La lutte contre le gaspillage des aides médicales passe par Recycl’aide
L’association beauvaisienne, installée au sein de l’Usine Agile, récupère, répare, nettoie et revend des aides techniques médicales. Des objets qui, bien souvent, n’ont servi que quelques mois et sont proposés à des prix bien inférieurs au neuf.

En France, près de 12 millions de personnes sont équipées d’une aide technique médicale (fauteuil roulant, déambulateur, canne, etc.). Mais un tiers de ces dispositifs sont abandonnés après un an d'utilisation. «Elles sont soit jetées, soit stockées par les familles, mais presque jamais réutilisées», explique Awatif Jaroud, chargée de mission au sein de Recycl’aide.
Cet usage temporaire génère 50 000 tonnes de déchets par an, entraînant un véritable gâchis environnemental et économique. C’est pour répondre à cet enjeu majeur que l’association Recycl’aide, implantée au sein de l’Usine Agile de Beauvais, agit au quotidien. Portée par un atelier chantier d’insertion (ACI) qui emploie actuellement sept salariés, la structure collecte, démantèle, répare et remet sur le marché des aides techniques médicales reconditionnées.
Récupérer et revendre
Les équipements proviennent d’Ehpad, de particuliers, mais aussi de déchetteries, grâce à une convention passée avec le Syndicat mixte de gestion des déchets (Smdo). «Les agents du Smdo ont été formés pour repérer les aides techniques médicales qui peuvent être réutilisées. Dès qu’un objet est identifié, il est mis hors d’eau et hors d’air. Lorsqu’un volume conséquent est atteint, la déchetterie nous prévient», détaille Awatif Jaroud.
Une fois arrivés à l’atelier, les objets collectés sont orientés vers l’un des trois pôles du chantier d’insertion. «Pour les matériels trop endommagés, ce sera le démantèlement. Nous essayons de tendre vers le zéro déchet, mais ce n’est pas toujours facile, faute de filière existante», souligne la chargée de mission. Certains éléments récupérés alimentent le précieux stock de pièces détachées. «C’est un marché qu’il serait, à mon avis, très intéressant d’explorer, évidemment en garantissant la qualité des interventions et des pièces. Mais quand on connaît le prix des poignées de fauteuils, des cale-pieds ou des têtières, je pense qu’il y a vraiment quelque chose à faire», observe-t-elle.
Un marché à haut potentiel
Les autres équipements sont orientés vers l’atelier de réparation, avant de passer au nettoyage et d’être proposés à des prix défiant toute concurrence. «Une chaise de douche neuve coûte environ 150 euros. Chez nous, elle est à 40 ou 50 euros», souligne Awatif Jaroud, qui compte parmi ses clients des particuliers, mais aussi des Ehpad ou des structures de soins.
En plus de la mise en place d’un site internet dédié, Recycl’aide bénéficie d’un solide bouche à oreille, qui lui permet de développer sa notoriété. «Je rencontre aussi beaucoup d’infirmiers libéraux, d’ergothérapeutes ou d’aides à domicile pour qu’ils deviennent de potentiels relais d’information», indique la chargée de mission. Si les utilisateurs ne sont pas freinés par l’idée de recourir à du matériel d’occasion, la filière peine à se structurer, faute de cadre réglementaire clair.
Si la réforme de la prise en charge intégrale des fauteuils roulants intègre le matériel reconditionné, le remboursement des dispositifs médicaux remis en bon état d’usage, pourtant inscrit dans la loi depuis 2020, n’a toujours pas fait l’objet d’un décret d’application. «Les besoins sont là, et il ne faut pas oublier que même sans remboursement, l’achat d’occasion reste avantageux», pointe Awatif Jaroud.