Forces et faiblesses des Hauts-de-France
Quels sont les atouts des Hauts-de-France et les défis que doit relever la région ? L’Insee Hauts-de-France et le Secrétariat général aux affaires régionales (Sgar) ont établi un tour d’horizon économique de la région, qui joue un rôle économique majeur.
Des atouts, la région en possède plusieurs à son actif : un rôle économique majeur grâce à un tissu industriel dense et au développement de la logistique (la région est la troisième de France dans ce secteur, avec 4,8% des effectifs régionaux), des secteurs d’activités emblématiques comme la fabrication de matériels de transport – première région pour l’industrie ferroviaire et deuxième pour l’industrie automobile – ou encore la métallurgie et l’industrie chimique (troisième région de France). L’autre grande force de la région, c’est sa façade maritime, qui génère de nombreuses activités grâce à ses trois ports : Boulogne-sur-Mer (premier port de pêche français), Calais et Dunkerque (troisième port français pour le tonnage total de marchandises).
DES ACTIVITÉS QUI SE DÉVELOPPENT
« Les entreprises de la région ont de plus une structure financière globalement saine et tiennent le cap, elles ont continué à investir malgré la crise », complète Sébastien Terra, chef adjoint du service Études et diffusion de l’Insee Hauts-de-France. Sans compter les activités qui elles se développent, à l’image de l’économie numérique qui a connu une croissance de 4,8% entre 2009 et 2014 et concentrent 2% de l’emploi régional. Le secteur tertiaire est lui aussi en plein essor : si on constate une moindre présence des activités de R&D, les activités de sièges sociaux, de contrôle et de gestion jouent eux un rôle important. Le secteur représente 9,5% de l’emploi régional (en-de- çà des 10,5% affichés en province) et affiche une croissance de 3% entre 2009 et 2014. Avec 23% des emplois salariés contrôlés par les centres de décisions régionaux, les Hauts-de-France se placent également en tête des régions de province pour l’influence de ses sièges sociaux, notamment dans le secteur du commerce. « C’est une donne historique, explique Sébastien Terra. Les sièges sociaux sont nombreux en particulier sur Lille, avec de grands tels qu’Auchan ou Leroy Merlin. Ce qui confère à la région un rayonnement particulier. » Avec parallèlement ce qui pourrait être apparenté à un paradoxe : la région est davantage dé- pendante de l’extérieur que la plupart des autres régions de France, « le poids des groupes étrangers y est important, comme Arcelor ou Procter & Gamble côté industrie, et Toyota et Bombardier pour les transports. Ce n’est pas la seule spécificité de la région, sa position transfrontalière la rend attractive, et de fait dynamique. Elle a une très forte capacité endogène de rebond et de résilience, et ce depuis des décennies, malgré un tissu économique qui a souffert », analyse Sébastien Terra.
En 2014, le PIB des Hauts-de-France s’élevait à 154 milliards d’euros, soit 7,3% du PIB de la France métropolitaine. Sans grande surprise, la création de richesses et les activités à haute valeur ajoutée se concentrent sur la métropole lilloise, avec pour ces dernières 47% des effectifs régionaux. « Si la région atteint la quatrième place en termes de création de richesses, elle a encore quelques dé- fis à relever : sa croissance économique demeure modeste. Depuis 25 ans le PIB est de 1% contre 1,4% pour les autres régions hors Île-de-France, et ses performances à l’export (14% du chiffre d’affaires des entreprises régionales réalisé à l’étranger), un peu en-deçà de celles des autres régions transfrontalières », note Sébastien Terra qui impute cette situation à « la nature du tissu économique encore dominé par des activités de fabrication plus que de conception ». C’est un des défis à relever par les Hauts-de-France : passer de “région atelier” à une région tournée vers la maîtrise d’ouvrage. « L’économie régionale doit également monter en gamme, et accroître la valeur ajoutée de ses activités pour le bien de l’emploi », assure Sébastien Terra.