L'Insee prévoit une croissance fort modeste
Ménages qui s'inquiètent, inflation, climat des affaires qui résiste... Sur fond d'incertitudes multiples, l'Insee prévoit une croissance très modeste (+0,25 %), au deuxième trimestre 2022.
Incertitudes. Lors d'une conférence de presse en ligne, l'Insee présentait son point de conjoncture consacré aux prévisions pour le deuxième trimestre 2022 et aux résultats du premier. Celui-ci a vu le PIB rester stable. Une « demie surprise », commente Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee. Car si le scénario prévu était bien celui d'une baisse de la consommation et du PIB, « la hausse des prix a conduit à un recul plus marqué qu'anticipé de la consommation des ménages, de l'ordre de 1,7%, et également de certains services », précise Julien Pouget. L'Insee constate des variations importantes d'activité selon les branches.
Ainsi, l'hébergement-restauration a connu une baisse marquée en janvier - inférieure, toutefois, à celles des confinements - suivie d'un rebond tout aussi net en février. « L'automobile reste marquée par les tensions d'approvisionnement qui pré-existaient à la guerre, mais que celle-ci a renforcées, ainsi que la stratégie ‘zéro Covid’ de la Chine », note l’économiste. En mars 2022, la production demeure inférieure d'un tiers par rapport au niveau d'avant pandémie. A contrario, les services informatiques ont poursuivi une trajectoire haussière, notamment liée aux investissements des entreprises dans le numérique. À l'origine de ces résultats, réside la « conjonction des deux chocs », rappelle Julien Pouget : celui sanitaire, moins aigu qu'en 2021 mais qui a marqué le mois de janvier, et celui de la guerre et des soubresauts géopolitiques qu'elle engendre.
Ménages inquiets, entrepreneurs qui résistent
Fruit de ces tensions, l'inflation déjà installée, devrait subsister au deuxième trimestre : l'Insee prévoit un taux qui pourrait varier entre 5 et 5,5% en juin, en glissement annuel. Sans le bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité et la remise à la pompe, le taux atteindrait 7%, dès le mois de mai. De manière inégale, l'inflation touche déjà de nombreux secteurs, mais son évolution reste soumise à plusieurs aléas : les incertitudes qui pèsent sur les cours des matières premières et de l'énergie et aussi, la vitesse de transmission de ces coûts aux prix à la production et à la consommation. Autre prévision inquiétante, la baisse du pouvoir d’achat observée ce premier trimestre 2022 (de l’ordre de -1,5 % par rapport au dernier trimestre 2021) pourrait se poursuivre au deuxième trimestre, même si de manière atténuée.
Quant aux prévisions de l'activité économique, mitigées, elles prolongent les tendances différenciées observées au premier trimestre. « En France, comme dans le reste de la zone euro, on assiste à une très nette baisse de la confiance des ménages », alerte Julien Pouget. L'indicateur « opportunité de faire des achats importantes » qui avait chuté avec les Gilets jaunes et les confinements, dégringole à nouveau. A contrario, côté entreprises, avec des différences selon les secteurs, « le climat des affaires résiste plutôt bien », remarque l’économiste.
Au total, au deuxième trimestre, le PIB n'augmenterait donc que très modestement (+¼ % ). Et l’acquis de croissance, en moyenne annuelle, pour 2022 s’élèverait à +2,6 % à mi-année, après +7,0 % en 2021, prévoit l'Insee. Mais la liste des incertitudes et risques potentiels reste longue, qui pourrait amener à réviser ces prévisions : effets de la baisse de confiance des ménages, conséquences des tensions et difficultés internationales (prix de l'énergie, guerre, stratégie zéro Covid de la Chine, incertitude quant au durcissement de la politique monétaire américaine...).