Industrie
Le « Product as a Service », un modèle moderne et vertueux ?
Nouvelle mode de l’industrie, le «Product as a Service» consiste à vendre un service, plutôt que l’équipement permettant de le réaliser. Pour atteindre son optimum, ce modèle doit toutefois faire appel massivement au numérique.
Comme l’explique l’économiste américain Theodore Levitt, « les gens ne veulent pas acheter une perceuse, ils veulent percer un trou ». Une perceuse permet de percer des trous pendant toute sa durée de vie. Un achat parfois difficile à rentabiliser si l’outil n’est que peu utilisé, ou s’il tombe en panne six mois après la fin de la garantie. Acheter un service de perçage de trou garantit, pour sa part, que le trou sera percé, à prix fixe.
Savoir repenser le produit en service
Dans
l’IT, le cloud a
démocratisé le paiement à l’usage, avec une facturation adaptée
à la consommation réelle du client. Autre avantage, les frais
d’investissement (ou CapEx, capital expenditure) sont
remplacés par des frais d’exploitation (OpEx, operational
expenditure). Et si les besoins viennent à augmenter,
l’opérateur Cloud – disposant de larges ressources –
pourra répondre à la demande, sans délai. Ce concept de
« servitisation » trouve aujourd’hui des débouchés
dans l’industrie.
Citons un exemple bien connu : HP Instant Ink. Le constructeur (Hewlett Packard) propose ici des forfaits mensuels calculés au nombre de pages imprimées. HP se charge de vous envoyer des cartouches avant que les précédentes ne soient vides et collecte les consommables usagés en vue de leur recyclage. Les acteurs de la bureautique reconnaîtront ici le modèle appliqué depuis des décennies aux photocopieurs.Dans l’absolu, tout produit peut se transformer en service… avec un peu d’imagination. Ainsi, Philips propose « Light as a service », un contrat où le client paye pour de l’éclairage et non pas des lampes.
Repenser le cycle de vie des produits
Avec un produit traditionnel, le cycle de vie est simple : conception, production, vente, garantie. Le tout avec une éventuelle prise en compte des retours venant de la maintenance et des clients, lors de la conception de la génération suivante. Le cycle de vie du « Product as a Service » est bien plus complexe : conception, production, distribution, surveillance, facturation de l’usage, maintenance et recyclage. Le suivi du cycle de vie du produit ne s’arrête donc plus aux portes de l’entreprise.
Transformer une voiture en service, c’est simple : c’est ce que font, quotidiennement, les loueurs, qui proposent des véhicules contre un paiement à la journée. Toutefois, la nouvelle dimension numérique du « Product as a Service » transforme ce modèle : un boîtier mesure les kilomètres parcourus, permettant ainsi une facturation précise et en temps réel du client, qui ne paye que lorsqu’il se sert du véhicule. Le recours à l’Internet des Objets et au Cloud est ici nécessaire.
L’analyse du kilométrage, du comportement du conducteur et des conditions d’utilisation du véhicule permet de mettre en place une maintenance proactive, voire prédictive, les interventions étant alors réalisées avant que la panne ne survienne. Des technologies comme l’analytique en mode Big Data, le Machine Learning et les jumeaux numériques entrent alors en jeu. Ces données permettent également d’améliorer en temps réel le produit comme les pièces qu’il utilise, au travers de solutions de PLM (Product Lifecycle Management) de nouvelle génération.
Vers une production plus durable ?
En fin de cycle, le véhicule est récupéré et recyclé directement par le constructeur. Ce dernier a donc tout intérêt à opter pour des matériaux aisément recyclables. Et comme c’est lui aussi qui va prendre en charge la maintenance, il est hors de question de jouer la carte de l’obsolescence programmée : les produits devront être conçus pour durer et être facilement réparables. Le « Product as a Service » pourrait donc aussi devenir un atout dans les secteurs de la production durable et de l’économie circulaire.