Le e-commerce impacté par la crise
Avec près de 160 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023, le e-commerce a subi l'effet des arbitrages de consommation. 200 000 sites marchands ont vu leur performances baisser de 1,8% sur un an, selon la Fevad. Une étude montre que les cyberacheteurs utilisent le temps gagné en faisant leurs courses en ligne... pour sortir d'Internet.
L'exception
du e-commerce semble avoir vécu. La Fevad, Fédération du
e-commerce
et de
la vente
à distance, présentait le bilan du e-commerce en France en 2023,
lors d'une conférence de presse, le 8 février à Paris. Au total,
le secteur pèse 159,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires en
2023, soit 10,5% de plus que l'année précédente. Mais l'inflation,
qui a dépassé les 4% l'an dernier, est pour beaucoup dans cette
évolution. En effet, la vente de produits en ligne, elle, a
souffert : le chiffre d'affaires d'un panel de 200 000 sites
marchands (selon des données agrégées fournies par des plateformes
sécurisées de paiement en ligne) a baissé de 1,8% sur un an.
Dans
la catégorie des produits, un segment connaît une évolution
positive (en volume) : celui de la
seconde
main. Selon la Fevad, cette tendance pourrait aussi expliquer une
partie de la baisse des ventes de produits neufs et donc, une perte
de chiffre d'affaires. En revanche, les services en ligne ont vu
leurs ventes augmenter de 20% en valeur et de 12% en nombre de
transactions. En particulier, «
les voyages et les loisirs constituent une véritable bouffée
d'oxygène pour les Français »,
note Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. Les sites de
voyages et de tourisme ont vu leur chiffre d'affaires progresser de
13%, et 60% des Français ont acheté un voyage. Au global,
analyse Marc Lolivier, « les
courbes des services et des produits se sont inversées
». Les produits,
qui avaient connu une très forte croissance durant le Covid, ont
ensuite subi une décrue, suivie d'une stabilisation qui perdure à
un niveau au-dessus du seuil pré-covid. « Nous
ne revenons pas en arrière »,
précise Marc Lolivier. A l'inverse, les services qui avaient
souffert durant la crise Covid ont repris leur évolution à la
hausse.
Autre
constat, le e-commerce continue de devenir une pratique toujours plus
banale : 2,35 milliards de transactions ont
été comptabilisées,
soit 4,9 % de plus de l'an dernier. Les cyberacheteurs réalisent 60
achats par an, soit plus d'un par semaine. Pour 2024, les prévisions
de la Fevad restent prudentes. « le
marché va dépendre de la conjoncture économique. Tant que nous
resterons sur un marché marqué par les tensions sur le pouvoir
d'achat et les hausses des dépenses contraintes comme l'énergie,
nous resterons sur ce plateau. Auparavant, le e-commerce passait au
travers des
affres de la conjoncture économique. Ce n'est plus le cas. Le
secteur est devenu mature »,
analyse Marc Lolivier.
Du temps, mais pour quoi faire ?
Les
résultats d'une étude d'Odoxa sur le comportement des
cyberacheteurs et la manière dont ces pratiques font évoluer leur
quotidien ont été aussi dévoilés, lors de la conférence de
presse. Concernant les achats de produits que les Français réalisent
en ligne, ceux concernant la mode et l'habillement arrivent en tête
( 53% des cyberacheteurs), suivis des chaussures et des
produits hygiène-beauté, à égalité (39%). Au niveau des
services, les billets de transports représentent la première
dépense (36% des cyberacheteurs), au même niveau que les séjours
et suivis des billets de spectacle ou musée (31%), puis des services
financiers (27% ).
Quant
aux modalités d'achat, « nous constatons une tendance
intéressante. Le smartphone devance l'ordinateur pour les moins de
50 ans, et au delà de cet âge, c'est l'ordinateur qui reste la
référence », note Céline
Bracq, directrice générale d'Odoxa. Tous âges confondus, 77% des
cyberacheteurs optent pour l'ordinateur, 62% pour le téléphone
mobile. Et près de la moitié utilisent plusieurs écrans. Au
chapitre des modes de paiement, « c'est
le règne de la carte de crédit. (…) Elle est probablement
confortée par les appels à la vigilance des pouvoirs publics sur
les nouveaux modes de paiement »,
explique Céline Bracq. La carte de crédit est en effet utilisée
par plus de huit cyberacheteurs sur 10. Les solutions de paiement
type Paypal par 37% d'entre eux, et les cagnottes, par 6%.
Autre constat de l'étude, 65% des cyberacheteurs estiment que cette pratique a un impact positif sur leur vie. Chez les autres, 26% considèrent que le cybercommerce n'a pas d'impact et 8% qu'il est négatif. Parmi les satisfaits, ils sont plus de huit sur 10 à estimer que cet usage a l'avantage de leur faire économiser du temps. « Ce temps gagné est utilisé pour l'essentiel hors Internet », dévoile Céline Bracq. C'est le cas pour 79% de ces répondants. Ils se consacrent à la famille, aux amis, au bricolage ou aux activités culturelles, 28% utilisent ce temps à d'autres activités en ligne. Et 17% à travailler davantage...