La saison touristique hivernale encourageante
La saison touristique hivernale marque un retour aux niveaux d’avant crise, d’après Bercy. Pour la suite, les investissements du secteur, permis par les dispositifs de soutien gouvernementaux, seront certainement indispensables dans un contexte de vive concurrence internationale, notamment espagnole.
Retour progressif aux niveaux d’avant crise : tel est le bilan de la saison touristique hivernale dressé par Bercy, le 27 mars dernier. Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme et Caroline Leboucher, directrice générale d’Atout France, organisme chargé de promouvoir le tourisme dans l’Hexagone, ont dévoilé des résultats qui se révèlent plutôt positifs sur les plans économique et sociétal. En effet, cet hiver les professionnels de l’hôtellerie ont vu leur niveau d’activité remonter. Et au cours de cette même période, les Français ont été plus nombreux à être partis en vacances qu’en 2019, même si les chiffres restent bas (27% contre 25%).
Pour l’essentiel, ces vacanciers ont privilégié l’Hexagone. Ils se partagent de manière assez équilibré entre ceux qui sont restés dans leur propre région et ceux qui en sont sortis. Par type de destination, celles urbaines figurent en tête des favorites (36% de vacanciers), suivies de la montagne (27%), du littoral (21%) et de la campagne (20%). Résultat – pour partie au moins - de cette appétence des Français pour les vacances de proximité, l’hôtellerie a atteint un taux d’occupation de 58,1% au niveau national, une performance en croissance de + 8,3% par rapport à l’an dernier, d’après l’enquête MKG.
Au total, cela représente 67 millions de nuitées des Français sur le territoire national, selon la mesure du dispositif Flux Vision Tourisme Orange/ADN Tourisme. Dans ce cadre, Paris a retrouvé des niveaux d’occupation d’avant crise : clientèle de loisirs internationale et tourisme d’affaires sont revenus. Par exemple, la dernière édition du Salon international de l’agriculture a attiré de très nombreux visiteurs. Ailleurs en France, les destinations du littoral ont également connu un afflux de visiteurs non négligeable. En février, certains hébergements hôteliers ont connu des taux d’occupation supérieurs à ceux de 2019, notamment sur les littoraux breton et méditerranéen.
Hauts et bas pour la montagne
La montagne, elle, a vécu une saison hivernale contrastée. Chronologiquement, la période de Noël a pâti d’un manque d’enneigement et d’un calendrier compliqué, alors que les vacances d’hiver de février ont été plus favorables. Durant cette dernière période, l’hébergement de montagne a connu des taux d’occupation proches de ceux de 2019, notamment dans les Alpes du Nord et les Pyrénées. Par ailleurs, au-delà de la chronologie, les taux d’occupation ont aussi varié selon les lieux. En particulier, des stations où la neige a fait défaut ont vu leur taux décroître de 5 à 6 points, par rapport à l’an dernier. Du point de vue des clientèles, la fréquentation touristique en montagne a été assurée par celle domestique, restée solide, à laquelle s’est ajouté un retour significatif des vacanciers internationaux, d’après l’Observatoire national des stations de montagne. Parmi les clients étrangers, les Britanniques demeurent nombreux, en dépit du Brexit. Et cet hiver, leur fréquentation a fortement augmenté par rapport à l’an dernier. Le niveau de celle des Américains est restée constante. A contrario, la nouveauté de l’hiver réside dans l’émergence des clientèles venues de l’Europe de l’Est.
Pour la suite, les prévisions pour la montagne sont encore incertaines. Pour la période qui s’étend de début mars à début avril, le taux d’occupation prévisionnel se hisse à 48% pour l’ensemble des hébergements touristiques. Les deux premières semaines s’annoncent comme étant les plus prometteuses, avec respectivement 69% et 60% de taux d’occupation prévisionnel. En revanche, pour les vacances de printemps, les taux de réservations sont pour l’instant en repli.
Indispensables investissements
Bercy a également présenté une évaluation des investissements touristiques en 2022, en France. Ils atteignent 18,6 milliards d’euros, en hausse de 4% par rapport à 2019. Mais pour l’essentiel, c’est l’inflation qui explique cette croissance. En volume, ces investissements restent d’un niveau comparable à ceux de 2019. Par catégorie, ils sont avant tout le fait des hébergements dans l’hôtellerie de plein air (+24%), des équipements culturels (+14%) et du cyclotourisme (+34%).
Le niveau de ces investissements est étroitement corrélé aux dispositifs publics de soutien à l’économie, et au secteur du tourisme en particulier, depuis la crise. Et le gouvernement promet de poursuivre son accompagnement, notamment via Atout France. En mars, ce dernier a notamment organisé la 16e édition du salon « Rendez-vous en France », à Paris, qui a réuni quelque 800 voyagistes internationaux. Et début avril, La campagne #ExploreFrance 2023 (dotée d’un budget de 10 millions d’euros) s’adressera aux touristes américains et canadiens ainsi qu’européens. Ces derniers citent la France comme première destination lorsqu’ils souhaitent voyager - devant l’Italie et l’Espagne - selon le dernier baromètre de l’European Travel Commission (ETC).
Toutefois, certains pays rentabilisent leur activité touristique mieux que d’autres : en 2022, la France affiche 57,9 milliards d’euros de recettes, en matière de tourisme international, en hausse de 1,2 milliard d'euros par rapport au niveau de 2019. Mais c’est l’Espagne qui, traditionnellement, remporte le leadership européen des recettes : l’an dernier, elles se sont élevées à 69 milliards d’euros. Pour 2023, la France attend le retour des touristes asiatiques, qui, en 2022, ont été un tiers moins nombreux qu’en 2019. Et aussi, la Coupe du monde de rugby qui devrait attirer de nombreux visiteurs internationaux.