Conjoncture
La Banque de France prévoit une « très légère » croissance pour la fin de l’année
Le PIB en France pourrait très légèrement progresser au quatrième trimestre, d’après la Banque de France. L’activité montre une certaine résilience et les tensions inflationnistes se font moins vives. Mais la trésorerie des entreprises se dégrade et la pression sur leurs marges s’accroît.
Une « très légère croissance » du PIB au quatrième trimestre 2022, au lieu de la stagnation initialement prévue : en novembre, lors d’une conférence de presse en ligne, la Banque de France a dévoilé sa prévision – prudente, au vu du contexte incertain- et les résultats de son point de conjoncture d’octobre. Celui-ci se base sur l’enquête menée auprès de quelque 8 500 entreprises, entre le 27 octobre et le 4 novembre. Conclusion : « l'activité continue à résister globalement », explique Olivier Garnier, directeur général des Statistiques, études et international de la Banque de France.
Au trimestre précédent, la croissance du produit intérieur brut avait ralenti, passant de 0,5 à 0,2%, d’après l’Insee. Et pour l’ensemble de l’année, la Banque de France table sur une prévision de +2,6%. Son enquête récente montre que l’activité reste résiliente, même si, de manière inégale selon les secteurs et dans le temps : en octobre, elle a progressé dans les services marchands et l'industrie et stagné dans le bâtiment, mais diminué dans l’énergie et les transports, par exemple.
Durant cette période, l’évolution du PIB devrait donc subir un léger repli (-0,2%), avant de connaître une reprise en novembre. Plusieurs difficultés subies par les entreprises connaissent, en effet, un certain tassement, même si leur niveau reste élevé. C’est notamment le cas des problèmes de recrutement : en octobre, ils sont cités par 55 % des entreprises de tous les secteurs, contre 58 % en septembre. Dans l’industrie, ces chiffres passent à 44 % en octobre, après 49 % le mois précédent et dans le bâtiment, à 60 %, après 65 %.
L’érosion des marges inquiète
Autre constat d’amélioration , « la difficulté d’approvisionnement, phénomène mondial qui avait diffusé l’inflation aux produits manufacturés, est en train de s’atténuer », indique Olivier Garnier. Dans l’industrie, par exemple, 43 % des entreprises industrielles mentionnent ce problème en octobre, contre 48 % en septembre. « Cela va dans le bon sens mais ça ne veut pas encore dire que nous allons voir un point de retournement sur l'inflation au niveau des prix à la consommation », tempère Olivier Garnier. Par ailleurs, certaines tendances restent négatives : en particulier, la trésorerie des entreprises se dégrade, notamment dans l’industrie. « Les besoins en fonds de roulement sont plus importants et les stocks, avec les hausses de prix, sont plus coûteux », décrypte Olivier Garnier.
A cette difficulté s’ajoute l’impact de la facture énergétique sur les marges des entreprises. En octobre, il est resté limité : un quart des entreprises le signalent. Mais l’inquiétude est grande pour les mois à venir, atteignant 66% dans l'industrie. « Dans la période écoulée, les entreprises ont répercuté une partie des hausses de leurs coûts dans le prix. Dans un contexte de difficultés d’approvisionnement, où la priorité des clients était d’être livrés, il était moins difficile de faire passer des hausses de prix. Mais dans le contexte actuel où l’on s’attend à une activité moins dynamique, les entreprises auront peut-être moins la possibilité d’augmenter leurs prix pour faire face à la hausse de leurs coûts. Les entreprises sont rentrées dans la crise avec un niveau de marges élevé par rapport à la situation précédente. Mais elles ont commencé à s’éroder, et une partie de l’absorption des hausses des coûts se fera sans doute par compression des marges », prévient le directeur général des statistiques de l’institution.