La CCI accélère ses ambitions pour soutenir le territoire
Alors qu'un reconfinement a été annoncé par Emmanuel Macron mercredi 28 octobre et que les chefs d'entreprise ont déjà le moral en berne, la situation économique risque de se dégrader davantage, même si la CCI Hauts-de-France prône un second confinement éco-compatible.
Philippe Hourdain, président de la CCI Hauts-de-France est inquiet pour le moral des dirigeants. Une « fatigue ambiante » qui se ressent à travers la centaine d’appels reçus chaque jour sur le numéro unique (03.59.75.01.00) mis à disposition des entreprises depuis le mois de mars et un besoin crucial d’explication sur les aides mises en place par l’État. « On parle de milliards mais ils doivent avoir trouver leurs destinataires. L’ensemble du dispositif de relance est très complexe et le chef d’entreprise veut avoir une réponse très rapide », avance Philippe Hourdain. Nul doute que le reconfinement va soulever encore de nouvelles interrogations… La CCI Hauts-de-France a déjà contacté près de 2 400 entreprises pour se mettre à leur service et va faire de même avec 2 000 commerçants, déjà durement éprouvés par le premier confinement.
Bon nombre de PME doivent aussi faire face à une modification des comportements des ménages : après une première étude réalisée en mai dernier, la CCI a mené une seconde enquête fin septembre. 64% des répondants ont changé leur façon de consommer : explosion du drive (16% des ménages contre 5% il y a cinq ans), recrudescence vers les centres-villes et un recours massif au numérique (54% aujourd’hui contre 43%). Ils sont 62% à avoir une fréquence d’achat moins importante et 16% à ne pas fréquenter les bars-restaurants (contre 7% avant le confinement). Des chiffres qui vont grimper en flèche alors que tous les commerces non essentiels ont fermé leurs portes. Face à la seconde vague, le monde économique et le monde médical régional ont décidé de se rapprocher et la CCI Hauts-de-France travaille de concert avec Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille et Luc Dauchet, maître de conférences en santé publique. Ils prônent huit mesures concrètes comme le maintien de l’accès aux écoles, à l’enseignement supérieur en mode distancié, l’annulation de toutes les réunions publiques et privées ou encore le recours massif au télétravail, mesures confirmées par le Président Macron lors de son allocution du 28 octobre dernier.
Vers une référence nationale de la green logistique
En ces temps moroses, la CCI Hauts-de-France ne remet pas en cause ses investissements, loin de là. « On a décidé d’accélérer nos ambitions », assure le président. Pionnière en matière de logistique avec 144 000 emplois, la région Hauts-de-France mise sur une situation géographique unique en Europe et une zone de chalandise de 80 millions d’habitants à 300 kms. Mais le secteur doit se renouveler comme l’explique Laurent Desprez, directeur du pôle d’excellence Euralogistic : « Les chaînes logistiques ont prouvé leur robustesse durant le confinement. Mais les supply chain sont déstabilisées : il y a le choc du Brexit mais aussi le choc climatique et la mutation des modes de consommation. Le défi est majeur : aller vers une transition verte et une logistique plus frugale. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 35% de l’empreinte carbone de la logistique en France provient de la région… Et le transport à vide peut représenter jusqu’à 15% des livraisons.
Derrière, un réel enjeu écologique et une population qui veut être livrée au plus près de chez elle mais avec des modes de transport éco-responsables. « Quand on parle de green logistique, on est encore dans un survol », regrette Laurent Desprez. C’est pour pallier ce manque que la CCI Hauts-de-France va investir 40 millions d’euros, soutenue par les pouvoirs publics, dans une Cité Internationale de la logistique et de la supply chain, dont la première pierre a été fixée au 6 mai 2021, pour une ouverture prévue en à la rentrée 2022. Ce projet « de rupture, différenciateur » vise à faire gagner quelques places à la France au niveau international, actuellement 15e – bien loin derrière l’Allemagne, pionnière du secteur. Au total, trois bâtiments à l’entrée de Delta 3 à Dourges : un parc d’innovation, une école d’application, un centre technique, une usine démonstrateur et un incubateur logistique national. Et à terme, 500 emplois à valeur ajoutée sur ce nouveau site de onze hectares, avec un enjeu accru de formation : « Il y a encore trop de cloisonnement entre les différentes fonctions. Nous avons d’ores et déjà identifié 5 000 entreprises avec lesquelles travailler dans la région pour leur proposer des master plan d’optimisation », ajoute Laurent Desprez. Le projet est inscrit dans le contrat de plan État/ Région et dans l’Engagement pour le renouveau du bassin minier. Des financements publics sont donc attendus.
Rev3 accélère la marche
C’est unique en France : un fonds de plus d’un demi-milliard d’euros pour booster la Rev3. Philippe Vasseur en rappelle les grandes lignes : « Trois façons de financer les projets : les subventions, avec à terme 250 millions d’euros, les prêts (150 millions d’euros) et l’equity (ou prise de participations) à hauteur de 250 millions d’euros. On arrivera très probablement rapidement au milliard d’euros. Nous voulons nous élargir et financer de grands projets qui nécessitent des financements qui n’étaient pas encore à portée des outils que nous avions », ambitionne le président de la mission rev3. Dix projets sont déjà signés, notamment dans la décarbonation des transports ferroviaires, dans les batteries innovantes ou encore dans la green logistique. Rev3 veut rayonner en dehors du territoire en venant en appoint de projets extérieurs aux Hauts-de-France mais qui ont des points d’ancrage en région.
Accompagnement et financement des projets : contact@rev3.fr