L'école de production O'Tech Sud Oise soutenue par l'État
La ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, s'est rendue, le 23 novembre, à O'Tech Sud Oise, l'école de production de l'Oise, installée à Compiègne et en activité depuis le 15 septembre, pour annoncer le soutien de l'État dans le cadre du plan France Relance. Lauréate de l'AMI, O'Tech bénéficiera du fonds d'accélération des investissements industriels et représente une des solutions pour la reconquête industrielle de la France tant en termes de compétences qu'en termes d'image des métiers.
En pleine Semaine de l'industrie, la ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher a visité O'Tech Sud Oise, l'école de production devenue le symbole d'un renouveau industriel et d'une nouvelle façon d'apprendre. Car le Gouvernement vise la réindustrialisation des territoires et entend répondre aux difficultés de recrutement que rencontrent les industriels, la faute à une mauvaise image de l'industrie et des formations trop peu mises en avant.
Et les industriels se sont rassemblés pour innover et former les futures compétences. À l'image de O'Tech Sud Oise : présidée par Laurent Bataille, PDG de Poclain Hydraulics à Verberie, elle a été impulsée par deux autres industriels de la région, Didier Lézier, président de constructions mécaniques de Chamant, et Emmanuel Omont, directeur de Safran Aerosystems à Compiègne.
« C'est un long chemin mais je remercie aujourd’hui les mécènes et le Gouvernement qui nous soutiennent pour former des jeunes, les aider mais aussi aider l'industrie française », a commenté Laurent Bataille.
Parce que si la Fédération Nationale des Écoles de Production existe depuis 20 ans, c'est depuis 2017 que des mécènes ainsi que l'État impulsent une nouvelle dynamique. France Relance, France Active ,la Région Hauts-de-France, le Département de l'Oise, l'Agglomération de la région de Compiègne mais aussi la Fondation Crédit Agricole et Total Énergie – qui finance en grande partie les écoles de production en France – ont rejoint cette aventure, aux côté de Proméo et l'UIMM.
« Nous soutenons l'école de production car c'est adapter des solutions pour les jeunes et l'ambition est de créer une école par département. Pourquoi l'industrie a-t-elle une si mauvaise image ? Ces écoles sont pour nous une des solutions », a noté Manoelle Lepoutre, directrice du Développement durable et de l'environnement chez Total Énergie, qui a rappelé que 60 millions d'euros sur dix ans sont destinés à déployer ces écoles en France.
Autre financement annoncé pour l'école O'Tech Sud Oise, celui de l’État qui accordera un fonds d'accélération des investissements industriels dans le cadre de l'Appel à à manifestation d'intérêt (AMI) du plan France Relance.
Une réponse aux besoins du territoire
Dix-huit mois de travail et 55 réunions auprès des jeunes auront fallu pour créer O'Tech Sud Oise qui dispose de deux sections d'apprentissage, usinage et chaudronnerie. Et c'est un bon démarrage car 30 élèves ont intégré l'école, formant du CAP au bac pro. Et ce n'était pas une mince affaire car recruter des jeunes « est difficile et reste un gros défi », a rappelé Olivier Lemaire, de Poclain Hydraulics, qui a travaillé sur ce projet.
Ces deux filières n'ont pas été choisies au hasard car des compétences sont recherchées dans la région et représentent deux métiers en tension. « Je soutiens ce projet depuis le départ et c'est une aubaine pour trouver de futures compétences », a noté Philippe Marillaud, président de Votat, spécialiste en découpage de métaux à Pont-Sainte-Maxence.
« On ne peut pas vouloir une reconquête industrielle sans talent », a précisé la ministre de l'Industrie, annonçant par ailleurs qu'à date, « 70 000 emplois sont à pouvoir dans l'industrie en France et 220 000 décisions de recrutement sont enregistrées pour l'année à venir » tout en précisant que « 80 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme ».
L'école de production répond aussi à un autre enjeu : celui de l'insertion professionnelle des jeunes grâce à l'apprentissage. Chez O'Tech Sud Oise, les élèves apprennent différemment. Entre le lycée professionnel et le monde de l'industrie, l'école de production forme les jeunes sur des machines, dans un atelier, à raison de 24 heures par semaine, le reste étant consacré aux cours théoriques.
Les apprenants sont aussi confrontés au monde de l'entreprise car les pièces fabriquées de leurs mains sont vendues à de réels clients (qui représentent un tiers du budget du fonctionnement de l'école).
« L'école de production est une excellent première étape, a expliqué Jean-Hugues Laurent, directeur de O'Tech Sud Oise. Nous voulons changer le regard des jeunes sur l'industrie, nous avons des machines anciennes mais aussi numériques, et ça parle aux jeunes. »
Cette façon d'apprendre séduit les jeunes, dont la fierté se lit sur toutes les lèvres. « Faire quelque chose de ses mains, c'est ça qui est intéressant, a expliqué Antoine, 15 ans, élève à O'Tech Sud Oise, côté usinage. Et ici, on agit, on ne reste pas à écouter des cours. » En marge de la visite, Thomas montre avec fierté les cale-portes en pleine fabrication. « Ce que l'ont fait sert aux gens », a-t-il souri.
Une nouvelle image
Et cette fierté est au centre de tout ce système. Susciter un nouvel élan et un enthousiasme pour les métiers industriels telle est l'ambition de l'école de production. Car pour intégrer une industrie, il faut donner l'envie aux jeunes, leur montrer que l'industrie a évolué, s'est automatisée et qu'ils font partie intégrante d'une nouvelle dynamique à l'échelle d'un territoire et, plus largement, à l'échelle du pays.
« Ces écoles montrent qu'il y a mille et une façons de réussir et différentes façons d'apprendre, a noté Agnès Pannier-Runacher. Cette école est une façon de répondre à ce défi et les résultats sont formidables car 100% d'insertions sont enregistrées et cinq à six offres d'emplois sont disponibles à la sortie de l'école. »
Le Gouvernement a donc décidé d'aider l'implantation de ces écoles avec comme objectif de doubler leur nombre d'ici fin 2023 et ce dans 13 nouveaux départements. La ministre a aussi indiqué que 34 nouvelles écoles de production allaient être lancées dans les prochains mois, à la suite d'un appel à manifestation d'intérêt et avec un accompagnement de l’État et de la Banque des territoires. Elle a évoqué un « effort total d'un peu plus de cinq millions d'euros qui va s'intensifier dans les prochaines années ».
L'apprentissage, comme voie d'excellence ? C'est en tout cas une excellente opportunité pour les jeunes, qui, à travers ces nouvelles méthodes d'apprentissage, trouvent une vocation.
Les résultats de l'Appel à manifestation d'intérêt
Durant cette visite, La ministre chargée de l'Industrie a dévoilé les noms des lauréats de l'Appel à manifestation d'intérêt dans le cadre du plan France Relance. Au total, 24 projets ont été élus. En Picardie, deux autres projets dans l'Aisne sont concernés pour une aide à l'ingénierie : Le Pays de Thiérarche pour la chaudronnerie et Château-Thierry pour l'usinage.