Le cheval de trait fait son retour au service des collectivités

Plusieurs acteurs de la filière équine des Hauts-de-France et de Belgique travaillent en collaboration pour proposer aux collectivités des deux côtés de la frontière des chantiers hippomobiles. Objectif : favoriser la mobilité douce tout en participant à la sauvegarde des chevaux de trait.


Le cheval de trait est également un outil d'attraction touristique. (c)AdobeStock
Le cheval de trait est également un outil d'attraction touristique. (c)AdobeStock

Délaissé au moment de l'industrialisation et de la fermeture des mines, le cheval de trait fait son retour depuis plusieurs années dans le Nord de la France grâce au travail des acteurs de la filière qui s'investissent pour en assurer la sauvegarde et en faire la promotion. C'est notamment le cas d'Eqwos, cluster équin créé en 2018 pour faire de la zone France-Flandres-Wallonie un territoire leader en Europe. « Jusque là son principal débouché était la boucherie. Or le cheval de trait du Nord est un travailleur et un tractionnaire hors pair grâce à sa puissance et son calme si caractéristiques », indique Léa Befve, chargée de mission au Syndicat d'élevage du cheval trait du Nord.

Créer du lien social

Des qualités qui séduisent de plus en plus de collectivités en quête de moyens de transports plus doux et respectueux de l'environnement. C'est le cas de Sainghin-en-Mélantois (Nord) qui a expérimenté le ramassage scolaire en calèche dans son école publique et son école privée. « Il y a un engagement fort de l'équipe municipale en faveur de la mobilité douce. Comme notre commune est traversée par deux axes routiers importants avec une grande exposition au flux des voitures, la population est sensibilisée à ces questions », explique Florence Osselin, conseillère déléguée à l'environnement et à la transition écologique de Sainghin-en-Mélantois, qui se dit prête à organiser de nouvelles opérations. « Tout le monde a été emballé, aussi bien bien du côté des parents que des directrices d'écoles. La calèche représente un moyen de locomotion serein et secure qui permet en plus d'atténuer les nuisances sonores tout en créant du lien social et en mettant de la vie dans le village », se félicite l'élue.

Réduire la pollution

Transport de personnes, opérations de surveillance, collecte de déchets, de sapins, de verre, débardage, entretien des espaces verts, des voiries, arrosage... les nouveaux débouchés du cheval de trait sont nombreux et présentent une multitude d'avantages, comme l'explique Christèle Wagner, adjointe à la directrice à l'Institut français du cheval et de l'équitation : « Concernant les travaux d'entretien, le cheval présente l'avantage de pouvoir passer dans des endroits inaccessibles à certains véhicules. En ce qui concerne le maraîchage et l'agriculture, notamment dans les vignes, il permet une action plus précise et respectueuse du sol, en adéquation avec l'essor du bio. De manière plus générale, c'est un formidable outil de développement durable, un atout pour le tourisme, un créateur de lien social et un réel service rendu aux communes ».

Sauvegarder la race

Outre ces avantages, les chantiers hippomobiles permettent surtout de valoriser et de faire perdurer deux races de chevaux emblématiques du patrimoine régional, le cheval de trait du Nord et le Boulonnais, qui s'étaient essoufflées au cours des dernières décennies, avec seulement 68 naissances en 2020 pour le premier. « On les utilise même dans des expérimentations de médiation et d'insertion, comme c'est le cas à Beauvais où des stages d'une semaine sont proposés à des jeunes qui souhaitent se former au débardage. Dans l'événementiel, au moment des fêtes locales, de Noël et du Carnaval, les calèches ont également toute leur place », ajoute Christèle Wagner.

Dans les vignes, le cheval de trait offre un travail précis et respectueux du sol. (c)AdobeStock

Considéré comme un véhicule classique, l'attelage ne requiert ni diplôme ni permis spécifiques. « Il nécessite toutefois quelques compétences. C'est pourquoi je conseille aux collectivités intéressées de bien étudier la faisabilité technique, juridique et économique de leur projet avant de se lancer. L'idéal, c'est de recourir à un prestataire pour éviter les investissements trop importants », précise la spécialiste, qui travaille avec les autres acteurs de la filière à la mise en place d'une plate-forme d'équiressources pour référencer les prestataires régionaux, principalement situés dans la partie Nord-pas-de-Calais. « Et pourquoi pas investir dans une calèche avec plusieurs villages voisins ? », suggère Florence Osselin. En tout cas, la période semble propice pour les collectivités car la Région apporte actuellement son aide sous la forme d'un appel à projets.