La région, championne de l'éolien mais mauvaise élève en matière d'énergie solaire
Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a choisi le site de Galloo à Halluin, spécialisé dans le recyclage, entre autres, de panneaux photovoltaïques, pour tenir sa conférence de presse dans le cadre de sa tournée régionale. Si elle s'est invitée dans la campagne présidentielle, la transition énergétique est plus que jamais au cœur de l'actualité depuis le début du conflit Russie-Ukraine. Mais quels sont réellement les atouts et les faiblesses des Hauts-de-France en matière d'énergies renouvelables ? Décryptage du SER1.
« En 2050, les 14 EPR français produiront 50% de l'électricité nationale, il faut produire les 50% restants. Les énergies renouvelables sont des solutions structurelles qu'il faut développer le plus vite possible pour retrouver notre souveraineté. » C'est par ces mots que Jean-Louis Bal, président du SER, a démontré toute l'importance de miser sur les énergies renouvelables dans les années à venir.
Si l'enjeu est national, il l'est aussi à l'échelle régionale. « La
région, particulièrement engagée dans la Troisième révolution
industrielle, a posé il y a déjà quelques années un cadre très
ambitieux », poursuit Frédéric Terrisse, représentant titulaire SER Hauts-de-France.
En
2019, les énergies renouvelables ont généré dans la région plus de 1,2
milliard d'euros en valeur ajoutée nette, et leur contribution au PIB
français devrait atteindre près de 2 milliards d'euros en 2028, soit
+58%.
Elles sont également porteuses d'emploi : en 2019, elles
représentaient plus de 14 000 emplois et devraient atteindre les 22 000
emplois en 2028. La région Hauts-de-France a affiché comme ambition de
multiplier par deux la production d'énergies renouvelables à horizon
2030. Celles qui devraient connaître une forte accélération dans les
années à venir sont l'éolien off-shore (l'éolien en mer) ainsi que la
méthanisation, cette filière ayant atteint un certain degré de maturité
en région.
En avance sur l'éolien et le biogaz
L'éolien représente aujourd'hui 20% de la consommation électrique
régionale, faisant des Hauts-de-France la première région éolienne de
France avec le Grand Est. Et ce, alors que le parc éolien off-shore au
large de Dunkerque n'est pas encore opérationnel. « Quand il sera mis en service [ndlr, prévu en 2027], le parc éolien au large de Dunkerque sera le plus puissant de France », précise Frédéric Terrisse.
En
ce qui concerne le biogaz résultant de la méthanisation, les
Hauts-de-France s'imposent comme l'une des régions pionnières en la
matière, juste derrière le Grand Est. Les centres de valorisation du
biométhane sur le territoire s'expliquent notamment par la présence de
grosses industries agroalimentaires en région.
« Il y a une impulsion très positive de la région sur la méthanisation dans le cadre de rev3 », glisse le représentant régional. En référence à l'actualité, le biogaz est même vu comme la « meilleure solution sur le long terme pour pallier le gaz russe », estime-t-on du côté du SER.
En retard en matière d'énergie solaire
La région ne compte que 2% du parc solaire métropolitain installé.
L'objectif est d'accélérer et de multiplier par cinq la consommation
d'énergie solaire d'ici 2031 sur le territoire. « Avant, on
faisait de l'énergie solaire dans les régions ensoleillées, mais cela
ne dépend pas que du soleil. Et il fait sens aujourd'hui de placer des
panneaux photovoltaïques partout en France, notamment dans les
Hauts-de-France », indique le SER.
Dans son bilan, le syndicat pointe également la quasi-absence d'hydroélectricité dans la région. « Les
Hauts-de-France sont privés d'électricité hydraulique, mais cela
devrait être compensé par d'autres énergies renouvelables comme l'éolien
et le bois », tempère le représentant régional.
Les habitants favorables aux renouvelables dont l'éolien
Lors de sa conférence de presse, le SER a dévoilé une étude sur la perception des énergies renouvelables dans les Hauts-de-France menée par l'Ifop. Ces résultats proviennent d'un échantillon représentatif de 500 habitants des Hauts-de-France.
Plusieurs enseignements sont à tirer de cette étude : les habitants souhaitent voir se développer les énergies renouvelables sur le territoire et soutiennent (de manière plus accentuée, cinq points de plus qu'en France) le développement de l'éolien en mer et terrestre.
En effet, 90% des habitants jugent qu'amplifier le développement des
énergies renouvelables est utile, 59% considèrent que les éoliennes
présentent plus d'avantages que d'inconvénients et trois quarts des
habitants ont conscience de l'urgence climatique.
1. Fondé en 1993, le SER, qui regroupe 450 membres du secteur, représente l'ensemble des filières énergies renouvelables en France. Depuis quatre ans, le syndicat est structuré en représentations régionales.