Et les intérimaires alors ?
Réussir le pari de la sécurité avec les collaborateurs intérimaires, tel était le thème d’une des rencontres organisées par le CESTP-Aract Picardie, dans le cadre de la dixième Semaine pour la qualité de vie au travail, à la chambre de commerce et d’industrie d’Amiens-Picardie.
Courant juin, Dominique Bernichon, président du CESTPAract et secrétaire général de la CFDT Picardie, remettait un trophée à la SARL Euro Deal France représentée par Daniel Chenal, directeur du service entreprises de la CCI Amiens-Picardie, pour ses actions en faveur de l’intégration et l’amélioration de la prévention des risques de ses salariés intérimaires. Durant cette même semaine, l’agence d’emploi basée à Amiens tenait une conférence sur la sécurité des intérimaires. Véritable actrice de l’emploi de proximité, l’agence Euro Deal d’Amiens a développé un partenariat avec les entreprises au sein desquelles elle place ses collaborateurs intérimaires. Ces entreprises étant le plus souvent en démarche de certification sécurité, Euro Deal a mis en place des outils pour faciliter l’intégration des intérimaires et améliorer leur culture sécurité et leurs réflexes de prévention. En effet, l’on constate chez les intérimaires que la fréquence et la gravité des accidents de travail sont deux fois plus grandes que celles de l’ensemble des travailleurs. La période qui suit l’embauche est sensible pour les salariés car ils ont davantage d’accidents que leurs collègues déjà intégrés. L’absence de repères, le manque d’information sur les dangers et le manque d’expérience aussi sont autant de facteurs qui rendent le “nouveau” vulnérable. Les salariés intérimaires – hommes, femmes, jeunes ou moins jeunes – se trouvent en situation quasi permanente de nouvel embauché. « Pourtant les obligations d’accueil et de formation au poste du travailleur intérimaire auxquelles l’entreprise utilisatrice est soumise visent à limiter ces facteurs de risque. Notre principale préoccupation à nous, agence d’emploi, c’est également la sécurité et la santé au travail. La qualité de vie au travail n’est pas un gadget mais contribue aussi à améliorer la performance de l’entreprise », assure Valérie Drazdzynski, responsable développement Nord d’Euro Deal, membre du club sécurité de la chambre de commerce et d’industrie d’Amiens-Picardie depuis un an.
Pour limiter les facteurs de risque
L’entreprise utilisatrice doit donc assurer l’accueil du travailleur et mettre à sa disposition les consignes générales de sécurité. Mais aussi le former au poste de travail avec une formation renforcée à la sécurité pour les postes à risques particuliers. Et enfin, lui accorder une attention particulière tout au long de la mission. « Nous, agence d’emploi, sommes tenus de nous assurer que les intérimaires sont munis du matériel de sécurité, chaussures, casque…, et qu’il ne soit pas supporté financièrement par les intérimaires eux-mêmes. Notre rôle est d’apporter toutes les informations et conseils utiles aux PME et TPE pas toujours structurées. La notion de proximité avec l’entreprise est donc très importante », souligne la responsable d’Euro Deal qui, de la charte d’engagement sécurité au suivi médical en passant par les tests ludiques “Mission sécurité”, est présente à chaque étape de la mission. « Le respect de la réglementation ne suffit pas à se prémunir des accidents. De plus, le droit de retrait existe. Mais il est toujours difficile pour un intérimaire d’en user de peur de ne pas revenir le lendemain », rétorque un représentant de Colas Nord Picardie. « Cela arrive parfois que l’intérimaire demande un droit de retrait. Le mieux avant d’en arriver là est de parler à son chef, au service de sécurité et à l’agence d’emploi », répond-on du côté d’Euro Deal. Il est donc bien terminé, semble-t-il, le temps où l’intérimaire pouvait prendre des risques avec sa sécurité dans l’espoir d’être embauché.