Conseil régional de l'Ordre des Experts-comptables Hauts-de-France
« La profession doit aller au-delà de ses missions de base »
Élue le 16 décembre 2022, Corinne Renart entame un mandat de deux ans à la présidence du Conseil régional de l'Ordre des Experts-comptables Hauts-de-France, succédant à Hubert Tondeur qui a officié à cette place durant dix ans. Accompagnée de 29 membres élu(e)s, Corinne Renart est la toute première femme à occuper cette fonction au Conseil régional.
La Gazette. Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Corinne Renart. J'ai obtenu mon diplôme d'expertise-comptable en 1995, pour débuter ma carrière chez KPMG en 1997 et ce, jusque 2002, date à laquelle je suis devenue associée chez Flandre Comptabilité Conseil à Marcq-en-Baroeul. En 2011 j'ai décidé de créer mon propre cabinet à destination des TPE/PME, Rev Comptabilité, à Wambrechies. Depuis trois ans et demi, je suis associée avec Arnaud Huleux et le cabinet compte une dizaine de collaborateurs avec deux spécialités, le BTP et la santé.
J'ai également été vice-présidente du Conseil régional en charge de la commission communication entre 2012 et 2022 et présidente de la commission juridique du Conseil national de l'Ordre des experts-comptables, en 2021 et 2022.
C'est donc un nouveau challenge pour vous et il faut le souligner, vous êtes la première femme présidente du Conseil de l'Ordre régional.
Il y a également des femmes dans
plusieurs autres régions mais en effet, je suis la première
présidente sur les Hauts-de-France ! C'est l'occasion de montrer que
la profession se féminise même si pour le moment, seulement 22% des
effectifs sont des femmes1. Au niveau du Conseil
d'Administration, 37% sont des consoeurs, il y a donc encore du
chemin à parcourir.
Je suis dans l'institution depuis 10
ans, j'en connais les rouages et les permanents ; aider mes confrères
et mes consoeurs a toujours été un moteur important de ma vie
professionnelle.
Quelles sont les orientations stratégiques de votre mandat ?
D'abord, la transformation digitale
avec l'arrivée imminente de la facturation électronique (à compter
du 1er juillet 2024 pour les grandes entreprises, en
janvier 2025 pour les ETI et en janvier 2026 pour les PME et
microentreprises, ndlr), enjeu d'importance pour les
experts-comptables et leurs collaborateurs. Les cabinets doivent s'y
préparer dès à présent, et au sein de notre région, certains
experts-comptables ont été spécialement formés pour former nos
confrères et consœurs ainsi que les collaborateurs.
Ensuite, la transformation managériale
pour redéfinir les modèles RH, pérenniser les recrutements et
développer l'attractivité de la filière. Les envies des
collaborateurs ont changé et comme dans beaucoup de professions,
nous avons un enjeu de fidélisation. Nous n'allons plus embaucher
uniquement des collaborateurs comptables mais aussi des profils
spécialisés.
C'est à l'expert-comptable de revoir
son modèle. Cela passera par des formations et des webinaires sur le
thème du management. Ce qui manque aujourd'hui à
l'expert-comptable, c'est une marque employeur.
Et le dernier thème ?
La prévention et la gestion des
difficultés des entreprises avec la formation des dirigeants à la
prévention des risques, l'intégration de nouveaux facteurs dans les
business models... En tant que conseiller du chef d'entreprise,
l'expert-comptable est là pour anticiper avec lui les facteurs de
risque comme le Covid, l'inflation, les difficultés
d'approvisionnement... Le rôle de conseil stratégique de
l'expert-comptable se renforce et il reste le partenaire idéal des
chefs d'entreprise dans une période chaotique. Et pour cela, nous
devons nous former constamment.
D'une façon générale, la profession
doit aller au-delà de ses missions de base : il faut tirer les
collaborateurs vers le haut et faire évoluer les professionnels.
Grâce à la digitalisation des écritures, l'information financière
est automatisée au jour le jour ; quoi de mieux pour un chef
d'entreprise qui a besoin d'anticiper, de prendre les bonnes
décisions, d'investir ? Toutes ces missions doivent être valorisées
par l'expert-comptable.
Justement, vous évoquez une «période chaotique». Quel regard portez-vous sur le climat actuel des affaires ?
Il faut être vigilants. Les statistiques montrent le nombre important de procédures collectives mais pas autant qu'avant le Covid. Ce que je constate également, c'est l'inquiètude des chefs d'entreprises mais aussi davantage d'envies de transmettre. Certes, ce sont des dirigeants qui avaient déjà anticipé la cession mais il semble que la situation économique a accentué ce désir de passer la main, peut-être par crainte de l'avenir ?
1. Baromètre Omeca, observatoire des métiers de l'expertise comptabe, du commissariat aux comptes et de l'audit.
La composition du bureau
Xavier VERACX - Vice-Président et expert-comptable à Béthune (62)
Isabelle EGO - Vice-Présidente et expert-comptable à Béthune (62)
Charles BASSET - Vice-Président et expert-comptable à Beauvais (60)
Marjorie HUSSON - Vice-Présidente et expert-comptable à Amiens (80)
Hubert TONDEUR - Vice-Président et expert-comptable à Lille (59)
Catherine GRIMA - Vice-Présidente et expert-comptable à Lambersart (59)
Dimitri LOXEMAND – Trésorier et expert-comptable à Marcq-en-Barœul (59)
Le Conseil régional en chiffres
1 227 experts-comptables, experts-comptables en entreprise et salariés autorisés, dont :
8% dans l'Aisne, 53% dans le Nord, 17%
dans le Pas-de-Calais, 12% dans l'Oise et 10% dans la Somme
1 417 sociétés d'expertise comptable
et Association de Gestion et de Comptabilité (9% dans l'Aisne, 47%
dans le Nord, 20% dans le Pas-de-Calais, 14% dans l'Oise et 10% dans
la Somme)
339 experts-comptables stagiaires