Le pont Blaise Pascal, symbole de la réindustrialisation du site Massey Ferguson
À Beauvais, cette infrastructure fluidifie le trafic, réunit les deux sites d'AGCO et a créé plus de 300 emplois au sein de l'entreprise. Une nouvelle ère de l’industrialisation est en route sur le territoire.
Haut de 6 mètres, large de 14 mètres et long de 34 mètres, composé d’une voie de circulation dans chaque sens avec, de part et d’autre, une piste cyclable ainsi qu’un trottoir éclairé, conforme aux normes d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite (PMR)... le pont de l'Avenue Blaise Pascal est architecturalement efficace et représente surtout un vaste projet pour la réindustrialisation de l'entreprise AGCO, un des leader mondiaux dans la conception, la construction et la distribution de solutions agricoles. Ce projet réunit ainsi les sites de production de l'industriel, passant d'un site de 25,5 ha à 54 ha, « permettant d'accompagner la livraison de produits simples, fiables et accessibles pour les agriculteurs qui nourrissent le monde », explique le groupe. Le pont, réalisé par Eiffage, a aussi pour but de séparer le flux des poids lourds du site industriel de celui des 21 000 usagers quotidiens de l'Avenue.
Financée par AGCO, l’Agglomération
du Beauvaisis, le Département de l’Oise, la Région
Hauts-de-France et l’État, cette infrastructure rentre dans la
stratégie Beauvais Rev'Agro, créée fin 2018, visant à favoriser
l'émergence de projets innovants et la création d'entreprises dans
le machinisme agricole, l'agritech et le numérique agricole sur tout
le territoire. Ce projet donne également le top départ, pour
l'Agglomération du Beauvaisis, à la requalification de la Zac de
Ther, dans la cadre du programme « Territoire d'industrie »,
pour lequel l'Agglomération du Beauvaisis est pleinement investie.
Avec cette construction, AGCO a créé 330 nouveaux postes liés à
de nouvelles activités.
« Devenir la maison mondiale Massey Fergusson »
Une nouvelle ère a commencé
il y a trois ans pour AGCO à Beauvais (3 000 salariés) dessinant
un renouveau industriel pour le numéro 3
mondial du machinisme agricole. C'est dans la valeur ajoutée que l'entreprise a décidé de se
démarquer : sur 22 000 m², le site rassemble l'impression 3D,
l'impression 2D, la fabrication de tubes hydrauliques et celle des
réservoirs. Cette nouvelle dimension fait de Beauvais le plus grand
site de fabrication du groupe... un groupe mondial, né en 1990 aux
États-Unis, pesant 2,4 milliards de chiffre d'affaires en 2021.
L'impression
2D et 3D représentent de grands enjeux, l'un économique et l'autre environnemental. La première sert à imprimer les autocollants
et les stickers des tracteurs, à raison de 50 à 70
stickers collés par tracteur... et la capacité totale de production s'élève
à 2,5 millions de pièces. L'impression 3D, quant à elle, est une avancée
majeure mais aussi un pari du groupe. Jusque là, les composants non
visibles étaient fabriqués sur place mais AGCO fabrique désormais
des pièces visibles grâce à cette technique d'impression.
Cette
valeur ajoutée passe aussi par le choix AGCO de la réinternalisation
des composants, qui permettra à l'entreprise de ne plus dépendre
totalement des autres pays. Cette nouvelle stratégie est remarquable
dans sa technicité. Le site Beauvais 4 – Beauvais 1 a été lancé
en 2010 - est robotisé, co-inventé par AGCO et Numalliance, le
concepteur du projet. «
Du groupe, le site est le plus robotisé d'Europe »,
avait précisé Thierry Lhotte, président d'AGCO Beauvais, lors
d'une visite. Car l'ambition d'AGCO repose sur un concept :
l'intégration verticale.
Enjeu de la décarbonation
Le
machinisme agricole ancre les agriculteurs dans un nouveau monde,
plus durable et moins polluant, tout en gardant leur rentabilité. Le
rapport 2022 d'AGCO sur le développement durable montre des progrès
sur ce sujet. Innovant, AGCO fabrique des technologies qui
réduisent fortement, voire éliminent, les émissions des machines
agricoles. Par exemple, les moteurs AGCO Power CORE™ récemment
commercialisés « atteignent
de nouveaux sommets d'efficacité »,
selon le groupe, et sont compatibles avec le diesel renouvelable, ce
qui réduit les émissions de gaz à effet de serre jusqu'à 90%. Le
lancement du tracteur Fendt e100 entièrement électrique est prévu
pour 2024.
Du côté de la décarbonation de ses activités, en 2022, AGCO « a dépassé les objectifs des périmètres 1 et 2 avec trois ans d'avance sur le calendrier », précise le groupe, en réduisant l'intensité des émissions de ses activités de fabrication de 31% par rapport au niveau de référence de 2020.