Le commerce coopératif, modèle d'avenir ?
Avec 20 ans de croissance ininterrompue, le commerce coopératif , qui représente 30% du commerce de détail, a atteint les 163 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2021. Avec une implantation territoriale prometteuse.
Pas de casse. Début mai, lors d'une conférence de presse en ligne, la FCA, qui réunit les acteurs du commerce de détail organisés en coopératives ou en groupements d’indépendants, a présenté les dernières évolutions du secteur : en 2021, il a crû de 4,5%, pour atteindre 163 milliards d'euros de chiffre d'affaires, après une croissance de 2% l'année précédente. En 2021, 218 points de vente ont été ouverts et 7 000 emplois créés. « Nous avons très bien passé le cap », se félicite Jean-Pierre Dry, président de la Fédération du commerce coopératif et associé (FCA).
Auparavant, durant la crise, PGE aidant, « nous n'avons pas connu de fermetures majeures », précise-t-il. Au total, le secteur représente 30% du commerce de détail. Il regroupe 31 458 entrepreneurs associés, qui, pour l'essentiel détiennent entre un et trois points de vente, plus de 100 groupements, 178 enseignes et 50 256 points de vente. Et il emploie près de 600 000 personnes. Autre caractéristique, ses entreprises sont actives dans l'ensemble des secteurs du commerce de détail : l'alimentation principalement (69% du chiffre d'affaires du secteur), mais aussi la culture, la pharmacie, les loisirs, les équipements de la personne... Pour Jean-Pierre Dry, le commerce coopératif a fait la preuve que son modèle était « résilient ». « La progression est non négligeable dans les circonstances actuelles », estime-t-il. Partant, « pour la vingtième
année consécutive, nous connaissons une croissance supérieure au commerce de détail. (…) La croissance est identique ou supérieure à celle du marché », souligne Alexandra Bouthelier, déléguée générale de la FCA. Les chiffres fournis par celle-ci montrent, en effet, un différentiel entre les deux modèles.
Par exemple, pour l'optique audioprothèse, les commerces coopératifs ont connu une croissance de 14% en 2021 (après -0,8% en 2020) dans un marché qui a plafonné à +13%. Autre exemple, celui de l'entretien et réparation de véhicules, où le commerce coopératif a connu une croissance de 15% (après -7%), soit trois points de plus que l'ensemble du marché. Pour les sports et loisirs, les commerçants coopératifs affichent une performance équivalente à celle de l'ensemble du marché (+18%), après avoir diminué de 5% l'année précédente. La parfumerie accorde un léger avantage aux premiers (9,5% de croissance, contre +9% au global).
L'avenir dans les petites villes
Par ailleurs, si le commerce coopératif n'échappe pas aux difficultés actuelles, certaines dynamiques laissent entrevoir des possibilités spécifiques de développement, selon la FCA. D'après un sondage qu'elle a mené, en décembre 2021, auprès de ses dirigeants, ces derniers étaient plutôt confiants dans l'avenir. Près du quart estimaient que leur chiffre d'affaires allait croître de plus de 5% en 2022, et 36% de 2 à 5% . Depuis, « trois sujets d'inquiétude viennent noircir le tableau qui était optimiste », complète Jean-Pierre Dry. Tout d'abord, « l'ensemble des entreprises connaissent de grandes difficultés de recrutement, quel que soit le niveau de qualification et le type d'activité. Le problème est récurrent depuis quelques années, mais il est encore plus sensible depuis plusieurs mois ». Deuxième sujet de préoccupation, « les délais et les difficultés d'approvisionnement », poursuit Jean-Pierre Dry. Dernier point, enfin, l'inflation, qui touche déjà le jouet (+ 7%), l'optique (+2 à 3%), ou encore la bijouterie, impactée par l'explosion du prix de l'or.
Pour autant, pour le président de la FCA, les évolutions récentes montrent une adéquation entre les spécificités de l'époque et les caractéristiques des commerçants coopératifs. La crise a montré la « puissance des réseaux intégrés (..). Le modèle permet de s'organiser rapidement. Par exemple, nous avons développé assez vite le click and collect », illustre Jean-Pierre Dry. Par ailleurs, la pandémie a révélé combien « le commerçant était indispensable dans la vie quotidienne de la population », ajoute-t-il, évoquant le rôle social de ces commerces à l'implantation territoriale particulière.
Historiquement, en effet le commerce coopératif s'est établi « partout en région, et moins dans les métropoles (…) Cela dynamise encore davantage nos points de ventes », précise Alexandra Bouthelier. Exemple : l'enseigne Les Mousquetaires dispose d'un point de vente tous les 17 kilomètres en France. Depuis quelques années, un commerce alimentaire s'est développé aussi à Paris, car un modèle économique a été trouvé. Toutefois, pour l'essentiel, à l'heure où, après l'époque de la métropolisation à outrance, se dessine une autre organisation du territoire, fruit de tendances sociétales nouvelles, « nous sommes au bon endroit au bon moment », conclut Alexandra Bouthelier.