Conjoncture
L’incertitude économique pénalise l’investissement
L’activité économique tourne au ralenti. Certains secteurs, comme l’agroalimentaire et l’aéronautique, s’en sortent mieux. Face aux chocs d’incertitude persistants, l’attentisme des dirigeants d’entreprise prévaut. Les perspectives de fin d’année s’annoncent mitigées.
L’effet JO de Paris passé, l’activité peine à rebondir. Les situations restent contrastées selon les secteurs. D’après l’enquête de conjoncture de la Banque de France, qui a interrogé quelque 8 500 entreprises, dévoilée le 12 novembre, l’industrie a affiché une croissance plus soutenue qu’attendu, en octobre, notamment dans l’agroalimentaire, l’aéronautique et l’informatique. Le textile a bénéficié d’une météo favorable. En revanche, le secteur automobile, en particulier la production de voitures électriques, continue de souffrir de la concurrence accrue de la Chine et de la baisse de la demande pour ces véhicules.
Dans les services marchands, l’activité a tourné au ralenti en octobre. Le travail temporaire s’affiche en repli pour le second mois consécutif, notamment « pour des motifs d’attentisme attribués au contexte d’incertitude ». Les secteurs de la programmation-conseil et de la publicité sont également en baisse. Les autres sous-secteurs progressent, notamment la location, les loisirs, les services à la personne, l’ingénierie et l’information. Dans le bâtiment, le gros œuvre profite d’un rattrapage des chantiers après les Jeux Olympiques, tandis que le second œuvre est freiné par l’incertitude autour de l’évolution du dispositif MaPrimeRénov, dans le cadre du budget 2025.
Et dans presque tous les secteurs de l’industrie, les carnets de commandes demeurent jugés dégradés « réduisant d’autant la visibilité des chefs d’entreprise concernant leur activité dans les prochains mois », note l’institution monétaire.
Ce mois de novembre, la tendance favorable se maintiendrait dans l’agroalimentaire, l’électronique et l’aéronautique. Le bâtiment, après un bref rebond, s’attend à un léger repli de son activité, principalement attribuable au gros œuvre.
Les difficultés de recrutement s’atténuent, les trésoreries se dégradent
Les tensions sur le marché du travail se relâchent légèrement. Après une hausse en septembre, une proportion plus faible d’entreprises ont fait face à des difficultés de recrutement, en octobre (31% vs 35 %).
Mais la situation des trésoreries se dégrade, aussi bien dans l’industrie que dans les services, en raison de la prolongation des délais de paiement et de la hausse des coûts. Les tensions sur les approvisionnements touchent 10% des entreprises, les secteurs de l’aéronautique (37%, contre 25% en début d’année) et l’automobile (16%) étant plus pénalisés.
Retour à des prix plus stables
Sur les prix de ventes, le retour à la normale se confirme, y compris dans les services. « L’inflation devrait donc rester maîtrisée », note la Banque de France. En novembre, les augmentations de prix resteraient limitées à 5% dans l’industrie et les services marchands, et à 2% dans le bâtiment.
Les investissements revus à la baisse
Reste que l’incertitude économique, demeure élevée « dans tous les secteurs » : les entreprises interrogées pointent la politique économique et fiscale, en lien avec le Projet de loi de Finances 2025, et les tensions géopolitiques à l’international (le retour de Donald Trump n’était pas encore connu au moment de l’enquête, menée entre le 29 octobre et le 6 novembre).
Ce contexte tendu et incertain incite les entreprises à la prudence et pèse sur les projets d’investissement. Comme la Banque de France, le dernier baromètre Bpifrance Le Lab-Rexecode sur le quatrième trimestre 2024 confirme la retenue des dirigeants de PME et TPE quant à leurs intentions d’investissement : 34 % d’entre eux prévoient de maintenir leurs projets, 45 % comptent les reporter et 21 % les annuler. Ce trimestre, la proportion de dirigeants qui ont investi ou comptent le faire (43%), « baisse de trois points par rapport au trimestre précédent et de 9 neuf points par rapport à l'année dernière ». Leurs décisions sont davantage motivées par la mise aux normes et le renouvellement des installations que par l'extension des capacités de production ou de vente, selon ce baromètre.
Pour l'ensemble de 2024, la Banque de France et l’Insee anticipent une croissance de1,1%. Les prévisions sur une hausse du PIB de 0,4% ce troisième trimestre se sont confirmées. Pour le dernier trimestre de l’année, une stagnation de l’activité est attendue.
A.B et B.L