Conjoncture
Hauts-de-France : une agriculture en quête de résilience
Dans une note de conjoncture, la Direction régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt (DRAAF) Hauts-de-France fait le bilan de la campagne agricole en 2023. Le contexte géopolitique et les différentes crises successives ont marqué l'agriculture régionale, qui cherche désormais un équilibre.
Dans son rapport, la DRAAF
Hauts-de-France pointe les points pénalisants et les dynamismes de
chaque filière de l'agriculture régionale. Et le bilan général
est la quête de résilience de ce secteur d'activité, soumis aux
conditions météorologiques changeantes, au contexte géopolitique
mais aussi aux différentes lois nationales, cause du mécontentement
des professionnels.
Globalement, le contexte géopolitique
des marchés des grains, particulièrement marqué en 2022 par le
début de la guerre en Ukraine, reste suspendu aux effets liés de
près ou de plus loin à ce conflit. En céréales, la compétitivité
des origines russes pèse fortement sur le dynamisme des filières
européennes et française. Le choix des producteurs d’oléagineux
d’augmenter les surfaces par rapport à la campagne précédente,
n’a pas été couronné de succès, en raison d’une récolte très
décevante, suite à des conditions météorologiques défavorables.
Ces conditions ont d’ailleurs d’autres conséquences, compliquant
la récolte des céréales, pénalisantes pour les productions
légumières et la pomme de terre, mais plus favorables pour la
production d’herbe et de cultures fourragères en région. La
betterave industrielle bénéficie de rendements corrects, même si
les précipitations de l’automne en gênent la récolte.
Quant aux productions animales, elles
cherchent leur équilibre, entre une diminution de l’abattage des
gros animaux ou une collecte de lait de vache mesurée, des prix au
stade de la production sous pression, mais des coûts des moyens de
production stabilisés ou en baisse. Les activités du port de pêche
de Boulogne-sur-Mer lui permettent de consolider sa première place
nationale.
La part de SAU en céréales poursuit son recul
Si elle reste la sole majoritaire en
Hauts-de-France, la part de surface agricole utilisée (SAU) pour les
céréales poursuit sa baisse enregistrée ces dernières années. Un
peu moins de 1,030 million d’ha leur est consacré en
2023 contre un peu plus de 1,048 million d’ha en 2022. La même
tendance est observée pour la betterave industrielle et la pomme de
terre, qui baissent dans le même temps de 199 000 ha à 189 300 ha
et de 122 200 ha à 117 900 ha.
La DRAAF Hauts-de-France note encore que
les protéagineux et surtout les oléagineux, portés par des
conditions de marchés économiques favorables affichent quant à eux
une évolution en hausse, passant respectivement de 24 000 ha à 30
500 ha et de 144 500 ha à 156 600 ha entre 2022 et 2023.
La pluie et la sécheresse bouleversent les productions
Dans le détail, la récolte 2023 des
céréales à paille, entrecoupée par les précipitations en
Hauts-de-France, offre des rendements hétérogènes mais globalement
supérieurs aux valeurs moyennes quinquennale et décennale.
Cependant, les grains français et européens subissent la
concurrence russe sur les marchés. Pour le colza, par rapport à
2022, les surfaces sont en hausse en 2023, mais les rendements « sont
décevants en région ». Malgré une fermeté latente, les
cours des oléagineux sont sous pression. Le maïs connaît quant à
lui une campagne satisfaisante pour les ensilages en termes de
rendements moyens, après une période de semis contrariée par les
pluies, puis des conditions de cultures humides au cœur de l’été
et douces en fin de période de développement végétatif.
Du côté des cultures herbagères,
elles connaissent de bon rendements mais des conditions de récolte
délicates en raison des précipitations. Les surface de la betterave
industrielle sont en retrait par rapport à 2022. Les rendements sont
corrects, en dépit d’une récolte rendue difficile toujours par
les précipitations abondantes en région. La pomme de terres subit
les mêmes conséquences des conditions météorologiques : les
surfaces féculières sont inférieures à celles de 2022, au
contraire des surfaces dédiées à la consommation, en hausse. Les
rendements 2023 sont satisfaisants, même si les aléas
météorologiques et les inondations hypothèquent la fin de récolte.
L'endive reste un secteur en souffrance et de nombreux défis sont à relever pour les professionnels. La faiblesse des volumes produits soutient les cours, sur la fin de la campagne 2022-2023, comme sur le début de campagne 2023-2024. Les précipitations importantes de l’automne 2023 perturbent la récolte des racines et affectent leur qualité et leur potentiel de production. Le choux fleurs subit également la météo : si la DRAAF enregistre des conditions de culture favorables à la production, les précipitations exceptionnelles ont empêché les dernières récoles. Le marché et les prix se montrent, par conséquent, volatils. Du côté de la viande bovine, les abattages sont en recul en région par rapport à 2022. La viande issue des cheptels laitiers constitue le contingent le plus important. L’ensemble des cours reste élevé, mais une tendance baissière ramène les prix de vente de la viande des cheptels allaitants et des jeunes bovins proches des valeurs de fin 2022. Le cours moyen de la viande laitière de réforme amorce une chute plus importante à partir de septembre.
La viande porcine connaît un autre
trajectoire : la production en 2023 est supérieure à celle de
2022, en particulier durant le printemps et l’été. Les cours sont
très supérieurs aux références de 2022 jusqu’en septembre puis
ils s’alignent sur les niveaux de l’année précédente, mais
restent supérieurs aux valeurs moyennes quinquennales.
Enfin, la production laitière est en
repli par rapport à la campagne précédente. Le prix du lait est
supérieur à celui de la campagne précédente et la production
issue de l’agriculture biologique est mieux valorisée. Pour les
produits de la mer, c'est une bonne nouvelle : les résultats,
tant en tonnage qu’en chiffre d’affaires permettent au port de
Boulogne-sur-Mer de consolider sa première place nationale pour les
pêches.