La filière bio reprend son souffle mais sans crier victoire
Après une belle envolée durant le Covid, le secteur de la bio souffre d'une fragilisation de son activité. Entre crise inflationniste, profusion de labels et fermetures de magasins, la filière peine à remonter la pente. Les Hauts-de-France ne font pas exception : un quart des magasins ont fermé leurs portes depuis 2021.
Association créée en 1974, A Pro Bio Hauts-de-France fédère l'ensemble des acteurs de l'agriculture biologique en Hauts-de-France : producteurs, transformateurs, distributeurs, fournisseurs de biens et services, territoires... En valorisant les initiatives locales, l'association milite pour une meilleure connaissance du bio en région. Elle vient de réaliser une étude sur la distribution bio spécialisée en Hauts-de-France, auprès des gérants de magasins spécialisés bio (MSB).
Dixième région de France en nombre de MSB, les Hauts-de-France, comme le territoire national, ont souffert d'un contexte défavorable : de 140 magasins en 2022, ce chiffre est tombé à 115 l'an dernier ; alors qu'on comptait 111 ouvertures en 2022, seules 32 nouvelles enseignes ont ouvert leurs portes en 2023. «Il y a eu 25% de fermetures. En plus, les surfaces ont diminué», s'inquiète François Méresse, directeur d'A Pro Bio. Parmi ceux qui ont le plus souffert, les épiceries vrac et les magasins dépourvus d'identité.
Malgré ce constat, les magasins qui appartiennent aux réseaux historiques – comme Biomonde ou Biocoop – ont sauvé la mise : «Nous avons la chance d'avoir d'importantes coopératives. Les réserves ont pu être employées pour aider les magasins en difficulté» abonde Harold Tiberghien, gérant de Biocoop Saveurs & Saison à Villeneuve d'Ascq. L'enseigne, qui compte 760 magasins en France dont une trentaine en région, a dû procéder, il y a deux ans, à la fermeture de 80 magasins, dont cinq en Hauts-de-France. «Mais on en a quand même ouvert 30, là où il y a de la demande».
Restructuration de la filière
Ralentissement
du chiffre d'affaires, problèmes de trésorerie, profusion de
labels qui ont perdu le consommateur... Les raisons suivent les
tendances nationales. «Entre
2013 et 2015, on a ouvert beaucoup trop de magasins, car l'offre
d'origine était insuffisante. Ensuite la crise
Covid nous a donné un répit mais aujourd'hui on rattrape la courbe», poursuit-il.
Malgré tout, les acteurs de la filière restent combattifs : «Il faut continuer d'être de bons commerçants avec des magasins plus désirables et attrayants, en usant d'explications et de pédagogie. On doit parler aux consommateurs de l'engagement sociétal et sortir du 'le bio, ce n'est pas pour moi'», analyse Raphaël Faucheux, gérant de Biomonde Harmonie Nature, à Lille. Aujourd'hui, 50% du marché bio est réalisé en grandes surfaces, 45% en magasins spécialisés et le reste en direct producteur. Les fruits et légumes seraient, d'après l'enquête d'A Pro Bio, la porte d'entrée des consommateurs vers les MSB, suivis du frais, de l'ultra-frais et de l'épicerie.