Evertree inaugure son centre de R&D à Venette
Cette jeune start-up veut remplacer les résines toxiques utilisées par l’industrie du bois par un résidu obtenu à partir du colza.
Hébergée depuis un an au sein de la SAS Pivert dansle parc technologique des Rives de l’Oise, à côté de Compiègne, Evertree, emploie 15 personnes, et est une des très nombreuses entreprises, qui en 27 ans en ont fait le premier centre européen de recherche dans l’oléochimie, ou chimie renouvelable. C’est à Venette, en 1991, que le biodiesel fut inventé. Le 10 juillet dernier, Fabrice Garrigue, le président d’Evertree, a exposé le défi de l’entreprise dont le groupe Avril, (ex Sofiprotéol) est un de ses partenaires financiers avec la BPI : la protéochimie, autrement dit la chimie des protéines végétales.
- Les panneaux de bois, utilisés en construction et en ameublement, en sont une première utilisation très concrète. L’objectif, c’est de pouvoir s’en passer ou de permettre d’en réduire la part. » En effet, la résine normalement utilisée pour agglomérer les copeaux de bois, le formal-déhyde, a été déclarée cancérigène par l’OMS dans les années 1990. Les fabricants de panneaux de bois sont donc à la recherche d’une solution moins dangereuse.
- L’industrie du bois est coincée avec une matière première toxique », explique Michel Boucly, directeur général délégué du groupe Avril.
Tous ont pris l’engagement de bannir ces résines, mais aucune alternative n’a encore été trouvée. Le centre d’innovation d’Evertree a découvert le tourteau de colza, un résidu solide obtenu après extraction de l’huile de la graine, destiné à la nutrition animale. Cette substance naturelle, transformée en poudre, permettrait de remplacer les résines toxiques à hauteur de 20 à 40%. Même si l’on est encore loin des 100%, cette innovation n’est pas marginale, c’est une vraie rupture.
Associer le monde agricole
Michel Boucly poursuit : « Le colza est une plante qui contient 44% d’huile et 56% de tourteau. Aujourd’hui, Il y a 8% de colza dans le gasoil, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. C’est une obligation faite aux pétroliers. Notre projet est d’une ampleur jamais vue depuis 15 ans, c’est aussi un message politique vis à vis de l’agriculture souvent taxée de pollueur et qui va contribuer à s’intégrer dans l’environnement et par conséquent lever ce tabou. Nous avons rencontré 90% des fabricants nord-américains et européens. Cinq d’entre eux, soit, 90% du marché, sont intéressés. Le principal argument pour les convaincre est économique, car la solution écologique est moins chère, moins 10% dans la fabrication des panneaux, comparé à l’alternative pétrochimique, polluante. » L’un des objectifs d’Evertree est aussi la création d’une usine qui pourrait être à proximité du Havre, à l’horizon 2020, un lieu stratégique pour l’exportation vers les États-Unis. Compiègne n’a pas non plus été choisie au hasard : l’UTC et l’institut d’innovations Pivert permettent à l’entreprise de trouver des appuis, sa proximité avec l’aéroport Charles-de-Gaulle est également un atout. La commercialisation du pro-duit est prévue fin 2017.