Le confinement a affecté davantage les plus fragiles
Les Français n’étaient pas égaux face au confinement mis en place pour enrayer la propagation de la Covid-19. 30% des personnes aux revenus modestes ont vu leur situation financière se dégrader, contre 11% seulement pour les plus aisés, selon l’Insee. Les femmes en ont également souffert davantage que les hommes.
Le confinement révélateur des inégalités sociales et entre hommes et femmes. C’est ce qui ressort d’un récent focus de l’Insee, publié le 19 juin. L’institut de statistique a interrogé 1 600 personnes de 15 ans ou plus (une semaine avant et après le confinement), afin de connaître leur ressenti sur cette période tellement particulière. Sur une échelle de 0 (pas du tout pénible) à 10 (extrêmement pénible), 27% des sondés ont fourni une note supérieure ou égale à 7. Ce taux monte à 37% pour les plus modestes, mais baisse à 17% pour les plus aisés.
Les travailleurs modestes, les plus touchés
Le travail a fortement été impacté par le confinement. Un tiers des personnes ayant un emploi ont ainsi subi une restriction d’activité, susceptible d’amputer leurs revenus. 27% d’entre eux ont en effet connu une période de chômage technique ou partiel, 8% ont dû passer par un arrêt de travail ou une autorisation spéciale d’absence pour garde d’enfant, tandis que 20% ont été contraints de poser des congés obligatoires pendant cette période.
Et les situations diffèrent selon les catégories d’actifs : ce sont les ouvriers (43%) qui ont été les plus concernés par au moins l’une de ces restrictions, suivis par les cadres et les professions intermédiaires (34%). Les employés ont pour leur part été moins touchés par les baisses de salaire, et ce à hauteur de 32%.
Plus de télétravail pour les cadres
La réorganisation des modes de travail a renforcé les inégalités et en a même créé de nouvelles entre les différentes catégories socioprofessionnelles. Si au total, 34% des sondés ont travaillé de chez eux, contre 35% sur site, ce sont principalement les cadres et les professions intermédiaires qui ont pu poursuivre leur activité à distance : 58% d’entre eux ont en effet pratiqué le télétravail, contre 20% pour les employés et 2% seulement pour les ouvriers.
À l’inverse, les personnes occupant des emplois plus modestes ont davantage continué à se rendre sur leur lieu de travail (les ouvriers à 53% et les employés à 41%). Ils ne sont toutefois pas les seuls dans ce cas de figure, puisque 40% des agriculteurs, des chefs d’entreprise et des indépendants ont également dû se déplacer pour exercer leur activité. De manière globale, l’étude confirme que le niveau de vie a une influence directe sur le télétravail. C’est ainsi que seulement 21% des personnes les plus modestes ont été concernées, contre 53% des plus aisés.
Double journée pour les femmes
Le confinement n’aura pas fait basculer les lignes sur le front des inégalités hommes/ femmes. La prise en charge des enfants a été surtout assurée par les femmes. 83% des mères ont consacré plus de quatre heures par jour à leurs enfants pendant le confinement (contre 57% des pères). Celles-ci ont été deux fois plus nombreuses que les pères à renoncer à travailler pour garder les enfants (21%, contre 12%). Parmi les femmes en emploi, 45% ont eu l’impression de faire une “double journée”, professionnelle et domestique.
Par ailleurs, les femmes ont été plus affectées par le confinement. À ce propos, elles ont exprimé un « sentiment de pénibilité » légèrement plus marqué que les hommes. Et cet écart de perception se creuse lorsque le couple a des enfants.
Difficultés pour assurer le suivi scolaire des enfants
Sans surprise, une nette corrélation entre le suivi scolaire des enfants et le niveau de vie a été également constatée par l’Insee. Ainsi, près de la moitié des personnes les plus modestes ont éprouvé des difficultés à gérer la scolarité depuis la maison. Tandis qu’un quart seulement des plus aisés étaient dans la même situation délicate.
Au final, le niveau de vie, la catégorie socioprofessionnelle ou le genre ont eu un impact direct sur la pénibilité de la période de confinement. Les résultats de l’étude de l’Insee confirment le constat que ce sont les plus fragiles qui souffrent le plus en temps de crise.
Jihane MANDLI et B.L