Le pôle national de la TVA pour les commerces en ligne inauguré à Noyon
La commune de Noyon a été choisie par le Gouvernement pour accueillir un des pôles de la DGFIP, le pôle national de la TVA pour les commerces en ligne, dans le cadre de la « démétropolisation » des services de l’État. Si le service est ouvert depuis juillet 2021, Olivier Dussopt, ministre chargé des Comptes publics, est venu inaugurer les nouveaux locaux, désormais installés au centre ville de Noyon... la ville fait partie de la première vague des 20 services délocalisés en province.
Ce guichet unique est désormais
installé à Noyon. Le pôle
national de la TVA pour les commerces en ligne intervient dans le
cadre de l'évolution les règles de taxe sur la valeur ajoutée
(TVA) sur le commerce électronique entre entreprises et
consommateurs depuis le 1er
juillet 2021. De même, le principe général de taxation de la TVA
dans l’État membre de consommation et la lutte contre la fraude à
la TVA sont renforcés, grâce à ce guichet unique TVA. Son rôle ?
Gérer les déclarations et les paiements de la TVA par les
entreprises du commerce en ligne.
La
simplification phare de ce guichet est tout de même non
négligeable : les entreprises inscrites au guichet
français ne sont
plus tenues de s’immatriculer auprès des administrations fiscales
des autres États membres de l'UE pour déclarer et payer la TVA... car c'est
justement ce pôle national qui se charge de redistribuer la TVA due
à chaque État membre. Cette dernière peut-être aussi payée en
ligne. « Le pôle
de Noyon ne se contente pas d'encaisser les impôts, il opère
également des décaissements non négligeables. Il reverse aussi aux
autres États européens la TVA qui leur revient. Réciproquement, il
reçoit d'eux leurs propres reversements. De cette façon, la complexité du partage de la TVA entre les États européens pèse
sur l'administration et non plus sur les entreprises qui bénéficient
ainsi d'un seul interlocuteur fiscal »,
explique Jean-Luc Brenner, directeur de la DGFIP de l'Oise.
Un pôle déjà très sollicité
Et le
pôle, qui ne reçoit pas de public et emploie 20 salariés, est déjà
bien actif : au 31 décembre 2021, 7 107 entreprises françaises
et étrangères ont choisi le pôle de Noyon pour déclarer et payer
l'ensemble de la TVA dont elles sont redevables au sein de l'Union
européenne, au titre des transactions de type « OSS »
(one-stop shop) et
« IOSS » (Import
one-stop shop)
qu'elles réalisent auprès des consommateurs finaux.
Du
côté des transactions financières, en 2021, ce pôle enregistre
un cumul de ses encaissements à hauteur de 978 millions d'euros (827
millions d'euros reversés par les autres guichets européens et 151
millions d'euros reversés par les entreprises). Le cumul ses
décaissements, quant à lui, s’élève à 106 millions d'euros. Au
total, le solde positif de la TVA collectée s'établit à 871 millions
d'euros pour le seconde semestre 2021. «
Ce guichet unique permet d'assujettir la TVA à tous, pour plus de
justesse », note
Olivier Dussopt. « L'objectif
est aussi de développer le e-commence dans l'UE mais aussi de
faciliter et fluidifier les transactions financières »,
complète Olivier Nivielle, chef du pôle national de la TVA à
Noyon.
Lutter contre la fraude fiscale
À
travers cette démarche, la simplification de la TVA est l'objectif
premier de ce pôle mais la lutte contre la fraude représente aussi
un objectif primordial pour les services de l’État. « Les
entreprises inscrites auprès du pôle de Noyon doivent tenir à leur
disposition un registre détaillant leurs prestations ainsi taxées.
Ceci permet l'échange d'informations entre États membres de l'Union
européenne pour mieux lutter contre la lutte fiscales
transfrontalière »,
précise encore le directeur de la DGFIP de l'Oise.
Parmi
les mesures mises en place contre cette fraude, les ventes à
distance de biens situés en dehors de l’UE de moins
de 22 euros ne sont
plus exonérées de TVA, sauf dans les départements et régions
d’Outre-mer (DROM), ce qui permet « de
lutter contre le fractionnement de colis pour échapper à la TVA »,
note Olivier Dussopt, ministre en charge des Comptes publics. Autre
objectif affiché : la concurrence déloyale. « Jusqu’à
présent, les commerçants et e-commerçants de l’Union
européenne(UE)subissaient la concurrence déloyale de certains
vendeurs en ligne implantés hors UE. Ceux-ci profitaient de
dispositifs obsolètes pour échapper au paiement de la TVA »,
précise encore le ministre. Selon le ministère de l’Économie, plus
de cinq milliards d'euros de TVA pourraient être collectés dans
l’UE sur ces transactions qui échappaient jusqu’à présent à
l’impôt.
Un pôle national... en province
L'autre nouveauté
pour ce pôle unique : il est implanté en-dehors de Paris ou
d'une grande métropole. C'est une première pour une service de l’État, tendant à « démétropoliser » ses services. Cet
objectif est très clair pour le ministre des Comptes publics,
convaincu par cette idée. « L'objectif est d'abord de donner
de meilleures conditions de vie à nos agents, qui partent de façon
volontaires là où les services sont implantés, sur la base du
mouvement de la mutation nationale. Pour les autres, ils sont
reclassés, explique-t-il. C'est aussi pour redynamiser les
communes. »
Ce pari est entrepris depuis 2021 et déjà 70 communes en France ont été retenues pour accueillir des services de l’État, représente 2 500 emplois. « Nous étions dans une logique de 2/3 des nominations qui étaient faites à Paris et 1/3 en province, aujourd'hui nous inversons la tendance », complète Olivier Dussopt.
Un projet qui va perdurer dans le sens de cette démétropolisation et dans le sens de simplification des démarches car le ministre a par ailleurs annoncé un nouveau service dédié aux impôts des entreprises en 2024, en province.