Le Département de l'Oise accélère le déploiement de la fibre
Le Département a voté un nouveau pacte pour l'évolution du réseau : depuis le 26 octobre, le syndicat en charge du très haut débit et le Département prennent en charge l'intégralité des travaux des nouvelles installations de la fibre, réduisant ainsi la charge financière des communes. Et d'autres moyens sont mis en œuvre pour les habitants... C'est une nouvelle étape pour le THD dans l'Oise, pour les zones RIP (réseaux d'initiative publique).
Premier
département fibré, l'Oise continue d'être dynamique dans le
déploiement du très haut débit. Avec sa vision de la nécessité
de la fibre pour faire face à la très prochaine fin du réseau
cuivre, le Département anticipe les besoins. « L'objectif est
que la ruralité soit au même niveau que les villes »,
assure Nadège Lefebvre, présidente du Département de l'Oise, très
impliquée dans cette égalité du territoire. À ses côtés, le
SMOTHD (Syndicat mixte Oise très haut débit) accompagne le
déploiement de ce réseau. « Aujourd'hui, nous accélérons le
déploiement. Les problèmes techniques que nous pouvions rencontrer
au début sont résolus, affirme Christophe Dietrich, président
du SMOTHD. Notre partenariat avec les communes et notre
accompagnement sont aussi accélérés avec ce nouveau pacte. »
Les défis pour la collectivité sont multiples. Le Département
passe d'une logique de déploiement industriel (2014-2019) à une
logique d'extension du réseau. Désormais, la manière de
fonctionner change radicalement, avec « des relations
renforcées avec les partenaires et les collectivités »,
note Christophe Dietrich. L'enjeu étant d'intégrer l'installation
de la fibre dans les nouvelles constructions et les divisions de
logements, et ce dès l'étape du permis de construire. « Cela
fait aussi partie du dynamisme du territoire et de notre ruralité,
explique Nadège Lefebvre. Avec notamment le télétravail, il est
important que les nouveaux habitants possèdent un service de
qualité. »
L'accélération de l'utilisation de la fibre ainsi que des travaux
ont bien lieu : alors qu'au quatrième trimestre 2022, 2 313
prises ont été construites sur 4 772 commandées, au troisième
trimestre 2023, 6 555 prises ont été construites, sur 7 898
commandées. L'enjeu reste de taille : aujourd'hui, 650 communes
adhèrent au SMOTHD.
Autonomie financière
Le nouveau pacte de ce grand chantier qu'est la fibre passe aussi par
un financement. C'est là aussi un grand virage. Au début du
déploiement, les communes payaient 90% du prix des travaux de
l'installation de la fibre, car 10% étaient pris en charge par le
SMOTHD. Plus tard, le Département a pris une partie de cette charge
financière, réduisant à 60% la part de participation des communes.
Aujourd'hui, la prise en charge du Département et du SMOTHD est à
100%, soit un total de 3,15 millions d'euros, représentant le coût
au total pour toutes les communes.
Un effort rendu possible par un calcul de solde au plus juste des
marchés de déploiement initial en juin 2023, assurant désormais
une autonomie financière sur ce sujet. « La participation
financière du syndicat est durable puisque permise par les ressources
récurrentes, en particulier des redevances, du syndicat », explique Christophe Dietrich. Nous avons prouvé que le modèle
économique est fiable. » Un déploiement accéléré et
une bulle d'oxygène pour les communes, comme l'affirme Nadège
Lefebvre, qui voient leur finance étriquée, qui plus est dans un
contexte inflationniste (15% d'inflation pour les communes). « Nous
préparons la mise en œuvre d'un plan de résilience, les opérateurs
travaillent à la solidité du réseau », précise le
président de la SMOTHD.
Optimisation et nouveaux enjeux
Désormais accéléré, le déploiement de la fibre nécessite tout
de même un suivi. Alors que 99% de la population en zone RIP,
réseaux d'initiative publique (hors agglomération de Creil,
Beauvais, Compiègne et la commune de Chantilly*) est éligible à la
fibre, 63% de la population (soit 180 000 foyers) y sont raccordés, dont une partie encore connectée via la réseau cuivre. Orange
n'installant plus de réseau cuivre depuis 2022 et prévoyant la fin
de ce réseau en 2030, « le défi est de prévoir les
besoins et notamment ceux des personnes qui ne voient pas l'intérêt
de la fibre ou les personnes âgées qui utilisent le réseau cuivre.
Il faut étudier les cas particuliers pour trouver une solution »,
confie Nadège Lefebvre.
Le Département et le SMOTHD mettent également en place une politique d'optimisation pour les habitants. Un site Web revisité (www.oise-thd.fr) informe les habitants et les élus sur l'état du réseau et assure aussi les prises en charge des demandes. « C'est aussi un bond en avant, note Christophe Dietrich. Nous traitons les demandes en trois mois, dont un mois de délais incompréhensible émanant des opérateurs. » Le syndicat enregistre actuellement 70% des demandes traitées en trois mois, l'enjeu étant d'atteindre 95% en 2024.
* Ces communautés sont en zone AMII, c'est-à-dire une zone dans laquelle un ou plusieurs opérateurs privés ont manifesté leur intérêt pour déployer un réseau en fibre. C'est un choix des communes.