Intelligence Artificielle

L'IA dans les transports : à l'UTC, une rencontre pour penser l'avenir

Au cœur du premier rendez-vous de l'intelligence artificielle de l'Université de Technologie de Compiègne (UTC), la question du transport était au programme, vendredi 20 septembre dernier, au Centre d'Innovation de l'UTC, autour de conférences, d'une table ronde et de démonstrations de véhicules et de drones autonomes. Quel est l'avenir de l'IA dans les transports ?

Kenza Harkouken Saiah, responsable du programme R&D program et du pôle AI & Data Science chez Alstom.
Kenza Harkouken Saiah, responsable du programme R&D program et du pôle AI & Data Science chez Alstom.

Le laboratoire Heudiasyc de l’UTC et la Fondation UTC pour l'innovation ont piloté l’organisation d’un nouvel événement autour de l’intelligence artificielle, vendredi 20 septembre, au Centre d'Innovation. Cet événement était organisé par Sébastien Destercke, chercheur au laboratoire et porteur de la Chaire SAFE IA, qui contribue au financement de l’évènement, la Chaire étant elle-même financée via la Fondation UTC pour l’innovation.

Cette journée avait pour titre « Transport et perception ». Julien Moreau du laboratoire Heudiasyc et Javier Ibanez-Guzman, expert systèmes autonomes chez Renault ont délivré une conférence sur la perception et la localisation intègre pour le véhicule autonome. Les capteurs et la perception sont fondamentaux pour permettre aux véhicules d'interagir en autonomie et en sécurité. Ils ont pu présenter les liens entre le laboratoire Heudiasyc, le CNRS, et Renault, maintenant Ampère pour la partie intelligence logicielle, à travers le laboratoire commun SIVALab. « Quelle est l'architecture d'une voiture intelligente ? Quels sont les défis actuels pour la perception automobile ? Sans la perception, tout le reste ne fonctionne pas. Mais oui le véhicule autonome arrive. On avait dit 2018, nous sommes en 2024, mais oui cela viendra une fois les challenges et incertitudes gérés pour de meilleures prestations et de meilleures fonctionnalités », assure Javier Ibanez-Guzman.

Javier Ibanez-Guzman, expert systèmes autonomes chez Renault.

Les questions de l'IA dans le monde ferroviaire

De son côté, Laurent Gardès, directeur de la division AI Recherche et Innovation à la SNCF
 est venu témoigner des défis de l’IA de confiance dans le monde ferroviaire. De l’IA dans les trains ? Tout comme pour le véhicule autonome, le train doit pouvoir répondre à des normes de sécurité strictes. Un des grands défis de l’IA aujourd’hui consiste en, l’explicabilité, à savoir pouvoir détailler la façon dont fonctionne un algorithme de machine learning, ainsi que plusieurs autres piliers pour pouvoir délimiter et évaluer les intelligences artificielles comme la robustesse, la détection d’anomalies, l’équité de traitement, la vérifiabilité, la spécificité, l’évaluation probabiliste, la résilience, la qualité des données…

« Depuis cinq ans il y a eu d'énormes progrès mais nous sommes loin du compte. Pour un futur train autonome, il faut être capable de détecter des obstacles en temps réel et garantir cela avec des certifications strictes. Nos trains autonomes seront plus exploités pour des trains de fret ou des opérations de maintenance, voire de petits trains de voyageurs pour de courtes liaisons. » Idem pour les drones autonomes, l’usage d’algorithmes d’IA dans la navigation autonome de robots est de plus en plus visible. Les drones aériens utilisent également cette méthodologie pour améliorer soit la performance du système, ou bien les mesures obtenues par les capteurs. L’activité drone de l’équipe SyRI du laboratoire Heudiasyc, a également utilisé l’IA dans ses activités de recherche a pu montrer quelques résultats obtenus impliquant l’usage d’algorithmes IA dans la boucle de commande.

Laurent Gardès, directeur de la division AI Recherche et Innovation à la SNCF.


Optimiser prise de décision et consommation énergétique

Kenza Harkouken Saiah, responsable du programme R&D program et du pôle AI & Data Science chez Alstom a donné la dernière conférence de cette journée sur Le rôle de l'IA dans l'évolution de la mobilité digitale chez Alstom avec ses défis et ses succès. « Nous nous demandons depuis longtemps ce que l’IA apporte déjà chez ALSTOM et que peut-on attendre d'elle pour améliorer cette mobilité digitale dans le futur ? La mobilité digitale regroupe les solutions développées pour assurer la sécurité et la fluidité des passagers et de l’exploitation, en optimisant les performances en temps réel de systèmes de signalisation et multimodaux, en offrant la connectivité à tous, et en automatisant la conduite. »

Lors de la table ronde qui avait pour thème « Enjeux économiques et sociaux de l’IA dans le transport », il était notamment question de l'impact économique et environnemental des véhicules autonomes sur le secteur des transports. Les intervenants experts ont pu expliquer comment l'intégration de véhicules autonomes pourrait transformer l'économie des transports, en réduisant les coûts d'exploitation avec moins de conducteurs et une consommation optimisée, et en créant de nouvelles opportunités de marché avec des services de mobilité à la demande, et de la logistique automatisée aussi.

Regards croisés sur les enjeux de l’IA

Gwenael Liegeois, en charge du développement de l'IA chez Sopra Steria, a pu aborder comment les véhicules autonomes peuvent contribuer à des solutions de transport plus durables, réduire les émissions de CO2, optimiser la gestion du trafic, et promouvoir une mobilité partagée. Maan El Badaoui El Najjar, enseignant chercheur à l'université de Lille et CNRS et directeur-adjoint de la Fédération Régionale Transports Terrestres et Mobilité a dévoilé les défis de l'IA pour la navigation autonome et les véhicules intelligents et notamment des défis techniques et scientifiques de l'IA dans la navigation autonome, comme la perception et la prise de décision en temps réel, la fusion de données de capteurs multiples, et l'adaptation aux environnements urbains complexes.

*Philippe Watteau, Président de la SATT Lutech est revenu notamment sur les aspects de sûreté et de sécurité des systèmes de navigation autonome, notamment la robustesse face aux défaillances et aux cyberattaques. Enfin, Julien Cloarec, responsable de la formation IA à l'Université Lyon 3, a ouvert le débat sur l'évolution de la confiance autour de l'IA et la perception éthique du véhicule autonome. Une journée riche d'enseignements à laquelle des publics différents ont pu participer en présentiel et à distance via les réseaux sociaux de l'UTC et notamment des étudiants, startupers, acteurs publics et privés autour de l'IA dans les transports. Le prochain rendez-vous de l'intelligence artificielle sera dédié à la formation en mars 2025.