La santé à l’heure des nouvelles technologies

Développement de l’e-santé, création d’un centre de pédagogie active au CHU d’Amiens, formation des acteurs biomédicaux à l’UTC de Compiègne et à l’UPJV… La Picardie a su appréhender l’incursion des nouvelles technologies dans le secteur de la santé.

Démonstration de téléconsultation au sein du GCS e-santé.
Démonstration de téléconsultation au sein du GCS e-santé.
Le CPA SimUSanté intègrera le CHU fin 2015 dans des locaux de 3 600 m² où seront reproduits, en plus des installations actuelles, un bloc opératoire et une pharmacie.

Le CPA SimUSanté intègrera le CHU fin 2015 dans des locaux de 3 600 m² où seront reproduits, en plus des installations actuelles, un bloc opératoire et une pharmacie.

Avec l’arrivée des nouvelles technologies, bon nombre de domaines ont vu leurs méthodes de travail bouleverser et évoluer à une rapidité déconcertante.

Si le monde de la santé n’a pas immédiatement bénéficié de cette “digitalisation massive”, le secteur n’a cependant pas échappé à la mutation des procédés, d’abord sur l’élaboration de techniques de pointe, mais également sur la pratique quotidienne de la santé.

En témoigne le développement de la télésanté qui représente actuellement un marché de 250 millions d’euros et de la télémédecine (entre 80 et 140 millions d’euros). La région Picardie a su pleinement se saisir de ces changements provoqués par les nouvelles technologies, notamment en raison d’une démographie médicale quelque peu singulière.

L’e-santé s’est particulièrement bien développée sur le territoire (voir encadré) et la région est également précurseur sur le Dossier médical personnel (DMP), dossier numérique qui rassemble toutes les informations nécessaires au suivi d’un patient. En 2013, la Picardie comptait 34 établissements et 1 150 professionnels de santé impliqués dans le DMP avec près de 70 000 patients possédant un DMP. Ces nouvelles technologies participent également pleinement au décloisonnement entre hôpital, structures médico-sociales et médecine libérale, grâce notamment à un transfert de compétences et une approche transversale de la santé.

Réinventer la formation C’est d’ailleurs dans cette optique qu’a été créé le Centre de pédagogie active (CPA) SimUsanté à Amiens. Structure unique dans l’Hexagone, celle-ci développe une approche interprofessionnelle en formation initiale et continue au travers d’une reconstitution d’un environnement de soins. « Ce projet est né d’un travail commun, interprofessionnel, intergénérationnel, et interdisciplinaire. Le CPA SimUsanté n’est pas réservé au CHU, il est au contraire ouvert à l’ensemble des professionnels de santé et même aux patients », explique le Professeur Christine Ammirati, Coordinatrice scientifique et pédagogique à l’initiative du projet. « Il y avait un vrai besoin de travailler de façon collaborative, d’apprendre ensemble », ajoute Béatrice Jamault, coordinatrice pédagogique également porteuse du programme. Labellisé Initiative d’excellence, le CPA, provisoirement installé sur le site de l’hôpital nord, comprend des installations de pointe comme du matériel permettant de réaliser endoscopies, échographies, traitement d’images numériques médicales, mais aussi des mannequins “hautes fidélités” qui réagissent aux soins pratiqués.

L’espace de 800 m² héberge également la reproduction d’un logement (Simulogis) qui complète l’offre d’apprentissage par une meilleure connaissance des soins à domicile. « SimUsanté permet un transfert de compétences mais aussi une actualisation des connaissances des professionnels de santé, la structure entraîne un véritable échange », note Béatrice Jamault.

« Les nouvelles technologies permettent de réinventer la formation et d’assurer une sécurité et une qualité de soins aux patients, mais elles ne font pas tout », souligne d’ailleurs le Professeur Ammirati. L’année dernière le site a accueilli 943 personnes.

L’Oise mise sur la télémédecine

Démonstration de téléconsultation au sein du GCS e-santé.

Démonstration de téléconsultation au sein du GCS e-santé.

Avec une première téléconsultation entre l’hôpital de Chaumont et l’hôpital de Beauvais en 2011, grâce à la plate-forme de Coopération médicale innovante en e-santé (COMEDI-e), le département de l’Oise est pleinement entré dans l’ère de la télémédecine, pratique qui consiste à réaliser des prestations de santé à distance et qui comprend 5 actes différents  : la téléconsultation, la télé-expertise, la téléassistance, la télésurveillance et l’action médicale d’urgence. «  Pour une téléconsultation nous sommes en présence d’un système de visioconférence de très bonne qualité afin de reproduire au mieux le colloque singulier entre le médecin et son patient  », explique Sylvain Gallet, directeur des projets au sein du GCS e-santé chargé du déploiement et de la dynamisation des usages de la télémédecine. « Nous sommes aussi amenés à déployer et utiliser en fonction des spécialités, des outils biomédicaux afin de permettre au médecin d’avoir tous les éléments cliniques du patient », ajoute-t-il. Vient s’ajouter à cela l’aspect fonctionnel et le partage de l’information, puisque pour une téléconsultation il faut pouvoir partager le contexte clinique du patient. C’est dans cette optique qu’a été créée la plate-forme COMEDI-e qui permet, grâce à un dossier de télémédecine, à la structure demandeuse de préciser les éléments administratifs du patient, cliniques (antécédents médicaux) et tout document permettant une meilleure prise en charge (résultat de biologie, radiologie, compte rendu d’hospitalisation..). Aujourd’hui, une trentaine d’établissements réalisent ce type de consultations, et depuis 2012, les détenus de la maison d’arrêt de Beauvais ont également accès à ce service. « Le monde de la santé avait il y encore quelques années pris beaucoup de retard sur les nouvelles technologies. Depuis maintenant cinq/ six ans il refait son retard, voire même il prend de l’avance. Mais si l’objectif est de continuer à déployer ces technologies, tout projet de télémédecine répond à un projet médical », note Sylvain Gallet qui souligne également la nécessité de redistribuer les cartes de façon équitable en matière d’offre de soins. « À partir du moment où l’on continuera à avoir des zones où l’offre de soins est limitée, il faudra apporter une réponse et elle ne pourra être apportée que par des médecins », conclut-il.