporter aux territoires qui décrochent, l’accompagnement des entreprises vers l’international et l’innovation, l’amélioration des délais de paiement, la simplification de la vie quotidienne des entreprises et des entrepreneurs. Un autre enjeu important est l’organisation de notre mouvement. Elle doit être fédératrice, notamment autour de l’idée qu’il faut que le Medef se tourne résolument vers la notion de service client, qu’il accueille et fasse entrer dans ses instances davantage de jeunes, de femmes et de représentants des territoires. C’est autour de ces grands thèmes qu’a été rédigé mon programme.
P.L.G. : Comment êtes-vous perçu ?
F.M. : J’avance résolument dans ce projet, les portes s’ouvrent auprès des plus grands chefs d’entreprise, des présidents de grandes branches, des influenceurs nationaux qui ont bien compris les enjeux de transformation du Medef. À ceux qui se disent qu’il faut quelqu’un à même de mener le Medef en ne jouant pas sur le statu quo, je leur dis franchement que je veux avancer. De plus, pour que notre organisation puisse continuer à être représentative des chefs d’entreprise et à mobiliser, avoir un chef d’entreprise patron de PME, entrepreneur-créateur, avec mon expérience de militantisme, est quelque chose qui séduit. Maintenant, cela reste une élection.
Tous les contacts que j’ai sont positifs. Chaque rendez-vous débouche sur d’autres rendez-vous et visites de tous les territoires de France. Je vais prochainement “embrayer” avec la Bretagne, les Vosges, La Rochelle, etc. Un bon et beau tour de France ! Et tout cela engagé à bloc avec une équipe, des bénévoles, des contributeurs. J’ai organisé il y a quelques jours une séance de travail où plus de 80 acteurs sont venus de tous horizons (entrepreneurs, élus, académiques…) pour faire remonter leurs attentes. Je suis plus que jamais déterminé !