Recensement
Le covid pèse sur la démographie
L’épidémie se lit désormais dans les statistiques. L’Insee révèle une hausse de la mortalité en 2020, combinée à une baisse de l’espérance de vie et à un recul historique du nombre de mariages. Toutefois, ces chiffres confirment des tendances déjà à l’œuvre les années précédentes.
Moins de naissances, plus de décès, une espérance de vie en baisse, moins de mariages. L’épidémie qui sévit depuis un an se lit dans les statistiques démographiques publiées par l’Insee, le 19 janvier. La population française continue cependant d’augmenter, s’établissant à 67,42 millions d’habitants fin novembre 2020, contre 67,29 millions fin 2019. Cette population se répartit entre 65,2 millions de personnes vivant dans l’Hexagone et 2,2 millions dans les départements d’Outre-mer.
Les deux courbes démographiques, celle des naissances et celle des décès, se rapprochent, et ce n’est pas une tendance nouvelle, même si elle est accentuée par le covid. Ces dernières décennies, le nombre de décès a régulièrement progressé, passant d’environ 550 000 par an, jusqu’au milieu des années 2000, à plus de 600 000 à partir de 2017, reflet du baby-boom de l’après-guerre. En 2020, 658 000 décès ont été enregistrés, « soit 7,3% de plus qu’en 2019 », observe l’Institut des statistiques. À l’inverse, les naissances, après le « boom de l’an 2000 » qui a duré dix ans, connaissent une décrue régulière depuis 2010. « 740 000 bébés sont nés en France en 2020, 13 000 de moins qu’en 2019 ». Cette baisse qui semblait se stabiliser en 2019, s’est légèrement accentuée l’année qui vient de s’écouler. L’impact de la pandémie sur la natalité demeure toutefois limité, puisque la quasi-totalité des naissances de 2020 correspond à des conceptions intervenues avant le mois de mars.
En toute logique, le taux de fécondité baisse également, après un pic à 2,03 enfants par femme en 2010. En 2020, il s’établit à 1,84 enfant, mais l’Insee souligne que « la France demeure le pays le plus fécond de l’UE, devant la Suède, la Roumanie et l’Irlande ». Les pays méditerranéens, en particulier l’Italie, l’Espagne ou Malte, font très peu d’enfants, tandis que l’Allemagne « qui faisait partie, il y a dix ans, des pays les moins féconds de l’UE, figure désormais dans la moyenne », indiquent les statisticiens.
La population continue de vieillir
En 2020, la mortalité a augmenté partout en Europe, notamment pendant les premières et deuxièmes vagues de l’épidémie. L’Insee relève qu’avec un excédent de mortalité de 28% au printemps, la France s’en sort mieux que l’Espagne (70%), l’Italie (47%), le Royaume-Uni et la Belgique (43%), mais moins bien que l’Allemagne. À l’automne, en tous cas jusqu’à la troisième semaine de novembre, l’excédent de mortalité française (22%) est inférieur à ceux de la Belgique ou de l’Espagne, et supérieur à ceux du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Depuis, la vague épidémique observée dans ces deux pays a pu changer la donne.
Au printemps, le covid a tué « entre 25 000 et 30 000 personnes » en France, bien davantage que la grippe saisonnière de l’hiver précédent, qui avait fait 10 000 victimes, sans mesure sanitaire spécifique. Logiquement, le covid pèse sur l’espérance de vie à la naissance. Celle-ci a reculé en 2020 de 0,4 an pour les femmes (85,2 ans) et 0,5 an pour les hommes (79,2 ans). Ce repli n’est pas une première dans l’histoire contemporaine. En 2015, l’espérance de vie avait également perdu quelques fractions d’année, après « une grippe hivernale très meurtrière », rappelle l’Insee.
Malgré ces tendances, la population française continue de vieillir. « Une personne sur cinq a plus de 65 ans », ont calculé les statisticiens, qui précisent que « cette part augmente depuis plus de 30 ans » et même que « le vieillissement s’accélère depuis le milieu des années 2010 ».
Pour autant, l’heure n’est pas à la fête. La France enregistre en 2020 « une chute historique du nombre des mariages », 148 000 seulement contre 227 000 en 2019. La baisse, qui atteint près de 35%, est plus élevée parmi les couples de même sexe (-50% par rapport à 2019) que parmi les couples de sexe différent (-34%). L’Insee rappelle que « les célébrations de mariages étaient interdites durant le confinement du printemps, puis autorisées, mais avec une stricte limitation du nombre d’invités ». La désaffection pour le mariage s’inscrit toutefois dans une tendance de long terme. On célébrait encore, en 2000, plus de 300 000 unions, soit le double de celles enregistrées en 2020.