L’AVENIR DES COMMUNES AU COEUR DU DÉBAT
Près de 300 personnes étaient présentes au Congrès des maires de la Somme qui s’est déroulé le 16 mars à Mégacité Amiens. Cette année encore, c’est l’inquiétude qui règne chez les maires du département, avec une question de fond : “Quel est l’avenir de la commune, dernier service public universel de proximité ?”
Le président de l’AMF80 Jean-Claude Billot a donné le ton : « Nous sommes tous inquiets du devenir de nos collectivités au vu de ce que le gouvernement nous impose depuis des mois. » Avec un regret : « Les collectivités font l’objet de décisions prises par le gouvernement sans concertation préalable, et qui finissent par être préjudiciables aux territoires et aux administrés. » Et de citer les modifications des conditions d’instruction des cartes nationales d’identité, les diminutions des dotations et des contrats aidés, les difficultés d’obtention des autorisations de construire en milieu rural, sans oublier la suppression progressive de la taxe d’habitation. « Nous sommes déterminés à construire une véritable République décentralisée forte et vivante avec l’État mais il faut pour cela être considérés comme des alliés et non comme des exécutants de décisions gouvernementales », a déclaré Jean-Claude Billot.
UN CONTEXTE DIFFICILE
Difficile pour le secrétaire général de l’Association des maires de France et président du Conseil supérieur de la Fonction publique territoriale Philippe Laurent d’être plus rassurant : « Depuis une dizaine d’années, on assiste progressivement à une réduction de la volonté de laisser l’autonomie aux collectivités territoriales, et de leur laisser les capacités à développer leur territoire et les services publics auprès de la population. Un des prétextes, sérieux évidemment, c’est la situation des dépenses publiques du pays. Mais la dette des collectivités territoriales représente seulement 9% de la dette publique et la dette des communes (qui investissent plus de 20 milliards d’euros par an) 4% de la dette publique. Ces dernières ne sont évidemment pas les principales responsables de la situation difficile des finances publiques. Il faut aussi mettre les responsabilités là où elles le sont. » Si Philippe Laurent a loué les avancées dues à la décentralisation, qu’il défend, il en a aussi pointé les failles : « Nous pensions que l’idée dé- centralisatrice était acquise, et ce n’était pas le cas. Il y a depuis plusieurs années ce sentiment d’un manque d’écoute de plus en plus important, de critiques extrêmement dures vis à vis de la gestion territoriale. Nous sommes dans un contexte difficile, fruit des réformes complexes du précédent quinquennat. La fusion des intercommunalités et des transferts de compétences sont eux aussi difficiles, aujourd’hui, des communautés de communes rendent des compétences de proximité aux communes. On est allé trop loin… » Et pour répondre à la question centrale de la conférence, Philippe Laurent a livré son analyse : « Nous sommes je pense parvenus à une forme de limite entre le maintien de la commune et sa disparition. Nous n’y sommes pas encore, le signe ce serait évidemment l’élection des intercommunalités au suffrage universel. Nous sommes dans ce basculement. » Les inquiétudes des maires sont certes légitimes, mais comme l’a rappelé Jean-Claude Billot : « Nous avons encore des recours, à nous de savoir les utiliser et de les mettre en valeur. C’est plus par la démonstration des services apportés à la population qu’on assurera la survie de nos communes et que l’on démontrera notre efficacité. » Le président du Département Laurant Somon et le préfet de la Somme Philippe de Mester ont de leur côté évoqué l’importance de travailler dans un esprit de co-construction en privilégiant le dialogue. Le préfet a au passage rappelé une des annonces du gouvernement : « Il n’y aura pas de nouvelles grandes réformes territoriales et donc pas de nouvelles modifications de la carte intercommunale imposées. »