L’agritech cherche des solutions à la sécheresse
Au Salon International de l’Agriculture, des start-up présentaient les solutions qu’elles tentent d’apporter au problème de la gestion de la ressource en eau, tandis que la sécheresse hivernale fait déjà peser de lourdes menaces sur les prochaines récoltes.
« On sait qu’on sera confrontés à des problèmes de raréfaction d’eau. Plutôt que de s’organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d’usage, on doit planifier tout cela », a déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, le 25 février, lors de sa visite au Salon international de l’Agriculture. Ce début d’année, plus de trente jours consécutifs sans pluie n’ont pas permis de faire remonter le niveau des nappes phréatiques, laissant augurer un été encore plus difficile que celui de l’an dernier. Sobriété, tel sera le mot d’ordre… Plusieurs fois repoussé, un plan national public pour la gestion de la ressource en eau devrait être bientôt annoncé. Et les start-up cherchent aussi des solutions à ces difficultés toujours plus prégnantes.
Sur le salon, regroupées sous l’égide de l’association de la Ferme digitale, une soixantaine de jeunes pousses présentaient des solutions de nature très diverse : biotechnologies, financement participatif, objets connectés, et aussi agriculture de précision. Cette dernière peut apporter des progrès dans le sens de l’indispensable sobriété de l’utilisation des ressources en eau. « Irriguez au bon endroit, au bon moment », promet, par exemple, Weenat sur son stand. La société, fondée en 2014 par un petit-fils d’agriculteur, permet de suivre l’état hydrique des parcelles, et d’optimiser ses tours d’eau, ce qui permet d’économiser la précieuse ressource.
La clé de l’urine
A quelques pas du stand de Weenat, une autre start-up, Toopi Organics, fondée en Gironde en 2019, propose un dispositif qui agit positivement à deux titres sur le problème de l’eau. D’une part, il permet de réduire le gaspillage actuel de cette ressource (hors agriculture). D’autre part, il
promet une majeure sobriété (dans l’agriculture). Le principe revient à un fonctionnement très ancien… Il s’agit de récupérer l’urine humaine pour la transformer en un produit stimulant pour les plantes. « Notre constat, à la base, est qu’il est aberrant d’uriner dans l’eau potable. En Europe, en un an, 6 000 milliards d’eau potable sont utilisés pour évacuer 200 milliards de litres d’urine… », explique François Gérard, porteur de projet Belgique de Toopi Organics.
La société a mis en place des dispositifs d’urinoirs spéciaux en partenariat avec des acteurs comme Vinci, gestionnaire d’autoroutes, ou la société VC Loc, expert en location de toilettes mobiles (60 m3 d’urine récupérée à la Fête de l’Humanité). L’urine est retraitée dans l’usine de recyclage de Loupiac-de-la-Réole (Gironde) pour produire un « bio-stimulant microbien urino-sourcé ». Le produit phare, Lactopi StartTM est utilisé au moment du semis. « Cela stimule le développement racinaire », précise François Gérard. Les effets bénéfiques sont multiples : la plante assimile mieux les engrais, diminuant d’autant la nécessité d’en ajouter. Et aussi, elle interagit mieux avec les champignons contenus dans le sol, diminuant ses besoins en eau durant la période sèche. Un produit d’avenir…