Œnologie
La vigne reprend pied dans le Valois isarien
Très présente au Moyen Âge, la vigne a presque totalement disparu des terres de l’Oise. À Montépilloy, une famille d’agriculteurs veut la réimplanter. Une démarche de diversification, mais aussi de préservation d’une tradition.
Élisabeth et Arnaud Roland sont agriculteurs. Ils seront bientôt vignerons. Producteurs de grains (blé, orge, tournesol, colza) et de pommes de terre à Montépilloy, ils souhaitent implanter dès le printemps prochain 2 hectares de vignes, soit 8 000 pieds, et créer un chai. Une originalité qui n’a rien d’une expérience farfelue. « La vigne a très longtemps été très présente dans la région, assure Arnaud Roland. Dans chaque commune, il y avait au moins une parcelle de vigne. » Des traces subsistent de ce passé viticole. Ainsi, à Montépilloy, une parcelle reste aujourd’hui nommée "Les vignes au prieur". Des associations font d’ailleurs vivre cette histoire dans plusieurs villages de l’Oise.
Un projet œnotouristique
Mais au-delà de ce regard sur le passé, le couple d’agriculteurs envisage surtout ce projet dans une dynamique professionnelle. C’est un moyen pour eux de diversifier leur activité : une ligne qu’ils suivent de longue date sur leur exploitation. Ils ont ainsi été parmi les premiers sur le territoire à tenir un magasin de produits fermiers, à la fin des années 90, alors qu’ils vendaient, en direct, des volailles. Des activités abandonnées au profit de la production de fraises non irriguées, elle-même stoppée l’an dernier, à la suite de deux années de sécheresse.
La vigne est alors apparue comme une aventure intéressante. Élisabeth Roland tient en effet des chambres d’hôtes et propose à ses hôtes une visite du château de Montépilloy. Greffer à ce parcours un produit de la vigne correspond bien à une offre œnotouristique, plutôt à la mode. « Les gens recherchent aujourd’hui des produits locaux mais aussi à découvrir un savoir-faire », constate l’agricultrice.
Pour pousser la logique jusqu’au bout, la famille Roland a choisi une conduite en agriculture biologique. « Nous avons voulu suivre la tendance actuelle de la consommation, en proposant un vin blanc bio », souligne Arnaud Roland. Le choix s’est ainsi porté sur un cépage de l’association Piwi, créé par croisement entre un Cabernet sauvignon et un Bronner, et qui présente l’avantage d’être naturellement résistant à deux maladies communes de la vigne : le mildiou et l’oïdium.
Un projet familial
Les plants sont aujourd’hui commandés. En attendant leur plantation (à la main) en avril 2022, sur une belle parcelle limono-sableuse orientée plein sud, le chef d’exploitation se forme à la culture de la vigne. Il bénéficie pour cela de l’aide de la chambre d’Agriculture de l’Oise et du syndicat des vignerons d’Île-de-France.
En parallèle, leur fille, Louise, se prépare à prendre le destin du chai en main, en suivant un BTS en alternance. C’est elle qui deviendra maîtresse de chai et assurera, avec le soutien d’un œnologue, le bon élevage du vin. Louise Roland est d’ailleurs la cheffe d’orchestre de la communication, lancée il y a quelques semaines, autour, notamment, d’un financement participatif sur la très agricole plateforme Miimosa. L’acquisition des cuves et équipements suivra... en attendant patiemment les premières vendanges (également à la main) prévues en 2025. Et, après quelques mois, alors seulement la dégustation...