Cour de Cassation
L’entreprise et les salariés
Revue de récentes décisions de la Cour de cassation en matière de droit du travail.
Rémunération : convention de forfait
La rémunération au forfait ne peut résulter que d'un accord entre les parties. La convention de forfait doit déterminer le nombre d’heures correspondant à la rémunération convenue, celle-ci devant être au moins aussi avantageuse pour le salarié que celle qu’il percevrait en l'absence de convention, compte tenu des majorations pour heures supplémentaires. Par ailleurs, il appartient à l'employeur qui se prévaut de l’existence d’une convention de forfait d’en apporter la preuve. (Cass soc., 9 décembre 2020, pourvoi n° 19-11519)
Rémunération : prime
Lorsqu'une
prime constitue la partie variable de la rémunération versée au
salarié en contrepartie de son activité, elle s'acquiert au prorata
du temps de présence du salarié dans l'entreprise, au cours de
l'exercice. (Cass soc., 16 décembre 2020, n° 19-12209)
Santé au travail : harcèlement moral
Pour
se prononcer sur l'existence d'un harcèlement moral, il appartient
au juge d'examiner l'ensemble des éléments invoqués par le
salarié, en prenant en compte les documents médicaux éventuellement
produits, et d'apprécier si les faits matériellement établis, pris
dans leur ensemble, permettent d’en présumer l'existence.
Dans l'affirmative, il lui
revient d'apprécier si l'employeur prouve que les agissements
avancés par le salarié ne sont pas constitutifs d'un tel
harcèlement et que ses décisions sont justifiées par des éléments
objectifs étrangers à tout harcèlement. (Cass soc., 09 décembre
2020, pourvoi n° 19-13470)
Licenciement : association
Il
entre dans les attributions du président d'une association, sauf
disposition statutaire attribuant cette compétence à un autre
organe, de mettre en oeuvre la procédure de licenciement d'un
salarié. (Cass soc., 2 décembre 2020, pourvoi n° 19-20508)
Licenciement :
accident du travail
Le licenciement intervenu pendant une période de suspension du contrat de travail consécutive à un accident du travail, et motivé par l'absence ininterrompue du salarié à l'origine de graves perturbations dans le fonctionnement de l'entreprise, rendant nécessaire son remplacement définitif est nul, car prononcé pour un motif autre que ceux limitativement énumérés par l'article L 1226-9 du Code du travail. (Cass soc., 9 décembre 2020, pourvoi n° 19-19273)
Temps de travail : contrôle
Le
recours à un dispositif de géolocalisation pour
contrôler le temps de travail du personnel d’exploitation
itinérant n’est pas justifié s’il existe des dispositifs moins
intrusifs au sein de la société. (Cass soc., 16 décembre
2020, pourvoi no 19-10007)
Changement de poste : période probatoire
Ayant
constaté que la décision de l’employeur de mettre fin à la
période probatoire était fondée sur une inaptitude du salarié à
exercer ses nouvelles fonctions, la cour d’appel a pu en déduire
que l’employeur, qui ne se prévalait pas d’un comportement
fautif du salarié, n’avait pas pris une mesure
disciplinaire. (Cass soc.,16 décembre 2020, pourvoi
no 19-14314)
Contrat de travail : changement d’employeur
Sauf
application éventuelle de l’article L 1224-1 du Code du
travail (modification
de la situation juridique de l’employeur),
le changement
d’employeur prévu et organisé par voie
conventionnelle suppose l’accord exprès du salarié, qui ne
peut résulter de la seule poursuite de son contrat de travail sous
une autre direction. (Cass soc., 16 décembre 2020, pourvoi
no 19-14824)
Préavis : indemnité
L’inexécution du préavis ne peut entraîner aucune diminution du salaire et des avantages que le salarié aurait perçus s’il avait travaillé. Une cour d’appel ne saurait donc calculer l’indemnité compensatrice de préavis en fonction du salaire mensuel brut du salarié, sans tenir compte de l’avantage en nature prévu par son contrat de travail, au titre d’une voiture de fonction, et valorisé 500 euros par mois. (Cass soc., 16 décembre 2020, pourvoi no 19-12760)