Evolis présente ses vœux pour une fabrique de l'Industrie française
Réindustrialisation, décarbonation de l'industrie … Evolis, qui représente les entreprises qui « fabriquent l'industrie » en France, appelle le gouvernement à mieux soutenir les écosystèmes locaux.
Quel est ce secteur peu connu qui pèse 19 milliards d'euros ? Le 9 janvier, Evolis, qui représente quelque 600 entreprises, producteurs d'équipements pour la construction, d'équipements de manutention, d'équipements fluidiques et de machines et solutions pour la production industrielle, tenait une conférence de presse, à Paris, pour présenter ses vœux. Et aussi, faire entendre sa voix sur des sujets stratégiques. Car le secteur est « caché, trop caché », estime Jean-Claude Fayat, président de l'organisation, qui souligne son rôle « d'offreur de solutions » pour les enjeux actuels cruciaux : réindustrialisation et décarbonation de l'industrie.
Sur ce dernier sujet, en particulier, « nous sommes souvent en avance sur les donneurs d'ordre », estime Jean-Claude Fayat. Olivier Dario, délégué général de l'association, note que les clients se cantonnent souvent à une approche « très transactionnelle, focalisée sur les prix ». Illustration avec Montabert, spécialiste des perforateurs hydrauliques pour mines, carrières et travaux publics (500 salariés environ, 149 millions d’euros de chiffre d'affaires). La société s'est engagée dans la voie du reconditionnement et Christine Champoiral, sa directrice générale, regarde avec intérêt à l'économie de la fonctionnalité (vendre des heures de percussions des roches au lieu d'une machine). « Il nous arrive de revendre trois fois le même équipement reconditionné et assorti des mêmes garanties . C'est un défi technologique. En effet, nous faisons de la mécanique de précision. Nos équipes de recherche et développement sont donc très impliquées pour écoconcevoir les pièces et en améliorer la réparabilité . Mais le défi est aussi économique. En dépit de nos efforts, notre offre circulaire représente 2% du chiffre d'affaires. En dehors des périodes de pénurie, les donneurs d'ordre préfèrent les produits neufs. Ou bien ils attendent des nouvelles solutions un écart de prix important, alors qu'elles impliquent des coûts réels », explique-t-elle.
Evolis plaide donc pour une « collaboration très forte » selon les mots d'Olivier Dario. Celle-ci se concrétise parfois. Comme dans le cadre de la filière de la construction engagée dans la décarbonation de ses activités, sous l'égide du ministère de la Transition écologique. Avec quatre autres organisations du secteurs, dont la FFB, Fédération française du Bâtiment, Evolis est impliquée dans les travaux pour trouver des solutions afin de décarboner le parc des matériels et engins utilisés par les entreprises du secteur.
Industrialiser. Oui, mais ailleurs !
Sur le sujet de la réindustrialisation, Evolis porte un regard favorable sur le principe des dispositifs publics de relance (France 2030), moins sur leur concrétisation. « Des choix ont été faits au nom de l'efficacité économique, au détriment d'une forme de souveraineté », estime Fabien Vincentz, président de Marposs, spécialiste des solutions de mesure, inspection et tests, et vice-président d’Evolis, évoquant le cas des gigafactories de batteries implantées dans les Hauts-de-France. Pour une mise en place accélérée, les donneurs d'ordre ont eu recours à des sous-traitants étrangers. Or, « Il n'y a pas de souveraineté économique possible sans écosystème industriel », souligne Fabien Vincentz. Aujourd'hui, Evolis fait partie de Upcell Alliance, un consortium européen créé en 2022. Il rassemble des acteurs européens des secteurs industriel et académique de la chaîne de valeur des batteries électriques. Avec pour objectif de « devenir l’écosystème industriel de référence » pour les fabricants de batteries électriques en Europe, d’ici 2030. « Il faut soutenir la fabrication industrielle sur nos territoires (…) Nous avons besoin de visibilité », plaide Jean-Claude Fayat.
En avril prochain, en Île-de-France, se tiendra le salon Intermat, Salon international des équipements et technologies durables pour la filière de la construction et des travaux Publics et dont Evolis est l'un des organisateurs. « Ce salon n'a jamais été inauguré par un politique de premier niveau, alors qu'ils se rendent tous au salon de l'agriculture », note Jean-Claude Fayat. Pour lui, la manière dont l'Allemagne regarde à son industrie constitue un exemple à suivre. Et de fait, la structuration des marchés d'Evolis laisse à penser : ses entreprises réalisent 60% de leur chiffre d’affaires à l'export, un pourcentage qui grimpe dans certains cas au-dessus des 90%, comme dans le cas de Montabert.